Des dirigeants d’entreprise "discrets" sur leur communication environnementale
La transition énergétique est dans l’esprit de tous les grands dirigeants. Le calendrier serré de l’Union européenne, qui fixe à 2035 la fin des véhicules thermiques neufs, les oblige à accélérer dans leur stratégie bas carbone et à mettre en circulation des véhicules à faibles émissions de CO2.
Il s’agit de plus en plus d’une question mobilisant la gouvernance des entreprises au plus haut niveau. Il n’est qu’à lire le dernier communiqué de l’ONG Climate Group, accompagnée d’une dizaine de grands opérateurs de flottes de véhicules en France, exhortant le gouvernement français à les aider et mieux les accompagner dans leur stratégie d’électrification, pour s’en convaincre.
"La transition vers le véhicule électrique demeure un challenge systémique complexe pour une entreprise", fait valoir Climate Group, à l’appui de plusieurs demandes exprimées à l’exécutif : un environnement règlementaire pérenne, une meilleure visibilité fiscale, le maintien des aides à l’achat ou encore des progrès en matière d’offre de véhicules "sur les segments encore en mal d’électrification tels que les gros fourgons avec une autonomie suffisante ou les véhicules spécifiques".
Pourtant, si l’on en croit une étude réalisée par Onclusive, une société spécialisée dans la communication et la veille médias, les thématiques liées au développement durable ne figurent pas en tête des prises de parole des grands PDG d’entreprises, tant françaises qu’étrangères.
Le "CEO Index d’Onclusive" mesure l’exposition médiatique des patrons des entreprises cotées en bourse aux États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Suisse, Espagne, Italie et Irlande. Toutes leurs mentions sont regroupées dans cinq grandes thématiques : performance financière, leadership, RSE, innovation, réglementation.
Avec 350 articles recensés pour le PDG le plus actif dans ce domaine, sur l’ensemble de l’année 2023, le développement durable se classe tout simplement au dernier rang des sujets les plus traités par les patrons français. Il est largement distancé par d’autres thèmes tels que les sujets de direction (996 articles pour le premier PDG), l'innovation (880 articles), la réglementation (793 articles) ou la performance financière (422 articles).
Le constat est identique au niveau international, les thèmes les plus évoqués sur l’année 2023 par les CEO Monde portant sur les sujets de direction, d’innovation et de réglementation. Comme en France, le développement durable arrive également en dernière position.
La surprise de ce classement vient du secteur qui s’est montré le plus actif en matière de développement durable l’année dernière, puisqu’il s’agit de l’automobile (41 % de part de voix), loin devant la distribution (17 %) et l’énergie (14 %). À l’inverse, précise Onclusive, les secteurs des médias-communication (3 %), des mines (2 %) et des infrastructures (2 %) figurent parmi les moins prolixes sur le sujet au cours de la même période.
Parmi les grands patrons des constructeurs automobiles, c’est Carlos Tavares qui a le plus évoqué le développement durable, avec 350 articles relayant ses propos. Le patron de Stellantis, qui se montre particulièrement virulent sur la concurrence de l’automobile chinoise en Europe, a également multiplié l’année dernière les prises de parole sur l’électrique, les batteries, l’hydrogène, l’économie circulaire ou la voiture autonome.
Il est suivi par le n°1 du groupe Renault, Luca de Meo, avec 259 articles et deux actualités prioritaires (la création d’Ampere, son pôle électrique, et son engagement pour une voiture électrique moins chère). Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, figure également dans le tiercé de tête des patrons français "pro-développement durable", avec 152 articles.
L’Arval Mobility Observatory
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