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Philippe Mellier, Fraikin : "Nous sommes toujours au service de nos clients"

Publié le 9 avril 2020

Par Damien Chalon
6 min de lecture
La crise sanitaire qui touche la plupart des pays européens n'affecte pas outre-mesure l’activité de Fraikin. Le loueur dirigé par Philippe Mellier n’a fermé aucun atelier, le mot d’ordre étant de rester au service des clients, et ce, partout en Europe.
Philippe Mellier, directeur général de Fraikin.

 

Comment Fraikin traverse la crise sanitaire ?

Fraikin est leader en Europe de la location de véhicules utilitaires et industriels avec une flotte de près de 60 000 véhicules. Nous sommes présents en France et dans tous les pays limitrophes comme l’Espagne, l’Italie, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse, mais aussi en Pologne et en Autriche. De ce fait, nous sommes confrontés de partout à cette crise sanitaire mais de manière étalée. Les premières mesures fortes ont été prises en Italie et les autres pays ont suivi petit à petit. Nous nous sommes adaptés marché par marché. Notre activité fait que nous sommes considérés partout où nous opérons comme une entreprise stratégique. Fraikin propose non seulement de la location longue durée de véhicules, mais aussi de la location moyenne et courte durée et quelle que soit la nature des contrats qui nous lient à nos clients, il est impératif que leurs véhicules puissent rouler, être entretenus et passer les visites réglementaires.

 

Cela signifie-t-il que vos ateliers sont restés ouverts malgré le confinement ?

Tout à fait, nous n’avons jamais fermé nos agences et nos ateliers, y compris en France, même si certains d’entre eux ont dû être désinfectés, des opérations entraînant des fermetures très temporaires. Nous ne sommes donc pas impactés par la crise comme peuvent l’être des loueurs courte durée. Nous sommes toujours au service de nos clients, ils peuvent compter sur nous pour assurer leur mobilité, ce qui est très important dans cette période difficile où la majorité des concessionnaires automobiles et poids lourds sont fermés. Nous avons même rendu service à des professionnels qui n’étaient pas clients Fraikin mais qui savaient qu’ils pouvaient venir dans nos ateliers pour entretenir ou réparer leur véhicule.

 

Avez-vous néanmoins constaté un ralentissement de votre activité ?

Notre activité est impactée différemment d’un pays à l’autre, en fonction de la durée de confinement et des mesures de restriction. En Italie par exemple, l’industrie est finalement touchée depuis assez peu de temps, l’impact est donc limité. Idem en Allemagne et au Royaume-Uni où le confinement vient de débuter. En Espagne, nous constatons un ralentissement sur la location courte et moyenne durée mais par sur la longue car nous opérons de gros marchés pour le compte de l’Etat, nous louons énormément d’ambulances aux services de santé notamment. En France, notre plus gros marché, nous constatons que des secteurs sont très impactés, d’autres un peu moins. Nos clients dans l’événementiel et dans la restauration souffrent énormément. La distribution alimentaire et pharmaceutique est moins touchée, tout comme la gestion des déchets. Grosso modo, la moitié de nos 23 000 véhicules loués en longue durée dans le pays circule, l’autre moitié est en revanche à l’arrêt. Quant à notre parc de 11 000 véhicules de courte et moyenne durée, il reste disponible. La baisse d’activité est ici de l’ordre de 25 à 30 %. Nous avons toutefois des secteurs en forte tension où la demande est très forte.

 

Cette crise va-t-elle impacter la santé financière de Fraikin ?

Le chiffre d’affaires et la trésorerie du groupe ne sont pas impactés outre mesure même s’il n’est pas souhaitable que la crise dure trop longtemps. Il faut néanmoins se battre plus qu’à l’accoutumée pour récupérer certains loyers. La situation est tendue, surtout en France où il est autorisé depuis le 16 mars de ne plus payer certains loyers. Il y a une tentation pour certaines entreprises de ne plus payer personne. Nous sommes confrontés à une minorité de clients dans ce cas. Il faut que tout le monde respecte la règle et paye ses fournisseurs. Evidemment, en fonction de la durée de la crise, il est à craindre que certains clients, surtout les plus petits, éprouvent de grandes difficultés au risque de fermer boutique. Nous savons qu’il y aura de la perte. Il faudra voir dans quelle mesure nous pourrons les aider.

 

"Le processus de rachat de Via Location suit son cours"

 

Avez-vous pris des mesures de précaution dans vos ateliers pour protéger vos collaborateurs ?

Nous avons 110 ateliers ouverts en France mobilisant 800 personnes. Nous sommes évidemment dans l’obligation de les protéger au mieux avec la mise en place de gestes barrières et la fourniture d’équipements adaptés à la situation. Nous avons par ailleurs d’autres collaborateurs qui sont en télétravail et une autre en activité partielle.

 

Comment vous préparez-vous à la sortie de crise ?

Nous essayons de nous organiser dans cette optique. De toute évidence, certains secteurs vont redémarrer plus vite que d’autres car beaucoup de retard aura été pris sur certains dossiers. De manière générale, nous nous assurons que toute notre flotte de courte et moyenne durée soit remise en état, reconditionnée et prête à partir. Nous devrons avoir un maximum de véhicules à la location dès la fin du confinement. Fraikin a la chance d’être un acteur de dimension européenne, nous allons ainsi connaître des mesures de déconfinement qui seront effectives plus tôt qu’en France et surtout plus faciles à gérer pour nous car notre activité y est moins forte. Nous allons donc apprendre de nos voisins, voir ce qui repart en premier ou au contraire voir ce qui peine à reprendre. En fonction de ça, nous allons nous adapter en France dans la mesure du possible. Nous allons par exemple avoir beaucoup de demande pour des véhicules pour des déménagements ou des véhicules frigorifiques pour le milieu de la restauration. Le secteur du BTP va aussi repartir, nous aurons beaucoup de demandes pour des camions bennes et grues pour rattraper le temps perdu. C’est une analyse fine secteur par secteur que nous allons mener pour maximiser notre impact au redémarrage.

 

Cette crise sanitaire est-elle de nature à remettre en question l’opération de rachat de Via Location ?

Nous avions prévu avant la crise de conclure l’opération d’ici juin. Pour l’instant, le calendrier est maintenu. Nous sommes en contact régulier avec la direction de la concurrence qui étudie notre dossier, nous répondons à leurs questions. Le processus suit son cours. C’est une transaction que l’on veut mener à bien, que les dirigeants de Via location veulent mener à bien. Elle constitue un bon complément de business pour nous. Via Location dispose d’une quarantaine de points de service en France qui viennent compléter idéalement notre maillage. Ils ont beaucoup de clients petits et moyens alors que nous sommes plutôt sur des grosses flottes. Leur parc est quant à lui composé de 60 % de poids lourds et de 40 % de VUL, soit l’inverse de Fraikin. Je rappelle enfin que cette transaction se fait sans cash, nos actionnaires vont émettre de la dette pour accueillir Via location chez nous. Il n’y a aura donc pas d’impact sur notre trésorerie. Une fois l’opération menée à bien, nous aurons une belle force de frappe.

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