Patrick Bégaud, Ford Pro France : "Environ un quart de nos ventes avec de l’hybride rechargeable"

Le Journal des Flottes : Ford a une offre assez unique sur le marché des véhicules utilitaires légers, puisque vous proposez une gamme complète de modèles électriques, mais aussi de l’hybride rechargeable. Est‑ce, selon vous, un moyen de répondre à tous les cas d’usage ?
Patrick Bégaud : Nous sommes effectivement le seul constructeur à proposer des moteurs thermiques, des motorisations hybrides rechargeables et électriques sur la quasi‑totalité de nos modèles. Chez Ford, nous pensons que le passage au full electric va se faire mais pour certains métiers, il se fera à un rythme propre à ces corporations.
Aujourd’hui, environ un quart de nos ventes est réalisé avec de l’hybride rechargeable, alors que l’électrique représente un peu moins de 10 %. Je rappelle que nous proposons du PHEV sur le Transit Connect, le Ranger et le Transit Custom. Ce sont trois modèles centraux de notre gamme. L’électrique est, de son côté, disponible sur le Transit Courier, notre petit utilitaire, sur le Transit Custom et sur le Transit 2 t.
Nous sommes à un niveau jamais atteint par Ford en France
JDF : L’année 2025 va bientôt s’achever, est‑ce un bon cru pour Ford Pro en France ?
P.B. : Je peux d’ores et déjà annoncer que nous réalisons une très bonne année, sur un marché de l’utilitaire qui régresse légèrement. Ford progresse de 0,5 point par rapport à l’an passé, pour être à 8,3 % de part de marché en incluant les immatriculations de modèles de plus de 3,5 t. Ces derniers ne sont pas toujours comptabilisés dans les chiffres officiels du marché VU. D’ailleurs, si je les enlève, nous sommes à 9,5 % de pénétration.
Dans tous les cas, nous sommes à un niveau jamais atteint par Ford en France. Nous sommes la première marque importée après les trois marques françaises. Tout cela est alimenté par l’engagement extraordinaire de notre réseau de distribution. Nos concessionnaires sont très experts et très engagés sur le véhicule utilitaire. Cette année, ils ont basé leur croissance sur le Transit Custom et le Ranger, qui a très bien fonctionné dans toutes ses motorisations. Au niveau européen, nous faisons encore mieux puisque nous atteignons une part de marché de 17 %. Là aussi, c’est un record et cela fait de Ford la marque leader sur l’utilitaire.
JDF : Comment voyez‑vous le marché VU se comporter dans les prochains mois ? Anticipez‑vous un rebond ou resterons-nous dans une tendance plutôt morose ?
P.B. : Ce que je peux vous dire, c’est qu’en termes de commandes, le marché, après avoir été en nette régression sur le premier semestre, a commencé à retrouver des couleurs à partir du mois de juin. Au cumul de l’année, on constate que le marché des commandes est équivalent à celui de 2024. C’est intéressant car cela préfigure ce que va être le marché des immatriculations par la suite.
Ce rebond, on le doit à la reprise du secteur de la rénovation et du bâtiment, cela a un effet direct sur l’équipement et donc les commandes d’utilitaires de la part des artisans et des petites entreprises du second œuvre. Il y a aussi un effet d’accoutumance des clients aux dispositifs d’incitation vers des véhicules électriques, je pense bien évidemment aux certificats d’économie d’énergie, les CEE. Les entreprises ont pris un certain temps à comprendre le système et à s’y engager.
JDF : Et dans ce marché annuel stable en commandes, quelle est la performance de Ford ? Voyez‑vous en outre l’électrique gagner du terrain ?
P.B. : Ford progresse de 17 % au niveau des commandes. Nous avons un portefeuille à livrer très fourni. Cette excellente performance nous donne confiance pour la suite, notamment sur l’entame de 2026. Concernant l’électrique, je vous confirme la montée en puissance. Il y a tout d’abord une approche de transition où les clients décident de passer du pur thermique à des modèles électrifiés, via notamment nos propositions PHEV. D’autres clients s’orientent directement vers du 100 % électrique, aidés en cela par les primes CEE très intéressantes, mais aussi par la loi d’orientation des mobilités qui va bientôt être assortie de la taxe annuelle incitative.
Et puis, il y a aussi un phénomène d’accoutumance au véhicule utilitaire électrique. Sans oublier encore une fois l’engagement de plus en plus important de notre réseau qui propose des véhicules électriques avec le bon positionnement concernant les tarifs et les conditions commerciales. On voit aussi que l’essai d’un modèle électrique peut faire la différence, quelle que soit la taille de l’entreprise.
JDF : Concernant le Ranger, la prochaine évolution de la fiscalité propre aux pick‑up va‑t‑elle impacter l’intérêt des clients ? Va‑t‑il perdre son homologation avantageuse ?
P.B. : L’homologation du Ranger en double cabine était ainsi faite qu’elle nous protégeait et nous exemptait du malus. Pour rappel, Ford a été parmi les premiers constructeurs à introduire des pick‑up en France, il y a de cela plusieurs dizaines d’années. À l’époque, le législateur ne savait pas très bien catégoriser ces véhicules parmi les différentes homologations. La catégorie qui nous a été accordée à ce moment‑là, sans aucune action de notre part, nous a permis d’être totalement exemptés de malus.
Le client qui a besoin d’un pick‑up aura toujours besoin d’un pick‑up
Il y a effectivement eu une clarification de la réglementation l’été dernier qui nous indique que cette exemption sur notre pick‑up double cabine 5 places tombe à partir du 1er janvier 2026. Cette proposition sera alors complètement disqualifiée avec environ 80 000 euros de malus au poids. Nous revoyons donc notre stratégie commerciale en conséquence, car le client qui a besoin d’un pick‑up aura toujours besoin d’un pick‑up. Nous allons proposer des modèles simple cabine et cabine approfondie avec des sièges non permanents sur la rangée arrière.
JDF : La parade fiscale serait de commercialiser un pick-up 100 % électrique, à l’instar de Toyota, Isuzu ou Maxus. Avez-vous des projets en la matière ?
P.B. : C’est effectivement une solution mais je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet. Nous nous concentrons pour le moment sur la gamme qui est à notre disposition, certainement la plus large de toute l’industrie en nombre de véhicules au catalogue et de motorisations.
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