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Répondre à la demande croissante en énergie des IA et du reste de l’économie

Publié le 26 septembre 2024

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – L'explosion de l'intelligence artificielle générative rend bien des services, mais elle se traduit en contrepartie par des besoins en énergie colossaux. D'où l'urgence de développer la production d'électricité, renouvelable de préférence.
IA utilisation massive d'électricité
Les émissions de gaz à effet de serre des géants de la tech vont crescendo, +48 % pour Google par rapport à 2019 et +29 % pour Microsoft par rapport à 2020 ©AdobeStock-karina_lo

"L'intelligence artificielle accélère la crise climatique, alerte une chercheuse canadienne" : cette dépêche de l’AFP en date du 15 septembre 2024 est passée relativement inaperçue et n’a assurément pas fait la "Une" de l’actualité. Peut-être parce qu’elle a été publiée un dimanche, ou peut-être parce que le thème dérange ? Elle soulève en effet une question essentielle en termes de consommation d’énergie.

 

Lors de la conférence ALL IN dédiée à l'intelligence artificielle (IA) à Montréal, une chercheuse canadienne d’origine russe, Sasha Luccioni, présentée comme l’une des personnalités les plus influentes de l’IA, a rappelé qu’une intelligence artificielle générative utilise "30 fois plus d'énergie" qu'un moteur de recherche classique. "Je trouve ça particulièrement décevant qu'on utilise l'IA générative pour faire une recherche sur Internet", déplore la chercheuse auprès de l’AFP. Selon l’agence de presse, "les modèles de langage sur lesquels ces IA se fondent exigent en effet d'énormes capacités de calcul pour s'entraîner sur des milliards de données, ce qui nécessite des serveurs puissants. À cela s'ajoute l'énergie consommée pour répondre aux requêtes d'un utilisateur".

 

L’Agence internationale de l'énergie (AIE) a déjà indiqué qu’en combinant l'IA et le secteur des cryptomonnaies, les centres de données avaient consommé en 2022 près de 2 % de la production mondiale d’électricité. Et ce n’est qu’un début.

 

À l’heure où les usages de l’électricité montent déjà en flèche tant les besoins sont gigantesques, notamment à travers l’électrification de l’industrie automobile, le développement des gigafactories pour la production et le recyclage des batteries, les besoins des géants de la tech s’invitent brutalement dans les débats. Morgan Stanley a récemment indiqué que les centres de données permettant d’alimenter l’IA générative (ChatGPT, Gemini) pourraient émettre jusqu’à 2,5 milliards de tonnes de CO2 d'ici 2030, soit trois fois plus qu’en 2022. Autre élément du rapport : 60 % des émissions proviendront du fonctionnement quotidien des centres de données, "des monstres énergivores devant être gavés en permanence d'électricité pour faire tourner leurs serveurs et pour refroidir ces derniers" (1).

 

Les géants de la tech ont bien sûr des objectifs de neutralité carbone à fin 2030, mais d’ici là, leurs émissions de gaz à effet de serre vont crescendo : +48 % pour Google par rapport à 2019 et +29 % pour Microsoft par rapport à 2020.

 

Face à de tels chiffres, qui s’ajoutent à ceux des autres secteurs économiques, les besoins en énergies propres et renouvelables sont donc appelés à exploser dans les prochaines années. Tout comme ceux en équipements économes en énergie. On ne peut, dès lors, que se féliciter des dernières prévisions du think-tank Ember sur la nouvelle année record qui se dessine pour l’industrie solaire (énergie peu chère) en termes de nouvelles capacités installées : +29 % par rapport à 2023, après une progression de 87 % par rapport à 2022.

 

La Chine, les États-Unis, l'Inde, l'Allemagne et le Brésil représenteront à eux seuls 75 % des augmentations de capacité cette année (2). Le Royaume-Uni met aussi les bouchées doubles dans cette filière, dans le cadre de son projet de décarbonation de son électricité d’ici six ans. Mais c’est en Australie qu’a été lancée il y a quelques mois la construction de la plus grande ferme solaire du monde, un projet à 21 milliards d’euros, qui doit entrer en fonctionnement d’ici la fin de la décennie.

 

En France, à l’heure où la programmation de nouveaux petits réacteurs (SMR) se heurte à des coûts de financements énormes, le déploiement d’éoliennes reste laborieux et source de conflits entre "pros et antis", toutes les initiatives en faveur de la production d’électricité sont bonnes à prendre : autoconsommation solaire des ménages ou des industries, développement des solutions V2G (véhicules électriques capables de se recharger ou de se décharger, libérant de l’énergie pour alimenter une maison ou des bâtiments)…

 

Signe qu’une révolution est bel et bien en marche, même si les progrès sont lents, Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire, rappellera aujourd’hui et demain lors de la 7e édition de l’Université de l’autoconsommation photovoltaïque, les chiffres records de 2023 (1,1 GW installé) et sans doute 2024.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Les Échos, 18 septembre 2024. https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/data-centers-des-ogres-devoreurs-delectricite-2119548

 

(2). Connaissances des Energies, 19 septembre 2024. https://www.connaissancedesenergies.org/afp/les-installations-mondiales-de-capacites-solaires-en-2024-pourraient-encore-augmenter-de-29-par-rapport-au-niveau-de-2023-240919?utm_source=newsletter&utm_medium=fil-info-energies&utm_campaign=/newsletter/cde-aujourdhui-19-septembre-2024&sstc=u19730nl150091

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