Les ZFE, c’est vraiment fini ?

À un cheveu d'être maintenues, les zones à faibles émissions (ZFE) vont finalement cesser d'exister. L’Assemblée nationale a mis fin au dispositif le mardi 17 juin 2025. Ainsi, 275 députés ont voté en faveur de l’adoption du projet de loi de simplification qui inclut la suppression des ZFE contre 252. Cela correspond à l’ensemble des groupes RN, DR, Horizons, MoDem et Liot.
Comme le précise le média Contexte, le groupe Ensemble pour la République s’est retrouvé divisé lors du vote. Quatorze députés du groupe se sont abstenus et huit ont voté en faveur du projet de loi. "La santé publique et la lutte contre le dérèglement climatique et les pollutions ne devraient pas être les variables d’ajustement de calculs politiques à la petite semaine", a condamné amèrement la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher à nos confrères de Contexte.
Toutefois, il reste encore l’option du passage sur le billot du Conseil constitutionnel pour le gouvernement. La décision provoque l'ire de la gauche et des écologistes. "Supprimer la ZFE, c’est faire mourir les plus pauvres, pas les protéger" a fustigé David Belliard, adjoint écologiste à la mairie de Paris en charge des transports, auprès du journal 20 Minutes.
Ailleurs en Europe, les ZFE sont acceptées
Comme le détaille l’AFP, dans les grandes villes européennes, les ZFE ont le vent en poupe. 320 zones de ce type étaient actives en Europe en 2022, soit 40 % de plus qu'en 2019, selon une étude du cercle de réflexion Transport & Environment, qui en projetait environ 500 pour fin 2025. À titre d’exemple, à Milan, le dispositif a été le fruit d’un référendum approuvé en 2011, pérennisé en 2013.
La zone prévoit le paiement d'un péage de 7,5 euros par jour pour accéder à la zone contrôlée par télécaméras (prix réduit à 3 euros/jour pour les résidents) aux véhicules polluants. Le trafic journalier a baissé globalement de plus d'un tiers et la pollution a chuté de près de 90 % pour les particules fines PM10 (entre 2010 et 2021) d'après la municipalité.
Pionnière dans le domaine, la capitale suédoise Stockholm a mis en place sa ZFE en 1996 et, aujourd'hui, seuls les poids lourds répondant à la norme Euro 6 peuvent y circuler. Un rapport du cercle de réflexion Institute for European Environmental Policy (IEEP), citant des chiffres de la municipalité, fait état d'une forte baisse de la pollution par particules fines à la suite de cette interdiction (-40 %).
Londres possède la plus vaste ZFE d’Europe
Londres détient aujourd’hui la plus grande ZFE d’Europe. La ville a d'abord connu un péage routier, installé en 2003, pour limiter l'accès au centre historique et y réduire les embouteillages (15 livres sterling par jour, soit 18 euros). À cette mesure s'est superposée, en 2021, la mise en place d'une zone à faible émission pour les bus et camions dans tout le Grand Londres (ticket d'entrée de 100 à 300 livres par jour pour ces véhicules ne respectant pas une norme plancher, généralement Diesel Euro 6).
La mesure a été doublée en 2023 par l'instauration dans ce même Grand Londres d'une zone à très faible émission pour les véhicules de tourisme (ticket d'entrée quotidien de 12,5 livres pour les voitures ne respectant pas la norme Euro 4 pour l'essence et Euro 6 pour les diesel). Les contrevenants risquent une amende de 160 livres et les critiques ont été très nombreuses, au moins au début, à l'encontre du maire de Londres, Sadiq Khan.
Mais la zone qui couvre neuf millions d'habitants et une superficie de 1 500 kilomètres carrés a vu sa qualité de l'air progresser : une étude diffusée par la municipalité de Londres a évalué à 31 % la baisse des émissions de particules très fines (PM 2,5) par les véhicules en 2024. (Avec AFP)
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