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Le plein d’électrons face au risque de black-out 

Publié le 15 décembre 2022

Par Jean-Baptiste Kapela
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le véhicule électrique, victime de la météo ? À l’heure où un véhicule sur huit vendu dans le monde est électrique et qu’en Europe, il s’est immatriculé un million de voitures électriques depuis le début de l’année, une question se pose : ces véhicules sont-ils menacés d’interdiction de circuler sur fond d’intempéries climatiques et d’envolée de la demande d’électricité ?
Crédit photo : Adobe Stock - Sarawut

L’alerte est venue de Suisse. Face à une éventuelle pénurie d’électricité cet hiver, nos voisins helvétiques ont élaboré (comme en France d’ailleurs) plusieurs scénarii de plans d’urgence. Pour éviter tout risque de black-out, dans l’un d’entre eux (le niveau d’alerte 3), le Conseil fédéral prévoit d’interdire les trajets en voitures électriques et de ne les réserver qu’aux situations absolument nécessaires. Les seules exemptions concerneraient ainsi les automobilistes utilisant leur véhicule pour aller travailler, faire des achats, se rendre chez le médecin, à des manifestations religieuses ou des audiences de tribunaux. Exit donc les sorties familiales en SUV électriques, le temps d’un week-end, pour se livrer aux joies du ski et des sports d’hiver !

 

Ce n’est pas la première fois que la voiture électrique est "clouée au pilori" au nom de la météo. Cet été en Californie, en pleine canicule, et quelques jours après avoir banni la vente des voitures essence à compter de 2025, l’État fédéral avait interdit aux automobilistes de recharger leurs voitures électriques sur certaines plages horaires, afin de ne pas peser davantage sur le réseau électrique à bout de souffle.

 

Promouvoir l’usage de la voiture électrique dans le cadre de la transition énergétique, y compris par des mesures coercitives contre les motorisations thermiques, n’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs, si l’offre électrique n’est finalement pas au rendez-vous ?

 

En Suisse, les importations d’électricité viennent en priorité d’Allemagne et de France. Las ! Ces deux pays rencontrent eux – aussi des tensions fortes sur l’offre d’électricité, avec des menaces de délestage en cas de chute des températures excessive et de surchauffe de consommation.

 

La France compte bien pousser (en le facilitant) le développement des énergies renouvelables sur son territoire. C’est tout le sens du projet de loi visant à accélérer la production d'énergies renouvelables, actuellement en discussion au Parlement. Là encore, la voie est étroite. Car si l’intention est bonne, encore faut-il que le coût économique en vaille la chandelle dans le contexte actuel d’inflation des prix de l’énergie.

 

Dans ce domaine, les mauvaises nouvelles commencent à tomber et avec elles, l’abandon de certains projets. En Moselle, un investissement de près de 700 millions d’euros, avec à la clé quelque 1 500 créations d’emploi, vient ainsi d’être suspendu dans les panneaux photovoltaïques par son opérateur, le norvégien Rec Solar. En cause, encore et toujours, les mauvaises conditions de marché de l’énergie. Le projet figurait pourtant parmi les lauréats du "Fonds pour l’innovation" de la Commission européenne, avec un objectif de production de 4,5 millions de panneaux par an dans une première phase, et 9 millions/an à compter de 2025.

 

Une preuve de plus que la transition écologique ne se décrète pas d’un coup de baguette magique et a aussi besoin d’un certain "alignement des planètes" pour réussir.

L’Arval Mobility Observatory

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