Nissan revient en force et électrifie sa gamme
Dire que les dernières années pour Nissan ont été compliquées est un doux euphémisme. La marque, qui a connu ses heures de gloire avec le lancement du Qashqai au milieu des années 2000, en créant un nouveau segment, et la Leaf, première voiture électrique de grande diffusion, n’a cessé de plonger.
En France, la marque japonaise est passée de 71 492 immatriculations en 2017, à 26 414 en 2021, soit une baisse vertigineuse de 63 % en l’espace de cinq ans. Nissan est ainsi tombée de la 9e à la 18e place en termes de part de marché avec une pénétration à seulement 1,6 % fin 2021. La faute à un plan produits plus du tout adapté aux attentes, avec notamment le lancement raté de la Micra, car trop chère et trop grande par rapport aux anciennes générations, le remplaçant du Juke qui a tardé à arriver et probablement à une certaine lassitude sur le Qashqai, fortement chahuté par la concurrence, notamment celle du Peugeot 3008 et des modèles coréens.
Mais ça, c’était avant. Car, première pierre de la stratégie Ambition 2030, Nissan revient sur le marché européen avec de fortes ambitions et surtout un plan produits très riche. Pour cette année, le constructeur prévoit de lancer cinq modèles dont un inédit, l’Ariya, un SUV du segment D, 100 % électrique, et la nouvelle génération du X-Trail. "Si, bien entendu, la conjoncture internationale nous le permet, nous comptons rapidement revenir à 2,5 % de part de marché", indique Arnaud Charpentier, vice-président produit stratégie chez Nissan pour la région Afrique, Moyen-Orient, Europe, Inde et Océanie.
Tous ces produits seront électrifiés. Mais contrairement à certains constructeurs qui semblent avancer à marche forcée, du moins en termes d’annonces, sur le terrain du 100 % électrique, Nissan arrive avec une approche beaucoup plus pragmatique. "Nous souhaitons accompagner les gens qui ne sont pas encore prêts pour de multiples raisons vers la transition énergétique avec des produits adaptés à leurs besoins", présente Arnaud Charpentier.
Nouvelle technologie, le e-Power
La première pierre de cette stratégie, et probablement la plus intéressante, est l’arrivée de la technologie e-Power sur la nouvelle génération de Qashqai, lancée mi-2021. Il s’agit d’un véhicule hybride essence, mais contrairement à la technologie hybride classique, c’est le moteur électrique qui entraîne en permanence les roues et non pas la combinaison de moteurs thermique et électrique. Pour autant, le véhicule n’a pas besoin d’être branché car l’énergie électrique est fournie par un moteur thermique, un 3-cylindres essence 1.5 turbo, qui sert de générateur alimentant une batterie de 2 kW.
L’idée n’est pas nouvelle. BMW l’avait déjà testée avec la i3 Range Extender, tout comme Ford sur son utilitaire Transit Custom, mais c’est la première fois que cette architecture va être déployée à grande échelle. Avec cette technologie, Nissan promet 10 % d’efficience en plus par rapport à la technologie hybride et 20 % de plus par rapport à la technologie mild hybrid 48V. "Avec ce modèle, nous proposons à nos clients tous les agréments de la conduite électrique sans les inconvénients, à savoir les problèmes de recharge", indique Arnaud Charpentier. Un choix original, d’autant plus qu’au sein de l’Alliance, Nissan aurait pu retenir l’hybride rechargeable. "Effectivement, reconnait Arnaud Charpentier, mais c’est un choix stratégique, car nous estimons que l’hybride rechargeable, de par son utilisation, ne répond pas aux attentes du marché, notamment en termes de consommation, et n’est pour nous qu’une technologie transitoire."
Le e-Power existe depuis quelques temps au Japon, mais elle a été adaptée pour le marché européen. "Nous disposons d’un moteur de 1.5 de cylindrée contre 1.2 au Japon et la puissance du moteur électrique est passée de 90 kW à 140 kW", explique Guillaume Cartier, président de la région Afrique, Moyen-Orient, Europe, Inde et Océanie chez Nissan. Le e-Power sera également disponible sur la nouvelle génération de X-Trail qui arrivera au début du second semestre.
De l'hybride Renault
En parallèle, Nissan va équiper le Juke, qui a été commercialisé fin 2019, quelques mois avant le confinement, du moteur E-Tech hybride de Renault et sa fameuse boîte multimodal. Cette version devrait donner des couleurs au Juke qui, de l’aveu même du réseau, peinait à se faire une place au soleil dans un segment à la concurrence exacerbée.
Le quatrième modèle, pas forcément dans l’ordre d’apparition, sera l’Ariya, un SUV du segment D, 100 % électrique. Développé sur la plateforme CMF-EV, la même que celle de la récente Mégane E-Tech électrique, l’Ariya dispose de deux capacités de batterie et de deux transmissions : 63 kWh en deux roues motrices et 87 kWh en deux et quatre roues motrices. La première affiche 403 km d’autonomie, la seconde près de 500 km.
"Il s’agit de la fusion entre la Leaf et un SUV, présente Guillaume Cartier. L’ADN de Nissan est le SUV, nous disposons d’ailleurs, avec quatre millions de véhicules, du plus grand parc roulant de SUV en Europe." Concernant la recharge, Nissan abandonne la norme japonaise ChaDeMo pour reprendre la CCS et affiche une capacité de recharge sur une borne de 130 kW de 35 mn (batterie de 63 kWh) de 10 à 80 %.
15,6 milliards d'euros d'investissements
Enfin, Nissan poursuit son développement dans l’utilitaire avec le lancement de la version électrique du Townstar, version rebadgée du Renault Kangoo E-Tech, qui affiche une autonomie de 300 km avec une capacité de traction de 1,5 tonne. Le constructeur a ici l’ambition de remplacer le e-NV200, un utilitaire au format atypique qui avait trouvé preneur notamment auprès des collectivités pour des transports à la demande ou auprès des sociétés de livraison. "En France, nous avons vendu 8 000 VUL, en progression de 30 % sur un marché en augmentation de 7,5 %, avec une part de marché de 1,8 %", indique le constructeur.
"Nissan va investir 15,6 milliards d’euros dans l’électrification de sa gamme dans les cinq ans à venir", conclut Guillaume Cartier. Le calendrier est déjà fixé. En 2023, la marque annonce ne plus investir dans les moteurs thermiques pour l'Europe et en 2026, 75 % de la gamme sera électrifiée. "Nous lancerons prochainement une voiture du segment B 100 % électrique et en 2030, notre gamme sera 100 % électrifiée, poursuit-il. Mais aujourd’hui, je n’ai aucune idée quelle sera la part des modèles 100 % électriques et celle des hybrides, toutes technologies confondues."
577 000 Leaf dans le monde en 12 ans
Ces investissements passeront par l’ouverture en 2024 d’un site pilote pour la batterie solide à Yokohama (Japon), pour une première commercialisation de modèles en 2028 et sur le site européen de Sunderland (Royaume-Uni), un projet du gigafactory de 9 GW fonctionnant avec des énergies renouvelables est en cours. Nissan prévoit de concevoir des batteries sans cobalt et compte réduire de 65 % d'ici 2028 le coût des batteries.
Pour rappel, depuis 2010, date de son lancement, Nissan a vendu 577 000 Leaf à travers le monde.
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