Philippe Quetaud, Renault : "Il n’est pas improbable que nous finissions l’année 2023 en tête en VP"
Journal des Flottes : Quel bilan faites-vous de l’année écoulée pour Renault sur le marché des entreprises ?
Philippe Quetaud : Tout d’abord au niveau global, l’année 2022 a été contrastée, pas simple vu le contexte économique, politique et sanitaire. Finalement un peu dans la continuité de 2021, avec des hauts et des bas, notamment en termes de fabrication. Malgré tout, les entreprises ont été bien présentes, il y avait de la demande. Pour Renault ensuite, l’année n’a pas été mauvaise sur le périmètre des flottes. Nous avons performé sur le segment des utilitaires légers, comme nous le faisons depuis des années, malgré l’absence de Clio société que nous avons retiré du catalogue en 2021.
Malgré cela, nous frôlons toujours les 30 % de part de marché. Pour les voitures particulières, 2022 a été une année de transition avec l’arrivée, en cours de route, de modèles très attendus sur le segment C. La Mégane E-Tech Electric a ouvert le bal au début de l’été, suivie en toute fin d’exercice de l’Austral. Nous disposons à présent d’une offre très solide et complète sur le segment, sachant que l’Arkana continue de très bien fonctionner aussi. Donc nous partons lancés pour reconquérir le segment C en 2023. Nous sommes prêts pour la compétition.
Toutes les voitures que nous vendons sont rentables
JDF : La stratégie de Renault qui consiste à privilégier la valeur plutôt que les volumes vous pénalise-t-elle sur le marché BtoB ?
P.Q. : En 2022, nous avons continué à travailler les canaux et à les assainir au maximum. Ce qui ne veut pas dire que nous nous séparons du marché des flottes. Nous avons remis nos conditions à des prix de marché, en phase avec les produits que l’on met à la route. Évidemment, nos clients n’ont pas tous apprécié que nous revoyons nos conditions, et je les comprends.
En revanche, ils reconnaissent que tout ce que nous avons dit, nous l’avons fait, et inversement. Les relations sont de ce fait restées de très bon niveau avec tous nos clients. Nous en avons perdu très peu. Ils sont restés extrêmement fidèles, aussi parce que nous avons lancé des véhicules de qualité qui correspondent à leurs attentes. Je souligne enfin que nous avons une vraie organisation en BtoB qui fait vraiment la différence avec nos compétiteurs, ainsi qu’un réseau de distribution qui est très bon sur le périmètre des flottes.
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JDF : Donc vos ventes flottes sont à présent toutes rentables ?
P.Q. : Nous avons remonté un peu nos prix, nous avons affiné un peu nos loyers et nous avons baissé considérablement les remises. Tout ceci fait que toutes les voitures que nous vendons sont rentables. Cela nous permet de revoir nos valeurs résiduelles sur tous les modèles, on ne brade plus les voitures et forcément le VO se porte mieux. Tout a été bien recalibré et l'arrivée de nouveaux produits nous aide vraiment.
JDF : Qu’en est-t-il des délais de livraison, la tendance est-t-elle à l’amélioration ?
P.Q. : Alors, il y a deux sujets qu'il faut bien séparer. Il y a tout d’abord les capacités de production et là, je pense que nous ne sommes pas si mal que ça dans le groupe Renault. Nous avons une légère tendance à avoir des délais plus raisonnables que d'autres constructeurs. En revanche, nous avons un problème commun qui est la capacité logistique. Il semblerait quand même qu'il manque beaucoup de camions et de chauffeurs en France et en Europe. Nous avons beaucoup de voitures fabriquées mais il faut plus de temps pour les livrer. Nous sommes en train de travailler le sujet avec notre réseau qui prend aussi le relais et qui va chercher des voitures. Il s’agit donc d’un problème indépendant de nos capacités de fabrication, en particulier sur le véhicule utilitaire où je pense que nous disposons des meilleurs délais.
Nous aurons alors toutes les armes pour faire de 2023 une belle année
JDF : Dans ce contexte, quelles prévisions faites-vous pour 2023 ?
