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La course aux bornes de recharge

Publié le 13 octobre 2022

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – A l’heure où les automobilistes jouent des coudes dans les stations-service et rivalisent de patience pour essayer de faire le plein de carburant, une question se pose : est-ce que ça irait mieux avec un parc automobile électrique ?

Bien sûr, il n’y aurait plus à craindre les conséquences des grèves dans les raffineries (même si elles pourraient se déporter dans les centrales d’EDF…). Mais en matière de voiture électrique, le vrai enjeu réside toujours aujourd’hui, dans la réussite du déploiement des infrastructures de recharge. En France, l’objectif (toujours non atteint) des "100 000 bornes publiques fin 2021", donnait déjà une petite idée de l’ampleur des investissements à consentir.

 

La dernière étude du cabinet EY-Parthenon place le débat sur la scène européenne, avec des objectifs qui incluent toutes les formes de recharge (sur route, à domicile, en entreprise) (1). Selon ses conclusions, à l’horizon 2035, c’est-à-dire au moment où les véhicules thermiques neufs seront bannis du paysage, l’Europe aura besoin de pas moins de 65 millions de bornes (dont 85 % pour le réseau "domicile"). A cette époque, la part des motorisations électriques connaîtra un rythme de croissance annuel de 24 % environ, alors que les véhicules électriques ne représentent aujourd’hui que 1,5 % du parc européen total.

 

Comme le reconnaissent les consultants d’EY-Parthenon, "l’écart à combler avec la situation actuelle est considérable – on comptait plus de 410 000 points de charge publics en Europe en mars 2022". De quoi susciter de nombreux appétits de la part des investisseurs : leurs transactions ont presque doublé en 2021 et les acquisitions ont connu une croissance de plus de 80 % sur la même période, souligne EY-Parthenon.

 

En France, les fonds d’infrastructure, qui misaient traditionnellement jusqu’alors sur la fibre, les télécoms ou encore l’éolien, ont jeté leur dévolu sur les opérateurs de recharge. "Ces derniers mois, les pépites tricolores du secteur ont toutes réalisé des tours de table à neuf chiffres auprès de fonds d'infrastructures (NDLR comme Eurazeo, Antin, ICG, Ardian, Meridiam ou Dif-Capital Partner)", rappelle le quotidien Les Echos dans un dossier spécial sur le sujet (2). Une aubaine pour les ZePlug, Bump et autres Electra, dont les besoins en capitaux sont colossaux pour espérer mailler le territoire.

 

Dans cette grande course à la borne, les constructeurs automobiles font aussi parler d’eux. Cette semaine, Renault, via sa marque Mobilize, vient d’annoncer vouloir créer un réseau de 200 stations dans quatre pays européens d'ici à 2024, dont 90 en France. Arrivé tardivement sur ce créneau, le constructeur entend garantir une expérience-client aux conducteurs, avec des "zones de détente" dans ses stations pendant que leurs véhicules se rechargeront.

 

En matière de bornes, Tesla a pris une bonne longueur d’avance avec son réseau mondial de 4 000 stations de Superchargeurs qu’il ouvre désormais à d’autres acteurs dans le cadre de l’obligation d’interopérabilité. Les constructeurs allemands jouent aussi leur partition, via le réseau Ionity (414 stations dans le monde), qui compte cent points de recharge en France.

 

Cet engouement pour la recharge n’aura qu’un temps, et sans doute moins d’élus que d’appelés. A terme en effet, EY-Parthenon s’attend à une consolidation du marché de la recharge électrique, autour de 10 à 15 fabricants clés opérant au niveau européen et quelques dizaines d’opérateurs de recharge…

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Panorama européen : recharges des véhicules électriques | EY - France. 16 septembre 2022

 

(2). Pourquoi les start-up de recharge électrique séduisent les fonds d'infrastructure | Les Echos, 22 septembre 2022.

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