Toyota lance son offensive européenne
Ce n’est pas un hasard si Toyota avait choisi les environs de Bruxelles (Belgique) pour dévoiler ses nouveaux modèles, le 19 mai 2025. Ce carrefour européen constitue la base arrière à partir de laquelle le constructeur japonais s’est hissé à la deuxième place des ventes sur le continent.
Pour consolider ses positions, le spécialiste des motorisations hybrides s’ouvre aux électriques. 78 % de la gamme est aujourd’hui électrifiée mais sans dogmatisme. "Le choix des motorisations répond aux besoins", martèle-t-on chez Toyota Motor Europe (TME). C’est ce qu’illustrent les cinq nouveaux modèles que le constructeur vient de dévoiler, à l’exception de la Corolla Cross dont l’importation en France n’est pas prévue.
Aygo Cross : l’électrification abordable
Sur le segment A, la marque a fait le choix de l’hybride pour électrifier son Aygo Cross. Exit le 1 l essence de 72 ch, remplacé par un full hybrid de 116 ch. Le recours à la plateforme GA-B a permis d’abaisser le centre de gravité de cette citadine qui braque en 4,7 m et accélère de 0 à 100 km/h en moins de 10 secondes. A noter qu’une version GR Sport ajoute une suspension et un design plus dynamiques, mais sans supplément de puissance.
Le choix du full hybride peut surprendre pour une citadine amenée à se faufiler dans ce qu’il reste des ZFE (zone à faibles émissions). "Le débat a été tranché assez rapidement, puisque l'une des missions de notre marque, c'est de toute façon d'offrir de la mobilité pour tous, donc accessible", défend Luca Neyroz. Le directeur de la planification produit et marketing de (TME) rappelle qu’"en réalité vous êtes en électrique 60-70% du temps". Un atout en ville et pour les émissions de CO2 : 86 g/km, sous réserve de l’homologation WLTP en cours. La nouvelle venue coûtera plus cher que la version essence.
Cependant, son tarif ne devra pas faire de l’ombre son aînée, Yaris, forte d’une place supplémentaire à l’arrière. On parle d’un prix de vente juste en-dessous des 20 000 euros. De quoi marquer une différence dans un segment où les concurrentes électriques se négocient 7 000 à 8 000 euros de plus. Si la recette fonctionne, Toyota se donne ainsi les moyens de patienter jusqu’en 2030 que les ventes d’électrique décollent. "Nous croyons pas mal, dans un premier temps, à une conversion de l'hybride vers l'électrique", concède Luca Neyroz.
Le RAV4 fait sa mue
Les clients particuliers et professionnels seront encore plus sensibles à la nouvelle mouture du RAV4 qui débarquera dans les concessions en 2026. Pour sa sixième génération, le best-seller de Toyota (2,5 millions de ventes en Europe) fait le pari d’un design anguleux, plus affirmé, qui est aussi gage d’habitabilité. Pari tenu aux places arrière où l’on se croirait à bord d’un SUV du segment supérieur. Le nouveau RAV4 a également pensé aux bagages avec un coffre XL.
Toyota a cependant pris soin de préserver les dimensions du véhicule pour ne pas pénaliser son usage urbain. Le poids du RAV4 devrait s’afficher sous la barre des deux tonnes. Les clients auront le choix entre deux ensembles moteur/transmission : full hybrid ou hybride rechargeable, deux ou quatre roues motrices. Toyota met en avant la nouvelle motorisation PHEV dont la capacité de batterie augmente de 30 %, pour atteindre 22,7 kWh. De quoi parcourir une centaine de kilomètres en tout électrique.
Le RAV4 délivre une puissance de 191 ch (4 RM) ou de 184 ch (2 RM) contre 304 ch pour la version PHEV. "Au niveau européen, surtout à l'est de l'Europe, la tendance sera plutôt vers deux tiers plug-in et un tiers hybride, pronostique Andrea Carlucci, vice-président de TME. En France, c'est plutôt l'opposé". Bien que le modèle actuel réalise près de 43 % de ses ventes auprès des entreprises, Toyota mise d’abord sur les particuliers pour installer le nouveau venu.
"La vente à particulier, c'est ce qui permet d'accélérer la visibilité du modèle sur les marchés. Donc, au début, j'encourage beaucoup les marchés à avoir une stratégie qui soit vraiment pertinente pour les particuliers, en sachant que certains canaux, comme les ventes aux entreprises, sont fondamentaux dans certains marchés", tempère toutefois Andrea Carlucci. En France, Toyota portera en priorité ses efforts sur le renouvellement des clients historiques plutôt que de courir après les volumes en mobilisant la location courte durée ou le jeu des remises. Une donnée clé reste à connaître pour les flottes : les taux de CO2. Ils devraient vraisemblablement se situer à l’intérieur de la fourchette déterminante des 110 à 120 g.
En Touring, le bZ4X s’allonge
En Bavière, "Touring" est depuis longtemps synonyme de davantage de place à l’arrière. Il en va de même pour l’appellation adoptée ici par Toyota pour son SUV électrique du segment D. En passant de 4,69 à 4,83 et en gagnant 20 mm de hauteur, cette version augmente d’un tiers le volume du coffre (600 l). Le bZ4X Touring peut également tracter 1 500 kg et embarquer 70 kg sur son toit.
Ainsi accastillé, il se veut une machine à voyager en famille, y compris hors des sentiers battus, grâce à sa transmission 4X4. Il existe également une version deux roues motrices. Leurs puissances atteignent respectivement 224 et 380 ch. Toutes deux bénéficient de la batterie de 74,7 kWh qui accepte les recharges en 150 kW. Toyota annonce 560 km d’autonomie.
Grâce à ses caractéristiques augmentées, le bZ4X Touring doit attirer une autre clientèle que la version plus courte. "On voit un mix un peu de 50-50 pour vous donner une image au niveau paneuropéen. Mais il y aura, je pense, des grosses différences au niveau des marchés", évoque Harold Paton, directeur de la planification des produits et du marketing. Pour s’en faire une idée plus précise, il faudra patienter jusqu’à la commercialisation, prévue au printemps prochain.
En revanche, ce quatrième véhicule 100 % électrique sera, comme ses aînés, d’une importance stratégique pour la France. "Aujourd'hui, les contraintes en France font qu'on est obligé d'avoir d'un côté le volume, bien évidemment la rentabilité, et là j'entends aussi la rentabilité du réseau, le CO2 et CAFE", poursuit le dirigeant. Toyota a commencé à poser les premiers termes de cette équation complexe dont le résultat final sera connu en 2026.
Chez Lexus, l’ES prend le virage de l’électrique
Le printemps 2026 verra également l’arrivée de la 8e génération de la Lexus ES. Les designers ont conservé l’élégance de cette limousine du segment E, tout en augmentant sa hauteur, ce qui permet de voyager confortablement à l’arrière. La marque premium prévoit une motorisation hybride mais surtout deux électriques : 224 ch avec une batterie de 77 kWh pour la 350e et 345 ch avec 75 kWh pour la 500e , dotée pour sa part de quatre roues motrices.
"Au niveau européen, on veut faire entre 7 et 8 %. L'ES devrait contribuer à peu près à cette hauteur-là, dans nos ambitions commerciales en Europe, c'est-à-dire qu'on parle de 6 000 à 7 000 voitures", indique Pascal Ruch, vice-président de Lexus Europe.
Jean-Philippe Arrouet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.