Renault et Stellantis suppriment les remises 2021
A quelques jours d’intervalle, les clients professionnels de Renault et de Stellantis ont reçu un courrier similaire leur signifiant qu’il n’était plus possible, vu le contexte actuel, de passer des commandes de véhicules aux conditions négociées pour l’année 2021. Les deux constructeurs tirent ainsi un trait sur les protocoles de remises signés avec leurs clients, sans consultation préalable.
Dans un courrier en date du 29 octobre 2021, que nous nous sommes procurés, Jean-Pierre Mesic, directeur BtoB France de Stellantis, explique que "compte tenu de l’aggravation de la situation et des dernières évolutions, qui affectent lourdement les coûts et la fiabilité des délais de fabrication et de livraison de nos véhicules, nous tenons à vous informer que nous ne sommes plus en mesure de prendre de nouvelles commandes par l’intermédiaire de nos réseaux, aux conditions 2021 actuelles, les productions passant sur 2022 dorénavant".
Flou pour 2022
Les raisons invoquées sont "la pénurie mondiale des semi-conducteurs" et "une forte hausse du coût des matières premières" et "des tensions dans l’approvisionnement". Un cocktail inédit qui impacte l’ensemble des constructeurs automobiles, et ce depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Stellantis assure que ses "équipes et l’ensemble de nos réseaux sont pleinement mobilisés pour limiter dans la mesure du possible l’impact de cette crise".
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Une mobilisation qui passe donc par la remise en cause des accords signés avec les clients, tant chez Renault que Stellantis. Une décision qui se double, dans l’ancienne maison PSA, de l’impossibilité de passer la moindre commande entre le 5 et le 17 novembre "suite au changement d’un système informatique". Il faudra donc attendre le 18 novembre pour réserver des véhicules aux "nouvelles conditions applicables […] à venir".
Autant dire que cette décision des deux constructeurs, "une première" pour Stéphane Montagnon, directeur du pôle consulting d’Holson, ne passe pas auprès des clients concernés. Car les futures conditions, qui ne pas encore connues de manière précise, seront "forcément dégradées par rapport à celles négociées pour 2021" selon lui. Et d’ajouter que "cela préfigure une année 2022 difficile pour les entreprises qui vont voir leurs loyers augmenter mécaniquement". Ces mesures concernent à la fois les voitures particulières et les utilitaires légers, une dernière catégorie où les niveaux de remises atteignent parfois 50 % du prix d’achat.
Opportunité pour la concurrence ?
Brieuc Moskowicz, responsable de la flotte de Derichebourg Multiservices, a d’ores et déjà constaté que ses remises sont en baisse "de 5 à 10 points". Une baisse qui préfigure, selon lui, les conditions pour 2022. Sa première réaction a été de confier le sujet à son service juridique. Une démarche également initiée par plusieurs clients d’Holson. Car une rupture contractuelle unilatérale de cette nature mérite forcément une analyse au regard du droit.
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Le responsable de flotte, qui fustige une "décision prise unilatéralement", a toutefois réussi à négocier avec Renault l’application du protocole 2021 sur tous les véhicules disponibles en stock, et donc déjà produits. Une dérogation plus difficile à obtenir chez Peugeot qui ne dispose pas ou peu de stock.
Brieuc Moskowicz, à l'instar de plusieurs de ses homologues gestionnaires de flotte, s’est également rapproché d’autres constructeurs qui n’ont pas remis en cause leurs protocoles. "Nous allons voir ce qui se passe chez les voisins", avance le responsable. Une réaction compréhensible dont certaines marques ne manqueront pas d’en tirer les bénéfices.
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