Essai Renault Clio : la citadine en rupture pour mieux asseoir sa suprématie

Difficile d’imaginer le paysage automobile français sans la Renault Clio. Omniprésente dans le quotidien des Français, la citadine au losange a traversé les décennies pour accompagner plusieurs générations de conducteurs et de conductrices, de leurs premiers tours de roue en auto-école jusqu’aux trajets domicile-travail.
Véritable best-seller générationnel, la Renault Clio s’est ainsi écoulée à plus de 17 millions d’exemplaires dans pas moins de 120 pays à travers le monde depuis son lancement en 1990, ce qui en fait, toutes générations confondues, la voiture française la plus vendue de tous les temps. Et l’actuelle Clio V, commercialisée depuis 2019, puis restylée en 2023, se vend d’ailleurs encore très bien.
Au premier semestre 2025, elle est en effet le modèle le plus commercialisé en Europe, avec plus de 130 000 immatriculations. Une dynamique que l’on retrouve évidemment en France, puisque la citadine au losange conserve, à fin octobre, sa place de numéro un des ventes pour la troisième année consécutive, avec 82 746 unités vendues.
Alors même si renouveler un best-seller n’a rien d’un exercice facile, la Renault Clio, sixième du nom, devra se montrer à la hauteur de ses aînées. D’autant que ce nouvel opus n’a (presque) plus rien à voir avec l’ancien modèle. Une rupture assumée, peut-être même nécessaire, tant l’actuelle Clio avait justement été pointée du doigt pour sa ressemblance frappante avec la génération qu’elle remplaçait.
Un style plus agressif
Cette rupture avec la génération précédente se traduit d’abord par un style entièrement revu et des dimensions plus statutaires. Si elle reprend la même plateforme CMF-B de sa devancière, la nouvelle Renault Clio mesure désormais 4,12 m de long (+7 cm), 1,77 m de large (+4 cm), et 1,45 m de haut, pour un empattement de 2,59 m.
Ces nouvelles mensurations profitent notamment au capot, puisque le porte-à-faux avant a été allongé de 2,6 cm, rendant de fait la face avant de la nouvelle Clio plus agressive. Mais ses voies avant ont également été élargies de 2 cm de chaque côté, ce qui permet à la citadine d’être mieux posée sur la route.
Côté design, on reconnaît le coup de crayon de Gilles Vidal, directeur du design de Renault jusqu’en juillet 2025. Sous certains angles, la sixième génération de la Clio laisse ainsi entrevoir des airs de Peugeot 208 (dessinée par Gilles Vidal), notamment de profil avec les fameuses arches de roue en plastique noir ou encore au niveau de la face arrière, de par sa silhouette coupée.

Le style de la Renault Clio VI est bien différent de celui de sa devancière. ©DPPI
Mais la nouvelle Clio doit aussi son style plus agressif à sa nouvelle calandre, dont le design est en revanche loin de faire l’unanimité. Celle-ci adopte une nouvelle signature lumineuse avec de grands feux de jour en forme de crochet, qui sont désormais intégrés dans un bouclier noir orné de petits losanges. Juste au-dessous se trouvent les nouveaux projecteurs insérés dans une pièce en plastique noir très esthétique.
L’arrière de la Clio évolue lui aussi en profondeur, porté par une nouvelle ligne de toit plus dynamique, un béquet redessiné ou encore l’arrivée de phares hexagonaux inédits en deux parties inspirés des supercars. L’ensemble donne à la citadine un caractère nettement plus sportif que celui de la génération précédente. Enfin, la Clio peut pour la première fois être montée sur des jantes de 18 pouces (ou 16 pouces en entrée de gamme), qui viennent également accentuer sa sportivité.
Un intérieur simple mais efficace
Sans qu’il soit totalement dépaysant, l’intérieur de cette nouvelle Renault Clio vient confirmer une montée en gamme du modèle. La sixième génération de la citadine accueille en effet un double écran de 10,1 pouces selon les versions, dont un écran central tourné vers le conducteur. Ce dernier est équipé du système multimédia OpenR Link avec Google intégré, une première sur une Clio.
