L’industrie automobile en 2015
Les professionnels du secteur sont prévenus : l'industrie automobile est à une période charnière de son histoire. Des associés du cabinet d'audit et de conseils PricewaterhouseCoopers (PwC) ont tenu à le rappeler lors d'une conférence de presse consacrée à l'évolution du secteur et basée en grande partie sur l'étude "Global Automotive Perspectives 2008". En effet, selon leurs analyses, de nombreuses mutations sont d'ores et déjà en cours, ces évolutions leur ayant permis d'établir quelques prévisions à l'horizon 2015. Ils estiment ainsi que la croissance du secteur va s'établir aux alentours de 2,5 % par an jusqu'en 2015, faisant passer la production mondiale de 69 millions de véhicules en 2007 à 84 millions en 2015, et que cette nouvelle production va essentiellement profiter au Brésil, à la Russie, à l'Inde et à la Chine (le fameux BRIC). "La croissance de la production profitera au BRIC à hauteur de 65 %, indique Dominique Ménard, associée du cabinet d'audit et de conseils en charge du secteur automobile dans l'Hexagone. L'Europe devrait s'en accaparer 11 % alors que l'Amérique du Nord ne connaîtra pas de croissance." Les principaux acteurs de cette industrie devraient néanmoins rester les mêmes : en 2015, les dix premiers constructeurs mondiaux d'aujourd'hui devraient participer à la production mondiale à 82,6 %, contre 82,7 % en 2007. "Nous ne prévoyons pas que de nouveaux acteurs, notamment chinois, puissent disposer de structures de production et de distribution dès 2015, l'industrie automobile nécessitant des investissements lourds", poursuit Dominique Ménard. A cette date, l'empire du Milieu devrait en revanche être le premier pays producteur au monde, le déplacement de la production mondiale vers les pays à bas coûts devant se poursuivre.
47 % de la production en Asie, Pacifique et Amérique du Sud
PwC considère que les régions Asie, Pacifique et Amérique du Sud participeront à hauteur de 47 % à la production mondiale en 2012, contre 44 % en 2007 et 33 % en 2000. Dans le même temps, la quote-part de l'Union européenne ne cessera de baisser, passant de 27 à 25 % entre 2007 et 2012 (de 32 à 25 % de 2000 à 2012). "La quote-part de la production nationale chez les constructeurs français devrait s'établir à 30 % en 2012, contre 40 % en 2007 et 59 % en 2000", souligne Jacques Lesieur, associé et spécialiste à la fois de la distribution et du marché russe chez PwC. Les pays émergents vont donc représenter des enjeux de développement majeurs pour tous les constructeurs, PwC estimant que les véhicules légers seront produits à 14 % en Chine, 5 % en Inde, 4 % en Russie et 5 % au Brésil à l'horizon 2015. Des marchés qui ont affiché des taux de croissance à deux chiffres ces dernières années, les ventes totales de véhicules légers ayant par exemple augmenté de 30,4 % en Chine entre 2003 et 2007 (17,7 % au Brésil, 14,7 % en Russie et 10,4 % en Inde). Les constructeurs devront toutefois tenir compte de certains paramètres s'ils souhaitent s'imposer dans les pays émergents. "Ils doivent encore y étoffer leurs circuits de distribution, précise Jacques Lesieur. Les défis à relever y reposent aujourd'hui sur la difficulté à trouver de nouveaux opérateurs, la logistique à mettre en place, la mauvaise capillarité des réseaux et la piètre qualité de certaines infrastructures routières." Le tout, en continuant à tenir compte des réglementations et innovations technologiques.
Un surcoût de 3 650 euros
En effet, si l'Union européenne est particulièrement en avance en matière de réglementation sur les émissions de CO2, elle a aussi tendance à servir de modèle à d'autres régions ou pays. "Si l'objectif 2012 de 130 g de CO2/km fixé par l'Union européenne reste le plus ambitieux, d'autres pays comme l'Inde ou la Chine commencent aussi à travailler sur des réglementations favorisant les véhicules les plus vertueux", souligne François Jaumain, associé spécialiste des questions environnementales et réglementaires chez PwC. Rien d'étonnant donc si aujourd'hui quasiment tous les constructeurs se sont engagés dans la voie de l'hybridation, cette solution "bi-technologique" devant servir de phase transitoire avant l'arrivée des piles à combustion. "Néanmoins, le moteur à explosion a encore un avenir et le désengagement du pétrole n'est pas encore d'actualité", conclut François Jaumain. Une chose est sûre : la question du surcoût est au cœur du développement des véhicules hybrides, ce surcoût pouvant être absorbé via des incitations fiscales, des gains de productivité et les économies réalisées sur le long terme. L'Association des constructeurs européens automobile (Acea) a estimé que le surcoût pour atteindre les objectifs 2012 de l'Union Européenne en matière de réduction de CO2 serait de 3 650 euros par véhicule.
ZOOMDes fusions-acquisitions qui se maintiennent Malgré la crise du crédit, le nombre de transactions devrait se maintenir cette année au même niveau que celui de 2007. PwC considère qu'il devrait y avoir plus ou moins 600 transactions en 2008 (604 en 2007 et 594 en 2006). "Nous assistons néanmoins au développement des transactions entre entreprises au détriment des transactions opérées par des fonds d'investissement, l'activité des fusions-acquisitions se maintenant à un niveau élevé essentiellement du fait des équipementiers", précise Philippe Vincent, associé de PwC et auteur du "Global Automotive Perspectives 2008". PwC estime en outre qu'en matière de distribution, la concentration va se poursuivre. "D'ici à 2010, 50 % des opérateurs auront disparu en Europe", affirme Jacques Lesieur. Ce responsable estime aussi que nous devrions assister au développement des opérateurs multimarques et à l'arrivée de nouveaux acteurs pas forcément issus du secteur de l'automobile. |
Photo : Si PricewaterhouseCoopers considère qu'il n'y aura pas vraiment de nouveaux constructeurs dans le Top 10 de 2015, il estime en revanche que l'empire du Milieu sera le premier pays producteur au monde à cette date.
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