L’État met les watts dans la recharge

La stratégie sur les bornes de recharge du gouvernement bénéficie d’une cure de jouvence. En déplacement sur la station de recharge du supermarché Carrefour de L’Haÿ-les-Roses (94), Eric Lombard et Marc Ferracci ont présenté leur nouveau plan d’attaque pour promouvoir l’adoption des bornes de recharge. Un déplacement des ministres de l’Économie et de l’Industrie qui a pour leitmotiv : "avoir une recharge chez soi, facile, pour tous et partout".
Ainsi, le gouvernement se félicite du travail effectué jusqu'à maintenant et dénombre, dans l’Hexagone, jusqu’à 2,5 millions de points de charge. Parmi elles, 1,4 million sont implantées au domicile des particuliers propriétaires d’un véhicule électrique, un million le sont chez l’employeur et 168 000 sont en accès libre au public.
La France figure à la troisième position des pays les mieux équipés en infrastructures de recharge. "Début 2021, la France comptait à peu près 500 000 points de charge. En l’espace de trois ans, ce nombre a été multiplié par cinq", explique un porte-parole du ministère de l’Économie.
Autre chiffre intéressant, par rapport aux objectifs européens, sur les axes autoroutier, la France a deux ans d’avance ; aujourd’hui 100 % des aires de services sont équipées. Selon l'Etat, il est désormais possible de trouver un point de recharge tous les 60 km.
Pour 2030, l’État maintient l’objectif de 400 000 points de charge ouverts au public, dont 50 000 en recharge rapide, dont l’implantation est "surveillée de près" par le ministère de l’Économie. Au total, il anticipe 9 GW de puissance cumulée sur l’ensemble des bornes publiques.
Vers une meilleure visibilité sur la recharge
Le gouvernement ne compte pas laisser flétrir cette bonne dynamique. Les deux ministres cherchent donc, avec les nouvelles annonces, à "accompagner l’écosystème, lever tous les freins et systématiquement être aux côtés des consommateurs".
Dans un premier temps, d’ici à la fin de l’année 2025, l’État souhaite permettre aux électromobilistes d’avoir accès en temps réel à la disponibilité des bornes et à leurs prix. Une plateforme sera donc proposée en "open data", afin de permettre à des développeurs de proposer des applications et aux constructeurs de les implanter dans leurs véhicules. Dès 2026, des contrôles seront réalisés pour vérifier que les données sont correctement transmises.
En parallèle, un "simulateur de calcul préalable du coût de la recharge" doit voir le jour en fin d’année 2025 pour permettre aux propriétaires de véhicules électrique d’avoir une meilleure visibilité sur le prix et le temps de la recharge. Il prendra en compte la structuration de la tarification en fonction des bornes (prix au kWh / session / forfait). Ce simulateur permettra aussi de tracer sa consommation via une facture dématérialisée.
Accompagner davantage les particuliers
Pour les particuliers, en plus des aides existantes, le ministère de l’Économie souhaite diriger les consommateurs vers une "tarification pertinente et la plus intelligente possible". Ainsi, le gouvernement compte développer des heures "super creuses" pour diminuer le prix de la facture d’électricité la nuit.
D’autre part, sur les créneaux de 11 h à 17 h, heures où l’énergie générée par les panneaux solaires est la plus forte, les propriétaires de véhicule électrique pourront se recharger sur une offre tarifaire préférentielle. Un travail qui sera conduit par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et les autres États membres de l’Union européenne.
Le gouvernement aspire à soutenir l’émergence de la technologie Vehicle to Grid (V2G) permettant à la voiture de se recharger et de réinjecter de l’électricité sur le réseau. "Il s’agit d’un service que les véhicules pourront proposer et qui viendra diminuer le prix de la recharge. C’est une démarche plus prospective, mais nous souhaitons réellement la développer dans le but d’utiliser le véhicule électrique comme un stabilisateur de tout le réseau électrique et d’apporter une rémunération au propriétaire", assure un porte-parole du ministère de l’Économie.
Accélérer le déploiement en copropriété
En parallèle, les deux ministères comptent accélérer le déploiement des bornes en copropriété, frein à la démocratisation du véhicule électrique. D’après le dernier baromètre des infrastructures de recharge en résidentiel collectif (Avere France, AFOR, ENEDIS), près de 11 500 immeubles résidentiels collectifs en France, soit 4,3 % des immeubles disposant de parkings, sont équipés d’infrastructures collectives et disposent de plus de 30 300 de bornes de recharge. Plus de 35 000 immeubles, soit 12 %, en ont validé le déploiement et n’attendent plus que les demandes individuelles pour être équipés.
Pour mener à bien sa politique, le gouvernement a mobilisé une trentaine de bailleurs sociaux pour déployer dans les deux prochaines années des points de charge dans leurs résidences. Actuellement, 18 bailleurs sociaux vont lancer en 2025 des appels d’offre pour équiper les infrastructures collectives. Selon le gouvernement, 11 bailleurs devraient suivre en 2026. Au total, cela représente 220 millions d’euros d’investissement.
En parallèle, le gouvernement ambitionne de raccourcir les délais d’installation de six mois maximum entre la décision de la copropriété et la pose du boîtier. Il indique qu'il travaille avec Enedis afin de proposer un plan d’action d’ici le 1er septembre 2025. Cette démarche a pour ambition d'accompagner le programme du leasing social dont les contours devraient se dessiner à l’automne 2025.
Inciter les entreprises et les commerces
Pour les entreprises, les deux ministères souhaitent travailler avec ces dernières pour permettre aux salariés n’ayant pas de solution de recharge à leur domicile de se brancher sur le site de l’employeur. "Il ne s’agit de ne pas bloquer l’achat d’un véhicule électrique par un salarié parce que celui-ci n’aurait pas de solution de recharge quotidienne", précise le communiqué du gouvernement.
Pour finir, pour les supermarchés, les commerces de proximité ou encore les cinémas, l’État souhaite que les bornes installées sur leurs parkings correspondent dans la mesure du possible aux usages et au temps passé sur place. Si ces acteurs de la grande distribution jouent plutôt le jeu (73 % des hypermarchés et 63 % des supermarchés sont équipés de points de recharge), le gouvernement va les inciter à mettre en place des bornes de recharge rapide.
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