On note également la présence de matériaux à la finition plus soignée sur la planche de bord, tandis que le choix de conserver des commandes physiques pour certaines fonctions facilite la prise en main du véhicule et renforce son ergonomie. La caméra de recul gagne aussi en netteté grâce à une définition bien supérieure, pendant qu’une nouvelle caméra intérieure vient faire son apparition dans le montant du pare-brise pour détecter la fatigue et la distraction du conducteur.

C'est une fois à bord de la nouvelle Renault Clio que l'on remarque réellement la montée en gamme du modèle. ©DPPI
En termes d’habitabilité, la Clio VI reste très proche de l’ancienne version. L’espace à bord reste correct pour le segment avec pas mal de rangements. Si les sièges avant offrent pour leur part un meilleur maintien latéral, les passagers arrière pourront quant à eux glisser leurs pieds sous les sièges avant sans grande difficulté, même si les gabarits de plus de 1 m 85 se retrouveront rapidement à l’étroit.
Enfin, pour ce qui est du volume de coffre, celui-ci oscille de 309 à 391 l selon la motorisation choisie, soit une capacité relativement proche de celle de la Clio V, et ce, malgré son gabarit plus imposant. En revanche, le seuil de chargement a quant à lui été abaissé de 4 cm, facilitant l’accès au coffre.
Une motorisation full hybrid plus efficiente
Sous le capot, la nouvelle Clio se réinvente également grâce à un renouvellement complet de sa gamme de motorisations. La citadine dit en effet adieu au diesel alors qu’elle était pourtant la dernière de sa catégorie à proposer une telle offre. À son lancement, elle sera ainsi d’abord proposée en version full hybrid E-Tech 160, déjà aperçue sur le Symbioz et le Captur restylé. C’est d’ailleurs celle-ci que nous avons pu tester lors de notre essai.
L’évolution sur cette nouvelle motorisation hybride porte principalement sur l’adoption d’un nouveau bloc thermique de 1,8 l au couple supérieur (+22 Nm) qui vient donc remplacer l’ancien moteur de 1,6 l. La capacité de la batterie augmente également de 1,2 à 1,4 kWh. La Clio gagne donc en performance puisque la puissance passe de 145 à 160 ch, ce qui lui permet désormais d’abattre le 0 à 100 km/h en 8,3 secondes, soit un gain d’une seconde.
Mais la puissance n’est pas la seule à progresser puisque la voiture s’est aussi avérée très efficiente. Pour sa nouvelle Clio full hybrid, Renault annonce une consommation mixte de seulement 3,9 l/100 km avec des émissions de CO2 record de 89 g/km. Le constructeur précise que, dans ces conditions, l’autonomie peut atteindre jusqu’à 1 000 km.
En plus de cette version hybride, la Renault Clio sera également proposée en une inédite motorisation essence TCe 115 à son lancement. S’il s’agit toujours d’un trois-cylindres de 1,2 l, il ne doit en revanche plus rien au bloc de la génération précédente puisqu’il ne reprend rien de moins que le bloc thermique du full hybrid E-Tech 200 ch des Austral, Espace et Rafale.
Avec sa puissance de 115 ch, il permet donc à la Clio de bénéficier d’une offre de base plus puissante (90 ch sur la génération précédente). Seule la version avec une boite manuelle à six rapports sera disponible au début, alors que la nouvelle boîte automatique double embrayage EDC 6, qui vient remplacer l’ancienne CVT, sera proposée ultérieurement.
Enfin, une version Eco-G 120 ch EDC de ce nouveau trois-cylindres 1,2 l enrichira la gamme six mois après son lancement. Cette offre double carburation essence-GPL sera associée également à la nouvelle boîte automatique EDC. Renault avance pour celle-ci une autonomie record de 1450 km grâce à l’augmentation de la capacité du réservoir de GPL, qui passe de 32 à 50 litres, permettant ainsi de parcourir de plus longues distances sans ravitaillement.
