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Journal des Flottes

Bornes de recharge, stations-service : gare à la fracture territoriale, ennemie des mobilités

Publié le 30 janvier 2025

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Il n'existe plus que 11 000 stations-service en France, contre 47 500 il y a 50 ans. Des fermetures massives qui privent les automobilistes d'un accès facile aux carburants traditionnels. Se déploient en parallèle des bornes de recharge pour les voitures électriques, mais leur nombre est encore jugé trop faible.
Tribune Arval stations-service bornes de recharge
Il y a 50 ans, on comptait plus de 47 500 stations-service en France. Leur nombre est tombé à moins de 11 000 en 2023. ©AdobeStock-Kaspars Grinvalds

L’accessibilité à un réseau de bornes de recharge reste l’une des conditions principales à l’adoption d’un véhicule électrique. Dans les différentes études qui sont conduites sur l’appétence des ménages ou des professionnels à opter pour des modèles à batterie, le réseau de bornes arrive en effet systématiquement dans le trio de tête des freins, au côté du tarif des véhicules et de leur autonomie réelle. L’écosystème de l’électrique est récent dans l’automobile et on peut penser que les choses vont aller en s’améliorant en matière d’accessibilité.

 

Un sujet similaire touche un secteur beaucoup plus mature, celui de la distribution des carburants. Il soulève en tout cas le même questionnement ; "et si, dans les prochaines années, l’accès à des stations-service traditionnelles pour faire le plein de carburant, virait lui aussi au casse-tête ?". C’est clairement ce que craint Francis Pousse, en charge des distributeurs carburants et énergies nouvelles chez Mobilians. "L’accès aux carburants va devenir de plus en plus contraignant", a-t-il récemment déclaré pour rappeler que les stations-service s’apparentent peu à peu à des espèces en voie de disparition en France.

 

Dans un cas comme dans l’autre, les carences en matière de réseau de distribution de carburants ou d’électricité pour les voitures, constituent un frein aux mobilités des Français. Toutefois, inutile de "déshabiller Paul pour habiller Pierre", autrement dit de ne plus investir dans les réseaux traditionnels pour privilégier les bornes de recharge : tous les modes de déplacements restent aujourd’hui indispensables dans les territoires. Et ce, d’autant plus que la montée en puissance du véhicule à batterie est plus poussive que prévu, avec 13,6 % seulement du marché automobile tricolore fin 2024. La déception est telle que des constructeurs jusqu’alors très offensifs sur l’électrique, revoient leurs plans et remettent sur le métier des motorisations hybrides.

 

Il y a 50 ans, on comptait plus de 47 500 stations-service dans l’Hexagone. Leur nombre est tombé à moins de 11 000 en 2023, avec des fermetures massives chez les indépendants (environ 4 600 sont encore en exploitation). Les grandes surfaces ont fait des carburants une arme commerciale redoutable qui attire le chaland. Elles représentent à peu près la moitié du réseau en France et réalisent près de 62 % des ventes annuelles de carburants en volumes.

 

Pour espérer tenir dans le temps, les gérants de stations-service travaillent sur une diversification de leurs activités ; un peu à l’image du buraliste de campagne qui se transforme en petit épicier, point relais pour les colis, ou encore bureau de poste (une mission de service public en somme). Il s’agit avant tout de continuer à attirer les automobilistes avec des prestations additionnelles (garage, lavage, espaces de restauration). En attendant de pouvoir investir aussi dans des bornes de recharge… Un plan d’accompagnement à la diversification des stations indépendantes avait été acté par le gouvernement en 2024 ; mais les restrictions budgétaires risquent d’avoir raison de ces promesses à huit millions d’euros.

 

Derrière ces sujets d’accessibilité aux bornes de recharge ou aux stations-service, c’est une nouvelle fois la question de la fracture territoriale entre zones bien achalandées en infrastructures et les autres. Comme quoi les risques de "zones blanches" n’épargnent aujourd’hui plus aucune motorisation, au nom de la rentabilité économique.

 

L’Arval Mobility Observatory

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