Symbio prêt à changer de dimension
C’est un évènement qui fera date dans la jeune histoire de Symbio. Ce mercredi 13 juillet 2022, le spécialiste de la pile à combustible a réuni, sur son site de Vénissieux (69), en banlieue lyonnaise, une quarantaine de partenaires, privés et institutionnels, ses principaux clients ainsi que ses actionnaires.
Philippe Rosier, le PDG de Symbio, a officié en maître de cérémonie, accueillant tour à tour sur scène les dirigeants de ses deux actionnaires, Florent Ménégaux pour Michelin et Patrick Koller pour Forvia, mais aussi Jean-Michel Billig et Uwe Hochgeschurt, respectivement directeur de la technologie hydrogène et directeur de la zone Europe élargie de Stellantis, le principal client de Symbio.
Ont également pris la parole les partenaires institutionnels, Laurent Wauquiez à distance pour la région Auvergne-Rhône-Alpes et Bruno Bernard pour la métropole de Lyon. Toutes ces personnalités sont venues apporter leur soutien à ce futur champion de l’hydrogène qu’ambitionne de devenir Symbio.
100 000 piles par an en 2028
Cet évènement constitue en quelque sorte l’acte fondateur du nouveau Symbio, Philippe Rosier évoquant "une étape décisive dans le développement" de l’entreprise. Mais le PDG n’a pas manqué en préambule de rappeler toutes les étapes qui ont déjà été franchies en l’espace de 12 ans.
A la start-up qui a vu le jour en 2010 du côté de Grenoble a succédé un potentiel champion mondial de la cause hydrogène avec l’entrée au capital de Michelin en 2016, suivie en 2019 par l’arrivée de Faurecia pour donner naissance à une coentreprise détenue par les deux équipementiers français.
Symbio ambition donc de devenir un leader planétaire de la mobilité hydrogène en produisant 100 000 piles à combustible par an d’ici à 2028 et 200 000 par an d’ici à 2030. Nous en sommes encore loin puisque le site de Vénissieux est actuellement sur un rythme de quelques centaines d’unités annuelles.
Giga factory à Saint-Fons
La grande bascule industrielle est prévue en 2023 avec l’ouverture de la première gigafactory de l’entreprise à Saint-Fons (69), toujours en banlieue lyonnaise. Son nom : SymphonHy. "Il s’agira de l’un des plus grands sites de production de systèmes de piles à combustible hydrogène en Europe", prévient Philippe Rosier. Il s’étendra sur 40 000 m2 et pourra produire à terme 50 000 piles par an.
L’usine de Saint-Fons accueillera, en plus des lignes d’assemblage, un incubateur de start-up spécialisées dans l’hydrogène, ainsi que la Symbio Hydrogen Academy, une structure qui déjà va former 300 personnes aux métiers liés à cette énergie cette année. A terme, son programme pédagogique comptera une cinquantaine de modules.
Le site sera par ailleurs alimenté en hydrogène vert par CNR et Engie, directement par canalisation. Le catalyseur produisant cette énergie verra le jour d’ici 2025 à Pierre-Bénite (69) et aura une capacité de 10 tonnes d’hydrogène par jour. CNR et Engie espèrent embarquer d’autres clients dans ce projet.
Second site en 2027-2028
La seconde étape du développement industriel sera l’arrivée, pas avant 2027 ou 2028, d’une nouvelle génération de piles. Une évolution technologique qui coïncidera avec l’ouverture d’un deuxième site de production en France, dans un lieu non précisé, ce qui permettra à Symbio d’atteindre la capacité attendue de 100 000 piles par an.
Le tout se traduira par un renforcement des effectifs. L’entreprise emploie actuellement 500 salariés et prévoit de monter bientôt à plus de 1 000. "Nous étions à peine à 50 collaborateurs en 2018", rappelle Philippe Rosier, pour illustrer la croissance de Symbio.
Dans cette période où l’hydrogène n’est pas encore une solution répandue, Symbio peut compter sur un client de taille, Stellantis, dont les deux représentants ont rappelé que l’ambition était de vendre 10 000 utilitaires légers hydrogène dans le monde par an à compter de 2024.
"Nous avons l’intention de renforcer notre position de leader sur cette technologie, la pile à combustible est au cœur de notre stratégie VUL", a insisté Uwe Hochgeschurt, qui a également parlé "de la relation essentielle nouée avec Symbio depuis trois ans". Stellantis va s’appuyer sur sa gamme de fourgons intermédiaires, dont les éléments hydrogène sont commercialisés depuis peu, en attendant le lancement des grands fourgons hydrogène, toujours avec Symbio.
Annonces à venir dans le VP
L’entreprise lyonnaise entend signer avec d’autres clients afin d’écouler sa production. Safra, spécialiste des bus hydrogène, est déjà partie prenante, en attendant des développements dans le domaine du poids lourd, de l’off-road et de la voiture particulière où des annonces seront faites "dans quelques mois", assure Philippe Rosier.
Une autre actualité de Symbio concerne son projet global Hymotive qui a été notifié par le gouvernement français auprès de la Commission européenne dans le cadre du PIIEC (projet important d’intérêt européen commun).
Philippe Rosier a enfin rappelé que Symbio a récemment annoncé la prochaine création de la coentreprise Innoplate avec Schaeffler pour la production de plaques bipolaires, "un élément clé dans les piles". Cette nouvelle structure sera basée à Haguenau (67) et débutera ses opérations en 2024. Elle produira à terme 50 millions de plaques par an.
Michelin et Faurecia militent pour l'hydrogène
Tout est désormais en place pour que Symbio soit en mesure d’assouvir ses ambitions mondiales dans un domaine encore émergent. Florent Ménégaux a d’ailleurs tenu un discours résolument en faveur de l’hydrogène, persuadé que les investissements dans ce domaine porteront leurs fruits.
"Nous défrichons le terrain dans un domaine complètement nouveau mais dont le développement est inéluctable. Cette technologie ne s’oppose pas à aux véhicules à batterie, ce sont deux solutions complémentaires", a clamé le président de Michelin. Et de rappeler que le manufacturier a débuté ses recherches dans la pile à combustible il y a plus de 40 ans, ajoutant que le coût de cet équipement a depuis été divisé par 10. "A l’époque, une pile valait 250 000 euros", indique-t-il.
Patrick Koller (Faurecia), pour sa part, a insisté sur le fait que l’hydrogène avait l’avantage d’être moins exposée que l’électrique dans le domaine des matières premières, évoquant "une meilleure souveraineté européenne" ainsi qu’une maîtrise par les acteurs de la filière de "toute la chaîne de valeur". Et de promettre une technologie hydrogène disponible "à prix compétitif" dans les années à venir.
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