Quand la congestion automobile donne des sueurs froides à Paris
Les nouvelles mobilités ont parfois du mal à s’imposer durablement dans le paysage des grands centres urbains. On a ainsi appris en début de semaine que Mobilize (groupe Renault) va mettre un terme à l’aventure de l’autopartage Zity dans la capitale.
Le constructeur avait déjà quelque peu réduit la voilure dans certains arrondissements il y a quelques mois. Là, c’est le clap de fin général à Paris, mais aussi dans les rues de Boulogne-Billancourt, d'Issy-les-Moulineaux et de Vanves, trois villes de banlieue dans lesquelles était déployé le service.
En cause, les incivilités et autres dégradations des véhicules, qui ruinent les espoirs de rentabilité de ces nouveaux services de déplacements. D’autres, avant Renault, avaient déjà essuyé les plâtres et jeté l’éponge, comme Autolib.
Les voitures en autopartage dans les villes ont du mal à trouver leur modèle ; les mobilités alternatives à la voiture telles que les vélos, les trottinettes ou les scooters électriques en libre-service, doivent également parfois manger leur pain noir pour espérer – un jour – savourer leur pain blanc.
Ce retrait de Renault, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la qualité de vie dans la capitale, à quelques mois maintenant de l’ouverture des Jeux Olympiques, qui seront à coup sûr synonyme de "galère" pour les Franciliens, tant dans les transports en commun, que sur la route et dans tous les périmètres de sécurité.
Comme le rappelle Le Parisien dans son édition du 10 janvier 2024, les DRH des entreprises installées en Île-de-France planchent sur leur organisation du travail pendant toute cette période olympique et peaufinent des solutions pour soulager leurs collaborateurs : l’idée d’un télétravail généralisé, comme au plus fort de la crise de la Covid en 2020, fait son chemin chez certaines. Ce n’est pas une aberration puisqu’à l’époque de la crise sanitaire, le pari de faire travailler des collaborateurs entièrement de chez eux avait été gagné.
La circulation dans Paris et plus généralement, dans les grandes villes françaises et mondiales, est un casse-tête pour les autorités des transports et bien sûr pour les habitants, les salariés et les entreprises, avec ou sans JO !
Les dernières statistiques du Tom-Tom Traffic Index, le spécialiste des technologies de géolocalisation, montrent l’ampleur des dégâts : Paris cumule plusieurs records en matière de circulation. La capitale est ainsi la ville dans laquelle la vitesse moyenne sur l’année 2023 a été la plus lente (23 km/h). C’est aussi la ville française la plus embouteillée aux heures de pointe, avec 120 heures perdues par les automobilistes en 2023 dans les bouchons, soit onze heures de plus qu’en 2022.
Enfin, c’est dans les rues parisiennes que le coût du carburant a le plus bondi en raison du trafic (+45 % en un an pour une motorisation essence). Un Parisien se rendant chaque jour aux heures de pointe sur son lieu de travail situé à une distance de dix kilomètres (soit 20 km aller/retour) a ainsi dépensé en moyenne 934 euros en essence et 800 euros en diesel.
Sur les 387 villes étudiées à travers 55 pays, plus de 228 affichent des vitesses moyennes en repli. Côté allongement des temps de parcours, si les Parisiens ont vu leur temps de trajet sur dix kilomètres augmenter de plus de 8,5 minutes, la situation est pire à Londres avec plus de douze minutes supplémentaires pour le même trajet de 10 km.
Mais à l’heure où le monde entier s’apprête à avoir les yeux rivés sur tout ce qui se passe dans la capitale, ces chiffres ne sont pas un bon signal. Et les mobilités alternatives (telles que l’autopartage) auraient pu avantageusement améliorer le tableau.
L’Arval Mobility Observatory
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