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Pour que la France ait de l’hydrogène vert et pas seulement des idées

Publié le 31 août 2023

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Jamais la consommation de pétrole n'a été aussi élevée dans le monde qu'en cette année 2023. Cet appétit pour l'or noir va à l'encontre des engagements environnementaux internationaux. L'hydrogène décarboné pourrait constituer une alternative, à condition d'investir massivement.
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De nombreux pays font de la ressource en hydrogène vert l'un des piliers de leur stratégie de transition, et estiment qu’il pourrait devenir le pétrole du XXIe siècle. ©Adobe Stock-scharfsinn86

Les conférences internationales sur le climat se suivent, toutes plus alarmistes les unes que les autres sur la hausse des températures, mais sur le terrain, rien ne semble changer, au contraire. Selon les dernières prévisions de l’Agence internationale de l’Énergie publiées en plein cœur de l’été, on se dirige tout droit vers un nouveau record en 2023 pour la demande mondiale de pétrole. Au final, si ces prévisions se confirment, le monde n’aura donc jamais consommé autant d’or noir que cette année, avec plus de 102 millions de barils par jour.

 

De quoi s'interroger sur les engagements environnementaux des pays, même si en l’occurrence cette année, 70 % de la croissance de la demande vient d’un seul pays, la Chine, qui a fixé à 2060 son objectif de neutralité carbone et qui peut considérer avoir du temps.

 

La question se pose pourtant bel et bien : deux études publiées cet été et reprises par Les Échos, montrent que les pays continuent de subventionner largement les énergies fossiles. "Les subventions directes au pétrole, au charbon et au gaz ont largement dépassé la barre des 1 300 milliards de dollars l'an dernier", rappelle le quotidien économique (1).

 

Bien sûr, il y a eu la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie qui s’en est suivie. Un peu partout dans le monde, des boucliers tarifaires ont dû être déployés en urgence par les gouvernements pour protéger leurs populations et leur tissu économique. "97 % des subventions directes de 2022 sont liées à des mesures de protection des consommateurs", reconnaît le rapport du FMI.

 

La reprise de la croissance économique post-Covid, le redémarrage des déplacements aux quatre coins de la planète, la hausse de la consommation de pétrole pour produire l’électricité et les besoins des industriels, expliquent également cette inflation.

 

Quoi qu’il en soit, ces subventions directes ou indirectes (via les ménages par exemple) aux énergies fossiles ralentissent le mouvement en faveur de la transition énergétique. Elles mobilisent en effet des ressources financières qui seraient peut-être mieux utilisées ailleurs.

 

Dans le développement de l’hydrogène décarboné, par exemple. De nombreux pays font de cette ressource un des piliers de leur stratégie de transition, et estiment qu’il pourrait devenir le pétrole du XXIe siècle. À condition, toutefois, que sa production ne dépende plus à 95 % de combustibles fossiles, comme c’est le cas aujourd’hui.

 

Or, pour produire ce fameux hydrogène vert, il faut beaucoup d’argent. Le cabinet de conseil Deloitte évalue à quelque 9 000 milliards de dollars les investissements nécessaires pour créer une chaîne d’approvisionnement mondial de l’hydrogène vert d’ici 2050. (2)

 

À l’échelle de l’Europe, les montants nécessaires se chiffrent à 1 200 milliards de dollars ; il conviendra donc pour les pays de "reflêcher" en quelque sorte leurs programmes actuels, des énergies fossiles vers l’hydrogène vert.

 

"Il est vital que l’Europe accélère dans le développement d’une chaîne de valeur européenne de l’hydrogène, à la fois en termes de fabrication d’équipements et de capacités de production", insiste Deloitte.

 

Sauf à pâtir, comme à la belle époque des hydrocarbures, de nouvelles dépendances à l’égard de nations mieux dotées en ressources naturelles, telles que l’Afrique du Nord, le continent américain, le Moyen-Orient ou l’Afrique subsaharienne.

 

Le rapport Deloitte dessine d’ailleurs un nouveau marché mondial énergétique, avec un commerce intense entre des régions exportatrices et des zones importatrices, dépendant en partie des premières, évalué à 1 400 milliards de dollars en 2050. Dans ce panorama, l’Europe aurait des atouts pour être à la fois productrice, mais aussi importatrice.

 

À l’échelle de la France, il en faudra donc encore beaucoup des plans à 4 milliards d’euros comme celui qui vient d’être débloqué, pour soutenir la production d’hydrogène bas carbone. Et remettre au goût du jour, et à notre avantage cette fois-ci, le slogan-vedette des années 70-80 : "en France, on a de l’hydrogène vert et des idées".

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/les-subventions-aux-energies-fossiles-ont-flambe-lan-dernier-1972794

(2). https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/sustainability-services/articles/hydrogene-vert-accelerateur-de-transition-vers-neutralite-carbone.html

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