P.Q. : C’est compliqué de se prononcer mais nous voyons un marché qui va rester un petit peu tendu. Est-ce qu’il sera meilleur ? De combien ? Difficile à dire. Chez Renault, je peux vous dire que nous avons un portefeuille de commandes qui est énorme, qui est deux fois supérieur à celui que nous avions l’an dernier à la même époque sur les utilitaires légers par exemple. Nous allons mettre des productions en face de ces commandes sur le premier semestre. Nous avons aussi de grandes ambitions sur le VP, notamment sur le segment C. Comme je vous le disais précédemment, nous avons des modèles très récents et une grande variété de motorisations. Le segment C sera notre axe principal en 2023, nous revenons en force. La situation va en revanche rester un peu tendue pour la Clio car il y a beaucoup de demande.
JDF : Comment jugez-vous justement les débuts de vos nouveautés, l’Autral et la Mégane E-Tech Electric ?
P.Q. : Concernant l’Austral, nous sommes pour le moment sur un rythme de commandes qui était prévu. Nous mesurerons plus précisément les effets dans quelques mois mais le lancement est plutôt bon. Les retours sont excellents de la part des clients, du réseau ou encore des loueurs longue durée qui ont mis des valeurs résiduelles de très bon niveau. Cela signifie qu’ils croient en la voiture. En production, nous sommes aussi plutôt bien pour l'instant, l'usine tourne bien et les délais de fabrication sont pratiquement normaux.
La Mégane E-Tech Electric a de son côté fait un bon second semestre 2022, elle s’installe progressivement dans les car policies. Toujours sur le segment C, nous accueillerons la nouvelle génération de l’Espace cet été. L’autre temps fort de l’année sera le lancement de la phase 2 de la Clio, avec un nouveau look et pas mal de nouveautés. Nous aurons alors toutes les armes pour faire de 2023 une belle année, si la production et la logistique suivent évidemment.
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JDF : Où en êtes-vous en matière d’électrification ?
P.Q. : Les modèles électriques représentent actuellement 10 % de nos ventes flottes. Si l’on ajoute les modèles hybrides, nous montons à 30 %. Sur les utilitaires, la demande commence à s’accélérer. Nous disposons pour cela d’une offre complète avec le Master E-Tech, le Kangoo E-Tech et bientôt le Trafic E-Tech. L’ouverture des commandes est prévue pour le mois de mars, pour des livraisons d’ici à la fin du premier semestre.
JDF : La place de numéro un sur le marché VP flottes est-elle à nouveau un objectif ?
P.Q. : Je tiens tout d’abord à rappeler une nouvelle fois que nous sommes leader sur le VU et nous allons faire ce qu’il faut pour le rester. Après, la place de numéro un sur le VP, nous l’avons abandonnée faute de disposer des bons produits. Je ne vous cache pas que nous avons de grandes ambitions avec nos nouveautés sur le segment C. Avec les bons produits dont nous disposons, il n’est pas improbable que nous finissions l’année 2023 en tête. Les chiffres du mois de janvier montrent d’ailleurs que nous sommes en très bonne position.
Nous sentons bien qu'il y a une appétence pour la marque Dacia
JDF : Philippe Quetaud, quelques mots pour finir sur Dacia, qui poursuit son bonhomme de chemin dans les flottes ?
P.Q. : Effectivement, Dacia continue son petit bonhomme de chemin auprès des entreprises avec près de 7 000 immatriculations en BtoB en 2022. Tout ceci se fait d'une manière extrêmement naturelle puisque comme vous le savez, Dacia ne fait pas de conditions commerciales, pour qui que ce soit. Il y a donc clairement de la place pour Dacia entre Renault et d'autres marques. On voit que la Sandero a un certain succès auprès des petites entreprises, idem pour le Duster, la Spring et le Jogger. Nous sentons bien qu'il y a une appétence pour la marque Dacia qui n'a plus l'image low cost qu'elle pouvait avoir à ses débuts. Proposer une Sandero ou un Duster à un collaborateur n'est pas un problème, bien au contraire.
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