Le Crédit Agricole met sur pied une stratégie VO
Le Crédit Agricole s’est considérablement renforcé ces dernières années sur le marché de la location longue durée. La création d’Agilauto, la prise de participation dans Watèa ou encore la naissance d’une coentreprise avec Stellantis pour donner naissance à Leasys en sont quelques exemples.
Le groupe bancaire se penche à présent sur la seconde vie de tout ce parc automobile en location. Un sujet notamment porté par Crédit Agricole Leasing & Factoring (CAL&F), la branche dédiée au leasing à destination des professionnels. Cette entité détient notamment 100 % d’Olinn, 30 % de Watèa et œuvre au codéveloppement d’Agilauto avec sa société sœur, Crédit Agricole Personal Finance & Mobility (ex-CACF).
Watèa en éclaireur, Agilauto va suivre
Hervé Leroux, directeur général adjoint de CAL&F, confirme que ce sujet des voitures d'occasion est désormais un axe stratégique. "Nous voulons appliquer à l’automobile ce que nous faisons par le biais d’Olinn dans le domaine de la tech notamment. Nous reconditionnons sur le site de Lunel des ordinateurs portables, par exemple, au terme de leur premier cycle de location, puis nous les relouons pour un deuxième cycle, à des prix qui peuvent être 75 % moins chers", souligne le dirigeant.
Appliquer cette pratique à l’automobile est une gymnastique complexe que le groupe va débuter avec Watèa. L’entreprise créée par Michelin est spécialisée dans la location de véhicules utilitaires électriques.
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L’une des forces de cette entité est d’opérer un suivi très strict des VUL qu’elle loue. "Quand ils reviennent au bout de trois ans, nous connaissons leur état, assure Hervé Leroux. Nous savons comment ils ont été conduits, s’ils ont été chargés correctement et si les batteries tiennent correctement la charge". La carrosserie est quant à elle scannée dans un portique pour en connaître l’état exact et estimer ainsi les réparations éventuelles à effectuer.
Après quoi les véhicules d'occasion sont prêts pour un nouveau cycle de location. Ce "cercle vertueux", comme le qualifie Hervé Leroux, présente un indéniable plus environnemental et surtout il permet de proposer des tarifs moins élevés, de 30 à 40 % par rapport à des modèles équivalents neufs. "Ce processus est aussi beaucoup lié à l’évolution des technologies, la durée de vie d’un véhicule électrique étant plus longue que celle d’un véhicule thermique", complète le directeur général adjoint de CAL&F.
Accords avec des distributeurs
L’objectif sera d’opérer de la même manière avec Agilauto. À une plus grande échelle donc, puisque cette structure se développe à vitesse grand V. Pour rappel, elle propose des solutions de mobilité, notamment de la location longue durée, qui sont diffusées par les Caisses régionales du Crédit Agricole et LCL.
Pour le reconditionnement des véhicules, le Crédit Agricole passe actuellement des partenariats avec des distributeurs disposant de centres spécialisés dans ce domaine. Il est également question que ces mêmes distributeurs puissent écouler leurs propres VO reconditionnés dans les circuits mis en place par le Crédit Agricole.
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"Quand vous avez, comme le Crédit Agricole, 25 millions de clients, vous donnez à ces réseaux de distributeurs accès à des clients qu’ils ne touchent pas forcément, relève Hervé Leroux. Nous pourrons écouler des véhicules qui leurs appartiennent, ce sera un système gagnant-gagnant".
Crédit Agricole Leasing & Factoring poussera ensuite la logique à toutes ses activités de location, à savoir les poids lourds et les engins agricoles, qui représentent respectivement 27 % et 5 % de son parc en leasing. Pour le coup, le reconditionnement reposera sur des accords noués avec les constructeurs.
La troisième vie attendra
Reste maintenant à convaincre les clients, notamment les professionnels, que rouler dans un véhicule en seconde vie n’a rien de dégradant. "Un véhicule électrique qui a 36 mois n’est pas usé, il est en très bon état, surtout s’il est réparé au niveau de la carrosserie", insiste Hervé Leroux. Et de rappeler que le critère du prix reste "fondamental", surtout pour les entreprises. Ces offres de LLD VO feront l’objet d’une réelle mise en avant.
Pour l’heure, CAL&F se limite à la deuxième vie. "Pour la suite, nous verrons. Nous allons déjà faire proprement la deuxième vie et nous verrons plus tard pour la troisième", se contente d’indiquer Hervé Leroux à ce stade. Il faut dire que les incertitudes liées aux valeurs résiduelles à trois ans des véhicules électriques supposent déjà un suivi permanent. Se projeter à six ans ou plus est un exercice auquel personne dans le secteur automobile ne se risque pour le moment.
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