Conduite facile
Sur la route, cette nouvelle Renault Clio garde finalement ses points forts et ses fondamentaux qui ont participé au succès du modèle. La conduite s’avère toujours très dynamique dans cette version full hybrid et le gain de puissance permet à la voiture de s’insérer ou dépasser sans grande difficulté.
Malgré des suspensions plus fermes et l’arrivée des jantes 18 pouces, le confort reste au rendez-vous et la Clio absorbe correctement les mauvaises routes. On regrette néanmoins la fermeté et l’irrégularité de la pédale de frein qui peuvent surprendre et rendre la gestion du freinage compliquée lors des premiers tours de roue.
La sixième génération de la Clio intègre également le mode de conduite Smart, une première sur un modèle Renault. Celui-ci vient donc remplacer l’ancien mode Perso et gère automatiquement les passages entre les différents modes (Eco, Confort et Sport) en fonction de la conduite adoptée par le conducteur.
Par exemple, il permet de bénéficier instantanément de la réactivité du mode Sport lors d’un dépassement, mais aussi de réaliser des économies grâce au passage au mode Eco à chaque fois que le rythme de conduite ralentit, comme lors de la traversée d’un village. L’ensemble des modes de conduite peut d’ailleurs toujours être sélectionné via le bouton Multi-Sense situé sur le volant.
À partir de 19 900 euros
La montée en gamme de la Clio se traduit également par un nombre record d’aides à la conduite puisque 29 fonctions différentes (selon les finitions) dignes des segments supérieurs sont désormais au service du conducteur. On peut par exemple relever le système Active Driver Assist avec le régulateur de vitesse adaptatif intelligent, qui rend la conduite semi-autonome.
Le frein de parking automatique et le régulateur de vitesse adaptatif sont quant à eux proposés de série dès l’entrée de gamme. Mais comme sur les autres modèles de Renault, les aides à la conduite les plus intrusives peuvent être désactivées, selon les préférences du conducteur, à l’aide du bouton My Safety Switch, situé à gauche du volant.
La nouvelle Renault Clio se décline en trois niveaux de finition : Evolution, Techno et Esprit Alpine. Le ticket d’entrée est fixé à 19 900 euros pour la motorisation essence en boîte manuelle à six rapports et grimpe à 24 600 euros en full hybrid. Les tarifs de la version GPL ne sont pour l’heure pas encore connus. Quant aux premiers exemplaires de la citadine, ils feront leur arrivée dès le mois de décembre dans les concessions françaises.
L’avis de Yoann Taitz, expert marché et valeurs résiduelles chez Indicata, département du groupe Autorola
"La nouvelle Clio VI marque un lancement stratégique pour Renault et pour le marché français, tant la citadine reste un pilier de volume et d’image.
Avec son moteur hybride HEV 160, elle se distingue par une efficience remarquable, bien meilleure que la majorité des concurrentes du segment équipées de technologies mild hybrid. Mais surtout, elle retrouve un vrai tempérament : grâce à un châssis précis et équilibré, la Clio affiche un comportement dynamique joueur, combinant agilité et sérénité, pour devenir aussi plaisante à conduire qu’une 208. Le confort et l’insonorisation se rapprochent du segment supérieur, confirmant la montée en gamme d’un modèle qui, fidèle à son ancien slogan, "a tout d’une grande". L’infodivertissement Google, fluide et intuitif, renforce sa modernité.
En revanche, quelques plastiques durs subsistent sur des zones visibles, et un poste de conduite très chargé côté droit peut nécessiter un temps d’adaptation.
Les différences visuelles extérieures trop limitées entre les finitions Techno et Esprit Alpine risquent de nuire à la perception de montée en gamme, ce qui restreint le potentiel de valorisation sur le marché de l’occasion.
La Clio VI s’affirme comme un produit abouti et cohérent, capable de conjuguer efficience, confort et attractivité sur un segment où les équilibres techniques et économiques restent étroits".
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