Frank Van Gool, CEO de la Febiac : "Avec 63 marques présentes, le salon de Bruxelles bat un record !"
Le Journal de l'Automobile : Le salon de Bruxelles pourrait-il remplacer le salon de Genève qui n'existe plus et devenir un grand rendez-vous international de l'automobile ?
Frank Van Gool : Remplacer est un bien grand mot, mais il est vrai que le salon de Bruxelles, qui a toujours été un salon commercial, tend à s'internationaliser depuis l'arrêt du salon de Genève. Cette internationalisation est renforcée par la remise du prix de la Voiture de l'année. En outre, les constructeurs ont joué le jeu en représentant de nombreuses premières mondiales ou européennes. Au total, nous avons 63 marques présentes et c'est la première fois depuis 101e édition que nous en accueillons autant. Enfin, j'ajouterai pour la dimension internationale la visite le jeudi 16 janvier prochain d'Ola Källenius, CEO de Mercedes-Benz, en tant que président de l'ACEA.
J. A. : Vous avez également une forte présence médiatique étrangère...
F. V. G. : Effectivement, sur les 900 journalistes accrédités, nous en avons plus de 400 étrangers qui viennent de 35 pays différents, une première pour le salon de Bruxelles.
J. A. : Cela a-t-il été difficile de convaincre les marques de venir à Bruxelles ?
F. V. G. : Je pense que Bruxelles est un bon compromis, aussi bien en termes de taille que de concept. Pour les constructeurs, être présents sur un événement qui n'est qu'un salon d'image, sans politique commerciale, est de plus en plus compliqué et de moins en moins rentable. Comme Bruxelles est avant tout un salon de vente, il est possible de rentabiliser son investissement.
J. A. : On observe également une forte présence des marques chinoises, n'est-ce pas ?
F. V. G. : Elles sont en effet principalement représentées par l'importateur Heidin. En 2024, les marques chinoises ont représenté 2,5 % de part de marché en Belgique (1,8 % en France, NDLR) ; ce n'est donc pas le raz-de-marée attendu. Mais le salon de Bruxelles est l'occasion pour ces constructeurs de montrer leurs produits.
J. A. : Bruxelles a toujours été un salon de ventes. Existe-t-il des offres commerciales spécifiques pendant le salon ?
F. V. G. : Le salon de Bruxelles représente en effet pour un constructeur entre 30 et 40 % des ventes de l'année sur le marché belge. Il s'agit donc d'un moment important. Les marques mettent en place des promotions spécifiques pendant cette période qui durent pendant deux mois, jusqu'à fin février, le salon de Bruxelles étant le coup d'envoi de cette période commerciale. Concernant les offres, elles sont à la discrétion des constructeurs : cela passe par des financements à taux zéro, du suréquipement, etc.
Les conditions du salon sont identiques dans les concessions pendant cette période
J. A. : Ces remises sont-elles identiques dans les concessions ?
F. V. G. : Oui, les conditions du salon sont identiques dans les concessions pendant cette période. D'ailleurs, les constructeurs communiquent fortement (dans les rues de Bruxelles, tous les panneaux publicitaires étaient occupés par les constructeurs automobiles, NDLR) et les distributeurs sont ouverts pendant plusieurs week-ends d'affilée. Dans les faits, très peu de ventes sont réalisées lors du salon. Les constructeurs disposent sur leur stand d'"informants". Ce sont des personnes, formées par les marques, qui écoutent les besoins des clients. Ces leads sont ensuite dirigés vers les concessions du pays qui finalisent les ventes.
J. A. : Combien de visiteurs attendez-vous pour cette édition ?
F. V. G. : En 2023, nous avions enregistré 270 000 visiteurs. Cette année, au vu de la billetterie, nous en attendons 300 000. Si on arrive à ce nombre-là, cela sera une excellente édition.
J. A . : En visitant les allées, les constructeurs n'exposent pas que des voitures électriques contrairement à ce qui s'est peut-être ressenti à Paris. Pour quelle raison ?
F. V. G. : En 2023 (il n'y a pas eu d'édition en 2024 à cause de l'absence du distributeur D'Ieteren qui représente 25 % du marché belge et de Stellantis, NDLR), les constructeurs avaient tout misé sur l'électrique avec des modèles haut de gamme. Il est vrai qu'il n'y avait pas à l'époque de Renault 5 ou de modèles équivalents. Cette année, nous avons demandé aux constructeurs de penser également aux clients particuliers, qui représentent tout de même 40 % du marché belge et qui peinent encore à se tourner vers l'électrique, en leur demandant de présenter des voitures non électriques. Ce qu'ont fait la plupart des constructeurs.
60 % des ventes sont réalisées dans le cadre du BtoB
J. A. : Le marché belge est avant tout un marché BtoB. Comment le salon de Bruxelles s'intègre-t-il dans ce paysage ?
F. V. G. : En Belgique, 60 % des ventes sont en effet réalisées dans le cadre du BtoB. Bruxelles est donc un rendez-vous très important pour les leasers qui négocient avec les constructeurs les conditions qu'ils auront au cours de l'année. C'est l'une des raisons pour lesquelles le salon de Bruxelles a lieu en début d'année.
J. A. : Comment anticipez-vous l'édition 2026 ?
F. V. G. : Nous restons très prudents, car les salons automobiles sont fragiles. Mais au vu de la billetterie, nous sommes assez confiants. Quant à son internationalisation, nous allons essayer de travailler sur ce sujet.
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