Quand l’électrique passe à l’heure des ristournes
L’inflation des caddies des ménages en cette rentrée 2023 occupe largement les antennes des médias. Elle occulte quelque peu – jusqu’ici – la nouvelle envolée des prix à la pompe observée dès cet été, et qui s’est amplifiée ces dernières semaines, à la faveur de la stratégie des pays producteurs de réduire leurs livraisons de brut sur les marchés mondiaux et de la hausse des cours qui en résulte.
Le seuil symbolique de deux euros le litre a déjà été dépassé dans nombre de stations-service. Sur un an, selon le site du gouvernement, le sans plomb 95 (E5) tourne autour de 1,963 €/l (+ 22,90 %), tandis que le gazole (G7) est délivré à 1,883 €/l (+ 10,2 % sur un an).
Le gouvernement, qui avait fait du pouvoir d’achat des automobilistes une priorité en 2022, avec plusieurs ristournes à la pompe, n’entend pas cette fois, renouer avec la politique du "quoiqu’il en coûte". Accorder une nouvelle ristourne, "ce n’est pas une décision responsable, surtout à un moment où nous continuons à payer une partie de la facture des Français en matière d’électricité", a fait valoir le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour qui la priorité du moment – outre juguler si possible l’inflation des courses des ménages – demeure la réduction du déficit public.
Cette mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie des conducteurs a en tout cas permis à TotalEnergies de rappeler son engagement du début de l’année : à savoir le plafonnement des prix de l'essence et du diesel à 1,99 euro le litre dans l’ensemble de ses stations-service (soit 3 400 au total) jusqu’à la fin de l’année.
Et si le coup de pouce des énergéticiens aux consommateurs devenait, demain, un argument marketing, quelle que soit l’énergie concernée et se substituait aux aides gouvernementales ? De la science-fiction, direz-vous ? Pas si sûr, si l’on regarde ce qui est en train de se passer du côté des véhicules électriques.
Malgré un coût d’usage que leurs défenseurs qualifient "d’imbattable" face aux modèles thermiques, les voitures à batteries subissent, elles aussi, l’inflation des prix de leur énergie. Entre les budgets d’investissements dans le développement des bornes et les hausses successives des prix de l’électricité (la dernière en date est de 10 % au 1er août 2023), les opérateurs ont bien été obligés de répercuter ces derniers sur les tarifs de recharge. Un vrai caillou dans la chaussure des early adopters du VE et un frein potentiel pour ses futurs adeptes.
Pas étonnant dans ces conditions que des initiatives tarifaires se déploient çà et là. Cet été, le spécialiste de la recharge ultra-rapide sur autoroute, Ionity, a lancé l’offensive dans trois pays (France, Allemagne et Norvège). Il a annoncé une baisse de 0,10 centime par kWh de ses tarifs de recharge à compter du 16 août 2023.
De son côté, Tesla a tenu à célébrer à sa manière la 10e bougie de son réseau de Superchargeurs en Europe : le géant californien a offert la recharge gratuite sur ses bornes européennes pendant toute la journée du 29 août 2023. Ce cadeau d’anniversaire était ouvert aux propriétaires de Tesla bien sûr, mais également à ceux qui ne le sont pas, avec ou sans abonnement. Convaincu sans doute "qu’essayer c’est l’adopter", Tesla a endossé en quelque sorte, le temps d’une journée, les habits des acteurs de la grande distribution, très friands des opérations "carburant à prix coûtant".
Même TotalEnergies entend influer sur les prix de la recharge électrique. Surfant sur la Coupe du monde de rugby, qui démarre demain soir en France et dont il est sponsor officiel, l’énergéticien va offrir la recharge dans 15 stations situées à proximité des neuf stades hôtes, chaque jour de match (soit 48 jours). Au total 107 points de charge haute puissance seront concernés entre 8 heures et 21 heures. Comme quoi, les ristournes ont sans doute trouvé un nouveau terrain de jeu.
L’Arval Mobility Observatory
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