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Quand le télétravail favorise la mobilité géographique

Publié le 2 février 2023

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - Trois ans après le début de la crise sanitaire de la Covid-19, le télétravail est-il véritablement et durablement ancré dans les entreprises ? Ou bien, cette organisation du travail n’a-t-elle été qu’un feu de paille, le temps que la pandémie régresse et que le "monde d’avant" se réinstalle dans le quotidien des actifs ?
télétravail
Le télétravail : tendance durable ou pas ? Quelles conséquences ?

Une étude menée par le think tank de la mobilité soutenu par la SNCF Forum Vies Mobiles (1) tend à prouver, avec l’exemple de ce qui se passe en Ile de France, que le télétravail est désormais un mode d’organisation professionnelle à part entière, avec des conséquences nombreuses dans des domaines très divers, y compris la mobilité ou encore le logement.

 

Selon cette enquête, 46 % des actifs franciliens télétravaillent de manière régulière (ce qui représente 2, 5 millions d’actifs). Sept sur dix n’envisagent pas de passer plus de trois jours par semaine sur leur lieu de travail. Ce recentrage sur le domicile a des conséquences très concrètes sur leurs modes de déplacements avec, notamment, un bond de l’usage du vélo. Les télétravailleurs utilisent ainsi plus le vélo (33 %) que la voiture (16%) lorsqu’ils travaillent depuis chez eux.  A l’inverse, lorsqu’ils se rendent sur leur lieu de travail (entreprise, usine), ils ont encore davantage recours aux transports en commun (57 %) ou à la voiture (43 %). Le vélo intervient dans ce cas dans 13 % de leurs déplacements.

 

Le déploiement du télétravail a également des conséquences sur les choix immobiliers des télétravailleurs et de leurs familles. Selon l’étude de Forum Vies Mobiles, le télétravail a d’ores et déjà influencé près de 27% des déménagements réalisés en Ile de France depuis 2020. Et 9 % n’auraient pas eu lieu s’il n’y avait pas eu cette possibilité de travailler à distance. Parmi ces télétravailleurs en quête "d’ailleurs", 16 % ont quitté la région parisienne. Pour autant, cet engouement ne s’est pas traduit par l’achat massif de résidences secondaires permettant d’y télétravailler.

 

Cette tendance à la mobilité des familles pourrait bien s’accroître dans l’avenir. Près de 40 % des télétravailleurs ont dans l’idée de déménager dans les cinq prochaines années. Plus de la moitié d’entre eux choisiraient alors de quitter l’Ile de France, pour s’installer soit dans une ville moyenne (40 %) ou dans une petite ville proche d’une plus grande (32 %).

 

Si 500 000 foyers composés en moyenne de 2,4 personnes quittent effectivement l’Ile de France dans les cinq ans à venir, c’est 1,2 million de personnes qui pourrait ainsi abandonner la région parisienne, relève le think tank.

 

Si ces organisations du travail perdurent dans le temps et avec elles, la volonté de déménager des grandes villes pour se recentrer sur des agglomérations de taille moyenne, la question des moyens de déplacements et des équipements va se poser avec acuité. Et dans ce domaine, la France accuse un retard certain. Toutes les études de l’Insee le confirment en effet. A l’échelle nationale, la voiture reste encore omniprésente dans les trajets entre le domicile et le travail des Français, y compris pour ceux de moins de cinq kilomètres. Les réseaux de transports en commun perdent de leur densité dès que l’on sort des grandes villes. Quant aux RER régionaux voulus par le président de la République dans les dix grandes villes de France, ils ne sont encore qu’au stade de projet politique.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Enquête réalisée pour le Forum Vie Mobiles en ligne en décembre 2022 auprès d’un échantillon total de 9057 personnes représentatif de la population active de France métropolitaine, âgée de 18 à 64 ans, dont 1000 "télétravailleurs franciliens".

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