Energies renouvelables : quelles perspectives pour le solaire ?
A quoi ressemblera le mix énergétique de la France dans les prochaines années ? On devrait le savoir la semaine prochaine, avec la publication de la "programmation pluriannuelle de l'énergie" : un document qui fixera les objectifs de chaque énergie pour l’avenir. Selon plusieurs sources, toutes ne seront pas logées à la même enseigne, y compris parmi les énergies renouvelables, pourtant jugées indispensables à la stratégie bas carbone de la France.
Comme l’explique le journal Les Echos (1), les industriels craignent un coup de frein sur le rythme de déploiement des parcs solaires photovoltaïques. "Le cap y est fixé à 50 gigawatts de parcs solaires déployés d'ici à 2030, contre un peu plus de 20 GW à ce jour. Pour mémoire, la stratégie nationale pour l'énergie et le climat validée par les pouvoirs publics en novembre 2023 esquissait un scénario avec entre 54 à 60 GW de parcs déployés d'ici à 2030, puis entre 75 à 100 GW d'ici à 2035", croit savoir le quotidien. Principale raison invoquée : "c'est l'énergie qui contribue le plus à accentuer les phénomènes de prix négatifs sur les marchés de gros de l’électricité".
Si un tel arbitrage se confirme, la France irait donc à contre-courant de ce qui se passe ailleurs dans le monde. A savoir une explosion des projets d’installations de parcs photovoltaïques partout où le soleil brille en quantité et un nouveau record en termes de nouvelles capacités installées dans le monde en 2024 (+30 % par rapport à 2023). Preuve en est le récent voyage d’Emmanuel Macron au Maroc, où la kyrielle de contrats industriels et énergétiques signés entre les deux pays, inclut un projet dans l’industrie solaire.
D’ici 2030, l’Australie aura probablement sur son territoire la plus grande ferme solaire du monde ; quant à l’Arabie Saoudite, elle fait sortir de ses déserts non pas de l’or noir, mais des projets solaires géants. Tandis que TotalEnergies construit, dans un autre bastion historique de l’énergie fossile, le Texas, ses plus grandes fermes solaires.
En quelques années, "le solaire a gagné la bataille de la compétitivité. Au cours de la dernière décennie, il est devenu l'énergie la moins chère", insiste Le Monde dans une enquête récente (2). D’ici à 2040, selon les scenarii de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), "le solaire pourrait s'imposer comme la première source d'énergie primaire au monde et pas seulement d'électricité".
Alors bien sûr l’énergie solaire souffre d’un handicap de taille : son absence de stockage ou encore son intermittence. Pour faire simple, le soleil brille et la production est la plus élevée au moment où la consommation, elle, est la plus faible. A contrario, en hiver, au moment où les foyers ont le plus besoin d’énergie, l’ensoleillement se fait rare.
Il y aura donc de gros investissements à prévoir pour adapter les réseaux électriques et d’importants changements de comportements des populations, "pour mieux faire coïncider par la souplesse et la sobriété ces moments de forte production à leur consommation", insiste Le Monde.
Avec des régions à très fort taux d’ensoleillement (au moins quatre régions du sud de la France bénéficient de plus de 2 000 heures d'ensoleillement par an), l’Hexagone a donc une vraie carte à jouer dans le photovoltaïque.
La solution viendra peut-être des citoyens eux-mêmes, à travers l’autoconsommation solaire. Trop peu de foyers y ont encore recours, mais l’intérêt est là et ne demande qu’à croître. Un peu comme dans l’automobile finalement, où les véhicules électriques qui disposeront de recharge bidirectionnelle (dont est dotée la nouvelle Renault 5), deviendront de réels fournisseurs d’énergie en réinjectant l'électricité de la batterie dans les appareils électriques de la maison ou dans le réseau général.
L’Arval Mobility Observatory
(1) "Le gouvernement relance les débats sur sa feuille de route énergétique", Les Echos, 30 octobre 2024.
(2) "La ruée vers le solaire", Le Monde 27 octobre 2024.
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