Hype ne croit plus en la mobilité hydrogène
Hype en plein désespoir. Dans une publication postée sur le réseau social LinkedIn, la start-up opérateur de taxis à hydrogène annonce quitter la "mobilité hydrogène légère". Une annonce qui fait vaciller toute une filière ayant misé sur cette énergie. Avec plusieurs centaines de véhicules à pile à combustible, principalement des Toyota Mirai et des Peugeot e-Expert Hydrogen, il s’agit de la plus grande flotte roulant à l'hydrogène au monde. Des taxis concentrés en Île-de-France, alimentant tout un écosystème en construction.
Dans sa publication, Hype ne mâche pas ses mots concernant l’écosystème francilien actuel de l'hydrogène. Pour l’entreprise, "l’hydrogène gris et son alibi, l’hydrogène bleu, ont gagné cette manche en Île-de-France, et qu’il faut en tirer clairement les conséquences". Pour la suite des événements, Hype compte conserver ses équipes et son "portefeuille d’actifs pertinents dans la mobilité hydrogène 700 bars". Mais l’entreprise explique être en discussion avec de potentiels partenaires basés en France et à l’étranger.
Elle assure poursuivre les projets "bus, cars, bus, cars, bennes, tracteurs et véhicules spécialisés, avec des acteurs indépendants et pertinents comme Lhyfe ou B.E. Green". Nous pensons que ce type de mobilités hydrogène reste pertinent en France dans le cadre notamment de projets équilibrés portés par des collectivités locales", précise l’entreprise.
Quid des taxis à hydrogène ?
Concernant son cœur de métier, c'est-à-dire les taxis zéro émission, Hype souhaite désormais ne proposer qu’"exclusivement" des véhicules électriques à batterie. "Nous referons avec le nouveau véhicule et constructeur partenaire que nous sélectionnerons dans le cadre du processus de consultation en cours, ce que nous avons fait dans le passé avec la Toyota Mirai", affirme Hype dans sa publication.
Concernant les véhicules utilitaires légers H2, l’entreprise précise que "le marché n’offre pour l’instant pas d’équivalent batterie pour les personnes à mobilité réduite" et ajoute être en recherche d’un partenaire industriel pour proposer une solution viable. Plusieurs centaines de nouveaux véhicules Hype devraient être déployés dès cette année, avec comme objectif d’atteindre "le zéro émission de 100 % des 60 000 taxis et VTC franciliens dès que possible avant 2030".
Les raisons de ce changement de plan
L’un des premiers points d’accrochage majeurs concerne le prix de la distribution d'hydrogène. Hype constate en effet que le prix hors taxe au kg d'hydrogène distribué est passé de 12 euros/kg en 2015 – date de sa création – à 9 euros/kg en 2021 avant d’osciller entre 16 et 18 euros/kg d'hydrogène. "Cinq fois plus cher que le coût équivalent pour le même kilométrage d’une recharge rapide avec de l’électricité verte fournie par Electra (0,29 euro TTC/kWh)", observe l’entreprise.
Pour la société, cette situation est incompréhensible au regard des plans nationaux, des subventions à l’échelle européenne, nationale et régionale et des Jeux olympiques de Paris ou encore de la hausse des stations de ravitaillement. Vis-à-vis de cette montée des prix, l’entreprise pointe du doigt HystCo, et plus particulièrement TotalEnergies et Air Liquide, entrés au capital de la start-up en 2021.
"Air Liquide et TotalEnergies ont en effet réussi à constituer en Île-de-France une forme d’oligopole, via différentes entités juridiques telles que la «start-up» HysetCo, le fonds Hy24 et la joint-venture TEAL", pointe du doigt Hype dans sa publication. L’opérateur de taxis H2 reproche aux deux grands groupes d’avoir investi massivement dans l'hydrogène vert "sans engagement de calendrier".
Le couperet McPhy
La production de l'hydrogène vert reste centrale pour Hype. Or, le principal fabricant français d’électrolyseurs nécessaires à sa production, McPhy, se voit placé en redressement judiciaire. Une situation qui scelle le changement de cap d’Hype. "McPhy a pris tout le monde de court, et particulièrement ses clients, explique l’entreprise. Or, ce qui est en train de se passer avec McPhy dissuade de maintenir sa confiance dans la filière hydrogène française".
Hype assure être en risque de six millions d’euros versés à McPhy dans le cadre de quatre projets franciliens. L’entreprise espère donc que la BPI France et EDF, siégeant au conseil d’administration du fabricant d’électrolyseur, "fassent le nécessaire pour que les engagements de McPhy vis-à-vis de ses clients soient respectés", se désole Hype. Un nouveau rebondissement dans la crise de la mobilité hydrogène qui semble partie pour durer.
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