Les énergies fossiles sont mortes ? Vive les nouvelles énergies !
Il n’y a qu’à écouter les professionnels de l’industrie automobile pour s’en convaincre. Soumis, peut-être plus que n’importe quel autre secteur économique, à un calendrier serré (2035 en Europe) pour conduire la gigantesque révolution de l’électrification du parc automobile, les industriels n’en finissent pas de tirer les sonnettes d’alarme.
L’une des dernières études en date, celle du cabinet Roland Berger (1), prédit ainsi des jours difficiles pour l’après-vente automobile. L’entretien des véhicules électriques nécessitant moins d’interventions et de pièces, il faut s’attendre, explique ce cabinet, à une chute de 30 % des achats de pièces détachées en Europe, et à une baisse de chiffre d’affaires des équipementiers assez significative sur ce segment. Mais comme toujours, ce qui fait le malheur des uns, contribue au bonheur des autres. Dans le cas du VE, tout ce qui a trait à la batterie, à l’électronique de puissance, mais aussi aux suspensions ou encore aux pneus, ouvre des marchés très porteurs pour la filière.
C’est le même scénario qui se dessine dans le domaine de l’énergie. Les industries fossiles font "grise mine" pendant que les énergies renouvelables sont, elles, sur un petit nuage. C’est d’ailleurs ce que montre le premier rapport de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), qui vient d’être publié sur l’évolution de l’emploi dans ce vaste secteur. Une étude inédite, ayant vocation à être réactualisée tous les ans. On y apprend qu’en 2022, plus de 65 millions de personnes dans le monde travaillent dans la filière énergie au sens large, ce qui représente 2% de l’emploi total. Et que la part prise par les énergies dites décarbonées (nucléaire, renouvelables) représente déjà 60 % de l’ensemble, contre 40 % en 2019, soit 40 millions de personnes. Plus d’un emploi sur deux dans le secteur de l’énergie concerne donc ces nouvelels activités. Comme quoi, la transition écologique est bien en marche.
"Dans tous les scénarios de l'AIE, le recrutement dans les énergies décarbonées sera constamment en hausse et compensera largement les fermetures de postes dans l'industrie fossile", prédisent les auteurs du rapport. Une bonne nouvelle pour tous les employés du secteur, donc, que l’on ne demande qu’à croire.
Car aujourd’hui deux filières dépendant de l’industrie fossile, concentrent toujours le plus grand nombre de postes : l'automobile thermique (12 millions d'emplois) et l'approvisionnement en pétrole (8 millions). Deux industries bien malmenées ces dernières années, dont les effectifs sont clairement menacés (surtout ceux des métiers historiques). En face, la production d'énergie renouvelable concerne 8 millions d’emplois et moins d’un million pour la production de véhicules électriques.
Dans son scénario de neutralité carbone à 2050, l’AIE prévoit 14 millions d'emplois supplémentaires rattachés aux énergies décarbonées en 2030 et 16 millions de travailleurs, déjà dans le secteur, en reconversion vers des activités renouvelables.
On verra dans les prochaines années si ces prévisions s’avèrent justes. Mais un chiffre peut inciter à l’optimisme : 45 % des travailleurs du secteur de l'énergie dans le monde occupent des postes hautement qualifiés, contre près de 25 % pour l'ensemble de l'économie. Des populations aptes, donc à se former et à changer de métiers. Autant d’atouts essentiels pour toute transition, qu’elle soit écologique ou non.
L’Arval Mobility Observatory
(1). "Électrification des VL : aubaine ou fléau pour l'après-vente en Europe ?". Roland Berger. Septembre 2022
(2). "World Energy Employment Report", Septembre 2022. Agence Internationale de l’Energie (AIE).
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