Yves Pasquier‑Desvignes, Volvo Car France : "L’EX30 arrive au meilleur moment"
Le Journal des Flottes : En juillet dernier, vous aviez revu à la baisse les objectifs annuels de Volvo en France, en raison des perturbations qui affectent encore les usines de la marque. La situation s’est‑elle améliorée depuis ?
Yves Pasquier‑Desvignes : Nous souffrons toujours d’un défaut d’approvisionnement. Nos usines ne sont pas revenues à une grande cadence de production, principalement à cause de la pénurie de semi‑conducteurs. Nous n’aurons donc pas cette année tous les véhicules que nous voulions. Pour vous donner un ordre d’idées, Volvo Cars France a terminé l’année 2023 avec plus de 9 500 voitures en portefeuille. En temps normal, nous finissons aux alentours de 4 500 véhicules à livrer, ce qui correspond à environ trois mois d’activité. Nous sommes donc plutôt à six mois actuellement.
JDF : Quels sont les modèles les plus en tension ?
Y.P-D : Ce sont logiquement nos modèles les plus demandés, principalement ceux des gammes 40 et 60. Nous avons également 3 500 commandes en attente de livraison de notre nouveau C‑SUV électrique, l’EX30, et 300 pour notre grand SUV EX90. Comme je viens de vous le dire, nous sommes en tension de production et comme nous sommes dans une démarche d’électrification massive de nos produits, nous consommons de plus en plus de composants qui font l’objet d’une très forte demande mondiale. En France, à fin octobre 2023, près de 80 % de nos livraisons ont concerné des véhicules hybrides rechargeables et 100 % électriques. Ensuite, concernant les commandes, nous sommes à 26 % pour les modèles purement électriques et en 2024, nous monterons à 47 %.
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JDF : Envisagez‑vous un retour à la normale en 2024 quant à la production ? Et, plus globalement, comment voyez‑vous le marché évoluer ?
Y.P-D : Concernant le marché global, tout d’abord. Nous n’envisageons pas un retour à la normale en 2024, c’est‑à‑dire à deux millions de véhicules. Nous ne reviendrons d’ailleurs plus jamais à un tel niveau. Notre prévision pour l’an prochain est un marché à moins de 1,8 million d’immatriculations et à l’avenir, il atteindra au mieux 1,85 million. Concernant Volvo, nous serons encore un peu en tension de production, je ne serai pas servi à hauteur de ce que j’ai demandé aux usines. 2025 devrait être pour nous une année plus libérée.
JDF : Si ces soucis de production n’existaient pas, combien pourriez‑vous mettre de voitures à la route ?
Y.P-D : Avec un EX30 à plein régime, nous aurions pu viser les 25 000 immatriculations en 2024. À ce jour, notre meilleur résultat s’établit à 21 000 voitures. Avec de nouveaux produits comme l’EX30, une gamme qui s’électrifie et plus de disponibilité, notre potentiel de croissance est très intéressant. Nous avons d’ailleurs annoncé à notre réseau de distribution que nous allions chercher à atteindre les 35 000 à 36 000 ventes dans un avenir proche, c’est‑à‑dire en 2026‑2027.
L’EX30 évolue sur un segment à très fort potentiel
JDF : L’EX30 est‑il le modèle qui doit vous permettre de passer un tel cap ?
Y.P-D : L’EX30 évolue sur un segment à très fort potentiel, celui des C‑SUV, sur lequel nous étions absents. À lui seul, ce modèle représentera bientôt entre 11 000 et 12 000 mises à la route par an. Si nous continuons en parallèle à conserver la volumétrie sur les autres gammes, plus les nouveautés qui vont arriver dans les trois à quatre années à venir, nous atteindrons cet objectif de 36 000 unités. Pour vous donner un ordre d’idées, Volvo est actuellement à 1 % de pénétration en France. Nous allons rapidement passer à 2 % sur un marché à 1,8 million.
JDF : Dans le contexte que vous décrivez, quelle est et quelle sera la place des clients professionnels à l’avenir chez Volvo ?
Y.P-D : Le BtoB a toujours été très fort chez nous. Les clients particuliers représentent 23 % de notre activité, ce qui signifie que tout le reste concerne les professionnels, essentiellement des professions libérales et des PME‑PMI. Nous travaillons également beaucoup avec les loueurs longue durée, beaucoup moins avec les spécialistes de la courte durée. L’une des clés est que les produits Volvo bénéficient de très bonnes valeurs résiduelles. Mais pas seulement. L’électrification commence aussi à bien marcher en entreprises et dans ce contexte, l’EX30 arrive au meilleur moment.
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JDF : Quel est le potentiel de ce produit en BtoB ?
Y.P-D : Les premières cotations des loueurs longue durée sont très bonnes. Nous avons également une tarification qui est très bien placée avec un prix de départ à 37 500 euros. Ajoutez à cela les qualités intrinsèques du véhicule avec, entre autres, une autonomie allant de 344 à 480 km en fonction de la batterie (51 ou 69 kWh, NDLR) et une capacité de charge rapide à 155 kW. Néanmoins, à ce stade, 90 % des prises de commande concernent des clients particuliers. Cela s’explique par le fait que nous sommes pratiquement les seuls sur le segment. Mais nous comptons bien séduire aussi la clientèle professionnelle, qui attend généralement de pouvoir essayer le véhicule avant de se lancer. Maintenant qu’il est dans les showrooms, nous pouvons démarcher toute la sphère BtoB.
Il n’est pas question de faire des baisses de prix
JDF : L’EX30 est actuellement produit en Chine, ce qui le prive du bonus. Il devrait à nouveau être éligible une fois qu’il sera fabriqué à Gand, en Belgique, mais ce n’est pas prévu avant 2025. Ne craignez‑vous pas un certain attentisme de la part de vos clients sur ce modèle ?
Y.P-D : Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’un tel attentisme. Je ne peux pas dire : « OK, on se donne rendez‑vous en 2025. » À nous de mettre en place la stratégie qui vise à raconter une histoire et à être compétitifs en termes tarifaires. Nous le sommes naturellement avec notre grille actuelle, même avant la prise en compte du bonus. Il n’est pas question de faire des baisses de prix. Nous allons utiliser tous les leviers pour rester dans le schéma de la concurrence, par exemple en travaillant encore plus sur les valeurs résiduelles.
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JDF : L’ambition de Volvo est‑elle toujours de devenir un constructeur 100 % électrique d’ici à 2030 ?
Y.P-D : Avec toutes les réglementations qui évoluent, notamment en France avec le malus CO2 et le malus au poids, cela va devenir très compliqué pour les véhicules purement thermiques. Nous avons déjà arrêté de commercialiser des modèles diesel et ceux à motorisation essence vont suivre. Concernant les hybrides rechargeables, la position de Volvo a toujours été de dire qu’il s’agissait d’une technologie transitoire. Nous pensons ainsi qu’un nouveau virage va être pris par le marché dès 2025, résolument en direction du 100 % électrique. Nous annonçons donc que toute notre offre en France sera 100 % électrique fin 2025. La gamme 40 est déjà disponible, les EX90 et EX30 sont là, il ne manque plus que la gamme 60 qui basculera en 2025.
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