Hydrogène bas carbone : des perspectives prometteuses
On a appris cette semaine que le monde n’en a pas fini avec les émissions de gaz à effet de serre. Cette année devrait ainsi marquer un nouveau record dans le domaine, en raison de la Chine et de l’Inde, deux économies grandes consommatrices de charbon. Pour le réseau Global Carbon Project qui a divulgué cette information en pleine COP 28, l’objectif de contenir à 1,5 degré le réchauffement de la planète est d’ores et déjà perdu. Le plafond pourrait même être dépassé d'ici à sept ans.
Mais dans le même temps, quelques signaux d’espoir sont (peut-être) apparus dans le long tunnel vers la transition énergétique. Car si le charbon semble encore incontournable pour certaines économies à l’échelle mondiale, les participants à la grand-messe climatique de Dubaï ont aussi reconnu qu’il fallait accompagner la montée en puissance du nucléaire et des énergies renouvelables.
Car l’inaction climatique aura un coût financier gigantesque pour les pays qui ne voudront pas jouer le jeu. En France, par exemple, une étude de l’Ademe vient de chiffrer la facture à 260 milliards d’euros par an ! Un chiffre à rapprocher de la note présentée, il y a quelques mois, aux Français par le rapport Pisani-Ferry pour décarboner leur économie d'ici à 2030 : 66 milliards par an. Presque quatre fois plus.
Sur la route vers un monde zéro carbone, il y aura le nucléaire (la France a signé à Dubaï un engagement avec une vingtaine de pays pour tripler ses investissements d'ici à 2050) et sans doute aussi l’hydrogène. Même si le chemin vers l'hydrogène en tant que source d'énergie pour les véhicules est davantage parsemé de défis que de roses, il faudra compter avec cet acteur.
À ce titre, les derniers jours ont apporté à la France son lot de nouvelles, cette fois, prometteuses pour ce que certains n’hésitent à qualifier de "pétrole du XXIe siècle". Sur le plan industriel d’abord, c’est l’investissement de Symbio (coentreprise de Michelin, Stellantis, Forvia) dans la plus grande usine d’Europe de piles à hydrogène dans la vallée de la chimie lyonnaise, qui retient l’attention. Cette usine, où se sont succédé d’illustres leaders de la chimie tels que Rhône-Poulenc ou Solvay, a mobilisé un milliard d’euros et permettra la fabrication de 50 000 piles à hydrogène par an, destinées aux utilitaires dans un premier temps et aux poids lourds en 2027.
Il en va de même de l’autorisation donnée, le week-end dernier, au lancement du premier permis de recherche d’hydrogène "blanc" dans les Pyrénées-Atlantiques. Jusqu’alors, tous les espoirs étaient concentrés sur le potentiel de l’hydrogène dit "vert", produit par électrolyse de l’eau et qui n’émet pas de CO2. À la différence de l’hydrogène "gris", dont la production repose à plus de 98 % sur les énergies fossiles, donc polluantes.
Avec l’hydrogène blanc, le modèle industriel change du tout au tout puisqu’il se trouve dans le sous-sol. À ce jour toutefois, il n’existe qu’un seul puits en production, au Mali, mais les projets se multiplient un peu partout dans le monde. En France, cinq demandes de permis d’exploration attendent un feu vert. Il faut dire que l’hydrogène naturel coûte bien moins cher à produire, ce qui n’est pas le cas de son cousin vert, qui lui, exige des électrolyseurs gourmands en matériaux critiques.
Pour une fois, est-on tenté de dire, la France n’est pas mal lotie. Au contraire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a déjà modifié son Code minier, ouvrant la porte à l’exploration d’hydrogène blanc. À l’heure de l’inflation des prix de l’électricité et des énergies en général, la décarbonation des économies nécessitera la mobilisation de toutes les ressources dites propres, qu’elles utilisent le vent, le soleil, la mer ou les ressources du sous-sol. La devise "l’union fait la force" ne s’est jamais aussi bien appliquée.
L’Arval Mobility Observatory
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