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Constructeurs

Entretien avec Ralph V. Gilles, vice-président du design du groupe Chrysler

Publié le 13 février 2009

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
"Les Etats-Unis sont notre marché prioritaire" Journal de l'Automobile. Impossible de ne pas évoquer la crise en préambule, d'autant que Chrysler est en première ligne : est-ce que cela a un impact...
"Les Etats-Unis sont notre marché prioritaire" Journal de l'Automobile. Impossible de ne pas évoquer la crise en préambule, d'autant que Chrysler est en première ligne : est-ce que cela a un impact...
...sur votre travail et des projets ont-ils été gelés ?
Ralph V. Gilles. Quelques projets ont été gelés, il serait inutile de chercher à le cacher. Mais les projets les plus importants sont naturellement maintenus et on peut d'ailleurs dire qu'ils concentrent encore plus d'énergie et d'engagement qu'avant. La crise est là, certes, mais il n'est guère fécond de se lamenter et de ressasser. Il faut se tourner vers l'avenir et se retrousser les manches comme jamais. Le Gouvernement nous a donné une aide, ce qui signifie qu'il croit en nous. Cela a redonné du vent dans les voiles et nous travaillons d'arrache-pied pour retrouver la voie du succès.

JA. A l'heure où on parle beaucoup d'alliance pour Chrysler, comment positionnez-vous votre stratégie de design sachant que vous ne connaissez pas encore l'identité de votre, ou vos éventuels partenaires ?
rv.g. Au style, nous ne pouvons pas nous embêter avec ça. Cela risquerait de générer de l'inertie ou trop de prudence. Or nous devons retrouver le chemin du succès ce qui s'accommode mal de compromis.

JA. Quand on analyse le style de vos trois marques, on perçoit bien le positionnement de Dodge et de Jeep, mais celui de Chrysler apparaît plus incertain. Quelle voie allez-vous choisir pour affirmer l'identité de Chrysler et renforcer les filiations dans la gamme ?
rv.g. La marque Chrysler est la plus internationale du groupe et aussi la plus luxueuse, même s'il s'agit de luxe abordable. C'est un ADN à respecter. Par rapport au fond de votre question, la 200 C constitue une première réponse. C'est un exercice pour trouver un look Chrysler pouvant nous amener plus loin. Parallèlement, c'est une voiture de taille réduite, notamment par rapport à la 300 C, ce qui doit la rendre plus attirante pour plus de personnes et plus de marchés. En outre, ce modèle est capital car il comble un vide dans notre gamme et nous met en orbite pour conquérir une clientèle plus jeune.

JA. Quelles étaient les grandes lignes du cahier des charges de ce modèle ?
rv.g. Comme je l'indiquais, il s'agissait de définir un modèle en dessous de la 300 C, sans renier certains gènes de luxe et de sportivité. Nous voulions aussi repenser le véhicule électrique pour qu'il reste attrayant et ne sombre pas sur l'écueil de l'utilité politiquement correcte. Dans l'habitacle, nous avons franchi un pas, en n'hésitant pas à faire des choix futuristes, en travaillant beaucoup sur la connectivité au sens large. Les nouvelles technologies nous permettent de mettre à jour un véhicule et de le faire évoluer au cours de son cycle de vie, alors qu'avant, on avait sa radio et on la gardait pendant dix ans ! Par ailleurs, l'une des idées directrices de toutes les équipes de Chrysler aujourd'hui est d'offrir plus de choses que la concurrence, tout en maîtrisant nos coûts et nos prix clients.

JA. L'émergence de nouvelles technologies va-t-elle avoir un impact direct sur l'architecture des véhicules et donc sur votre métier ?
rv.g. Oui, car la motorisation, la propulsion électrique en l'occurrence, est très sensible au niveau des problématiques d'aérodynamique et de masse. Donc, on va vers beaucoup plus d'efficacité et au plan aérodynamique par exemple, il faut être vigilant sur la taille des roues. A nous d'inventer de nouvelles expressions stylistiques pour que les modèles soient encore très typés. Les choses changent et les perspectives sont multiples, mais tout est affaire de timing : ce serait une erreur de choisir des voies de style radicales car cela ferait peur aux clients. Il faut donc avancer progressivement dans ce nouveau domaine. La 200 C en est une bonne illustration : traditionnelle dans ses volumes et ses lignes et futuriste dans de nombreux détails. Avec une propulsion électrique, on pouvait se passer d'un capot aussi long, mais il faut penser au client et aux codes qu'il a encore à l'esprit.

JA. Chrysler évolue sur de nombreux marchés dans le monde. Quel est aujourd'hui votre marché prioritaire ?
rv.g. Les Etats-Unis ! C'est un marché que nous devons reconquérir. Bien entendu, nous sommes attentifs aux demandes spécifiques des autres marchés, mais sous l'angle du style, nous voulons conserver notre identité américaine. En Europe, ce sera d'ailleurs la clé de notre succès.

JA. Quelle est la spécificité de la sensibilité stylistique des américains aujourd'hui ?
rv.g. Quoi qu'on dise, ils continuent à aimer les véhicules imposants et sexy. Et il ne faut jamais perdre de vue qu'ils veulent des véhicules qui paraissent plus chers que leur prix.

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