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Dès que le vent soufflera…

Publié le 5 octobre 2023

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Alors que le parc automobile se convertit peu à peu à l'électrique, qu'en est-il de la production d'électricité ? L'un des axes majeurs est ici le développement de la filière éolienne sur terre et en mer, mais celle-ci se heurte toutefois à quelques obstacles.
éolien filière automobile
Dans son dernier rapport, RTE, le gestionnaire de transport d’électricité, a mis l’accent sur les énergies renouvelables (solaire comme éolienne), avec l’objectif de multiplier par quatre leur production. ©Adobe Stock-engel.ac

L’électrification de nos usages au quotidien ne fait que croître ; de plus en plus de véhicules à batteries sillonnent les routes. Dans douze petites années, si la législation européenne ne change pas entre-temps, il ne sera plus question d’acheter des modèles thermiques neufs.

 

Les constructeurs automobiles basculent massivement leurs gammes en tout électrique et reconvertissent à vitesse "grand V" leurs usines. Les constructeurs chinois, de leur côté, n’ont pas à gérer un passé industriel thermique et se révèlent de redoutables concurrents sur les marchés européens. Outre leurs modèles à des prix "abordables", ils comptent aussi capitaliser sur des réseaux de distribution en bonne et due forme pour séduire et fidéliser les consommateurs.

 

Alors comment se fait-il que les choses avancent aussi lentement sur le front de la production d’énergie et plus particulièrement d’électricité ? Car, sans électricité (si possible à coût abordable), pas de véhicules utilisables. Certes, la France peut s’appuyer sur un parc nucléaire significatif, ce que tous les pays ne peuvent pas faire. Mais la demande en électricité risque de dépasser l’offre, tant les besoins vont être immenses. D’autant que les futurs réacteurs actés par l’État n’entreront pas en vigueur avant 2035.

 

Dans son dernier rapport, RTE, le gestionnaire de transport d’électricité, a mis l’accent sur les énergies renouvelables (solaire comme éolienne), avec l’objectif de multiplier par quatre leur production. Il y a toutefois une marge entre ce qui est écrit dans un rapport et ce qui se vit sur le terrain. Il faut "pousser tous les curseurs au maximum, nucléaire et renouvelables", dit l’exécutif. Plus facile à dire qu’à faire.

 

Prenons l’exemple de l’éolien : les 9 500 mâts, qui parsèment (ou abîment, c’est selon) le paysage des campagnes françaises, assurent à date 9 % de l’électricité nationale. Pour respecter les objectifs de Bruxelles, il faudrait atteindre 20 %. Le hic, c’est qu’à chaque fois qu’un projet sort des cartons, un recours en annulation sort de la poche d’une association "vent debout" contre un quelconque mât à l’horizon. Résultat, là où il faut quatre années en Allemagne entre le dépôt du dossier et la mise en route d’un parc éolien, il en faut trois de plus en France pour espérer épuiser tous les recours…

 

Ceux qui aiment davantage voir le verre à moitié-plein qu’à demi-vide avanceront que la France figure dans le peloton des quatre pays européens les plus avancés dans cette filière, avec, selon les chiffres de WindEurope, 22,5 GW de puissance installée, contre 62,2 GW en Allemagne, 29 GW en Espagne et 14,6 GW en Suède. Toutefois, les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) ne devraient pas être atteints : ils tablaient sur 24,1 GW de terrestre d'ici à la fin 2023.

 

L’éolien en mer peut-il venir à l’aide de la filière ?  Dans les scenarii de planification énergétique de la France, une bonne part des développements à venir pèse sur l’éolien en mer : 40 GW d'offshore annoncés d'ici à 2050, dont 8 GW sont déjà dans les tuyaux d'ici à l'horizon 2031, en phase de construction, de développement ou d'attribution.

 

C’est oublier le contexte international houleux. Fin septembre le quotidien Les Echos s’intéressait au "réveil douloureux des géants de l’éolien en mer". "La frilosité des énergéticiens est telle que l'appel d'offres lancé par l'État britannique début septembre pour attirer des candidats à la construction de ses futures capacités éoliennes en mer s'est soldé par un échec historique, avec "aucun candidat déclaré…", écrivait le quotidien économique. Les raisons de cette désaffection ont pour noms "inflation, montée des taux d’intérêt, croissance des coûts de construction" et changent toutes les équations économiques. Alors à quand la fin des vents contraires sur la filière ?

 

L’Arval Mobility Observatory

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