Guillaume de Boudemange, Jeep : "Le BtoB va soutenir notre progression"
Le Journal de l'Automobile : Quel bilan tirez-vous de l'année 2023 pour Jeep ?
Guillaume de Boudemange : À fin novembre, nous avons immatriculé 6 731 voitures, en progression de 29,6 % dans un marché en hausse de 16,2 %. Nous affichons une part de marché de 0,4 %, mais derrière ce chiffre se cache de beaux résultats. Nous progressons en effet de 80 % sur les ventes à particuliers. Cette croissance est très positive pour les valeurs résiduelles de nos produits, la rentabilité de notre réseau et bien sûr celle de la marque. De son côté, l'Avenger électrique représente une part de marché sur l'électrique de 0,5 %, une pénétration supérieure à celle de Jeep ce qui montre que nous avons réussi le lancement du véhicule et notre passage à l'électrique.
J.A. : Pourquoi avoir lancé, dans un premier temps, l'Avenger uniquement en version électrique ?
GdB : Nous avons commencé à faire évoluer notre image en juin 2022 lorsque nous avons arrêté le diesel et mis sur le marché nos modèles hybrides, une stratégie qui a permis de modifier l'image de Jeep. Mais nous avions besoin d'aller plus loin. C'est pourquoi nous avons mis en avant la version électrique du Jeep Avenger qui a remporté un beau succès. Pour autant, les moteurs thermiques, hybrides ou non, représentent encore 85 % des ventes, un marché que, bien entendu, nous ne pouvions laisser de côté. En outre, les mandataires se sont tout de suite engouffrés dans la brèche en important des Avenger thermiques, puisque cette version était, dès le lancement du véhicule, commercialisée en Italie ou en Espagne, des marchés moins électriques que la France.
Les moteurs thermiques, hybrides ou non, représentent encore 85 % des ventes
J.A. : D'où les versions thermiques ?
GdB : Exactement. Dès le mois d'août, nous avons décidé de mettre sur le marché la version 1.2 essence 100 ch sous forme de série spéciale. Elle a connu un très beau succès car elle s'est vendue en seulement quatre mois à 600 exemplaires, soit un peu moins de 10 % de nos ventes totales enregistrées depuis le début de l'année. Face à ce résultat, nous avons décidé d'intégrer cette motorisation dans la gamme. En outre, nous allons lancer la version microhybride de 48 V en avril prochain. Au final, sur une année pleine, nous estimons que l'électrique représentera 40 %, idem pour le microhybride et 20 % pour le moteur 1.2. Et selon la demande, nous saurons nous adapter.
J.A. : Quels sont les clients de l'Avenger ?
GdB : L'Avenger nous a permis de faire de la conquête. Surtout, les clients de la version électrique ne sont pas les mêmes que ceux du thermique. Dans la grande majorité des cas, ce sont déjà des clients qui roulent à l'électrique. Nous reprenons des Mini, des Peugeot e-2008, des Renault Zoe. Mais surtout, le succès de l'Avenger a profité aux autres modèles de la gamme, surtout au Renegade ; depuis la commercialisation de l'Avenger, ses ventes ont bondi de 25 %. C'est une très belle performance pour un véhicule qui est présent sur le marché depuis longtemps. À noter que le Renagade sera restylé, principalement l'intérieur, début 2024.
Les ventes du Renegade ont bondi de 25 %
J.A. : Quelle est la répartition des ventes ?
GdB : Les ventes à professionnels, qui intègrent la location longue durée et les entreprises, représentent 20 % de nos ventes. Cette proportion va probablement augmenter en 2024, car nous allons récolter les fruits de la politique que nous avons semé avec l'Avenger. Il nous a permis de signer avec des grands comptes ; je cite par exemple un contrat avec La Poste sur plus de 300 Avenger. Bref, le BtoB va soutenir la progression de Jeep.
J.A. : 2018 a été votre meilleure année avec 14 916 immatriculations (VP + VU). Pensez-vous atteindre ce record en 2024 ?
GdB : Nous y travaillons très activement. Dans le détail, nous prévoyons que l'Avenger représentera entre les deux tiers et les trois quarts de nos ventes. J'en profite pour rappeler qu'aucun modèle de la gamme n'est malussé au poids, ni malussé au CO2, excepté sur ce dernier point, l'Avenger thermique qui reçoit un malus d'environ 200 euros.
Aucun modèle de la gamme n'est malussé au poids, ni malussé au CO2
J.A. : Comment se porte le réseau et quelle sera sa rentabilité en 2023 ?
GdB : Nous disposons de 140 points de vente détenus par 60 investisseurs. Notre ambition n'est pas de donner le panneau Jeep à tous les investisseurs Stellantis, mais de nous appuyer sur des "local heroes", des distributeurs bien implantés sur leur territoire. Dans un premier temps, nous privilégions en effet la rentabilité plutôt que le maillage, car la rentabilité permettra à notre réseau d'avoir plus de moyens pour mieux vendre. Cela leur permettra par exemple de disposer d'un vendeur exclusif ce qui n'est pas toujours le cas. Quant à sa rentabilité, je me réserve le droit de la communiquer au réseau courant janvier.
J.A. : Quelle est la politique commerciale de Jeep ?
GdB : Contrairement à d'autres marques, nous avons disposé cette année d'un carnet de commandes en hausse par rapport à celui de 2022, une situation liée à l'arrivée de l'Avenger, qui comme je l'expliquais, a eu pour conséquence d'agir en halo sur l'ensemble de la gamme. Néanmoins, nous ne pouvons naturellement pas être déconnectés du marché et nous seront très réactifs lorsque cela nécessaire.
J.A. : Stellantis France a présenté une nouvelle organisation. Quels bénéfices en tire Jeep ?
GdB : À partir du 1er janvier 2024, chaque marque disposera de nouveau d'un pilotage en silo. Chez Jeep, les business coaches (les chefs de zones qui gèrent le VN, le VO et la satisfaction client, NDLR), qui sont au nombre de sept, seront exclusivement Jeep alors que dans l'organisation précédente, ces derniers avaient cinq marques à gérer, à savoir Jeep, Fiat, Abarth, Opel et Fiat Professionnel. Cela voulait dire qu'ils n'avaient que 10 à 15 % de leur temps pour Jeep. Le nouvel organigramme qui a été mis en place va donc permettre un meilleur suivi de la marque et donc, de meilleurs résultats. En outre, nous avons volontairement décidé de mettre en place une chaîne de commandement très simple et surtout très courte, afin d'être plus réactifs, puisque ces business coaches reporteront auprès du directeur des ventes qui reportera directement auprès de moi.
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