Alfa Romeo Junior Veloce : ADN sacrifié ?
Le fait qu’Alfa Romeo ouvre à la presse son circuit de Balocco (Italie), haut lieu de recherche et de développement de l’ex-groupe Fiat, pour les premiers tours de roue du SUV Junior est tout un symbole. Le fait que la version retenue par la marque pour ces essais soit la Veloce, la version électrique qui est récemment passée de 240 à 280 ch, l’est tout autant.
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Car le message est clair. Ce n’est pas parce que le Junior est électrique que ce n’est pas une Alfa Romeo. Et même si elle partage ses dessous (et pas que) avec le Jeep Avenger et la Fiat 600, que sa planche de bord aux plastiques durs, reprend de (trop) nombreux éléments propres à ce que l’on retrouve désormais décliné sur toute la galaxie Stellantis, le Junior veut porter l’ADN de la marque milanaise. Et tant pis s'il est produit en Pologne.
Le pari est en partie réussi. Sur le plan dynamique, c’est même très convaincant. Le Junior Veloce, qui bénéficie d'un différentiel à glissement limité et de barres antiroulis recalibrées, n’a rien à voir avec les modèles précités.
Il vire à plat, faisant fi du roulis, se montre agile, réagit très sainement aux moindres coups de volant un peu brusques, tandis que les suspensions absorbent toutes les imperfections de la chaussée et font oublier que la voiture est chaussée de jantes de 20 pouces et de pneus à flanc peu épais. On pourrait lui reprocher une direction qui manque un brin de consistance à vitesse soutenue, mais rien de rédhibitoire.
En revanche, le plaisir de conduite que tout Alfiste qui se respecte, et les autres, attendent d’une Alfa, n’est pas au rendez-vous. La faute au moteur électrique, que l'on retrouvera sur les futures Lancia Ypsilon HF et Abarth 600e.
Certes, le 0 à 100 km/h est annoncé en 5,9 s, mais avec 280 ch, on aurait aimé un peu plus de nervosité de sa part, d’autant plus que la marque a su être très mesurée sur le poids.
Avec sa batterie de 51 kWh utiles, le Junior Veloce ne pèse que 1 590 kg. C’est beaucoup pour une voiture de 4,17 m, mais raisonnable pour une électrique.
Et même si le mode Dynamic permet de bénéficier d'une direction un peu plus ferme et d'une meilleure réponse de l'accélérateur, il sera difficile de qualifier le Junior Veloce de sportif.
Bref, le compte n’y est pas et on se surprend à rêver d’avoir un vrai moteur comme Alfa savait le faire pour exploiter pleinement tout le potentiel de ce châssis bien né. Alors, pour créer l’illusion, le Junior est équipé d’un système de son qui simule les accélérations d’un moteur essence. Autant dire que c’est très surfait.
Porte-étendard
Cette finition Veloce est le porte-étendard de la gamme Junior. Elle arrivera début 2025, tout comme la version Q4 sur la base de la version Ibrida 1.0 136 ch, qui sera disponible, quant à elle, en septembre 2024, tout comme l’Elettrica de 156 ch (jusqu’à 410 km d’autonomie). Pour revenir au Veloce, l'autonomie n'est que de 340 km. C'est peu.
"Avant le Junior, notre gamme couvrait 48 % du marché européen, a présenté le constructeur. Désormais, nous sommes présents sur 68 %." Autant dire que les enjeux sont considérables. Certains penseraient même qu’il s’agit, pour la marque qui a tant souffert ces dernières décennies, de la voiture de la dernière chance.
Et son positionnement prix ne va pas lui simplifier la vie. L’Elettrica débute aux alentours des 38 000 euros, tandis que la version Veloce s’envole à 46 900 euros. N’oublions pas que nous sommes sur un segment… B ! Avec ces tarifs, le Junior se positionne comme concurrent des Volvo EX30, Smart #1 et #3, voire de la DS3 E-Tense.
Il est donc fort à parier qu’à l’instar du Jeep Avenger, l’électrique ne dépassera pas les 25 % de part de marché et principalement la version 156 ch, et que le gros des ventes se fera sur l’hybridation légère. Et si l'on fait un focus uniquement sur la version Veloce, le Junior est très loin des deux déclinaisons Brabus des Smart, qui elles, affichent 428 ch pour un prix assez similaire.
Il ne faut évidemment pas vivre dans le passé. Néanmoins, après avoir visité le musée d’Alfa Romeo et ses nombreux modèles iconiques, on se dit que ce Junior sera un tournant pour la marque. Et pas forcément le plus judicieux. Mais difficile de lutter contre le courant.
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