La filière du rétrofit déçue par le décret relatif au bonus
Le décret relatif aux aides à l’achat ou à la location de véhicules peu polluants comporte un volet sur le rétrofit. Ou plutôt une ligne discrète, coincée au milieu d'une série d'annonces. Le décret ouvre dorénavant la prime aux voitures et aux camionnettes thermiques ayant fait l'objet d'une transformation en véhicule hybride rechargeable. En parallèle, le dispositif déjà en place est reconduit, à l'exception de la prime de rétrofit électrique des utilitaires qui se trouve réduite de 1 000 euros.
Pour rappel, le 26 avril 2023, le gouvernement lançait un plan d’action national, encadrant l’aspect réglementaire de la pratique et renforçant les aides à l’obtention d’un modèle converti à l’électrique. S'ensuivait la publication de trois décrets en octobre 2023 visant à assouplir les réglementations et à simplifier les procédures d’homologation. Ainsi, depuis cette date, le rétrofit ne concernait plus uniquement la conversion d’un modèle thermique vers un véhicule électrique, mais aussi le rétrofit GNV, GPL, hybride et hybride rechargeable, ou encore le rétrofit hydrogène thermique.
Un décret décevant
Cette nouveauté réglementaire a eu l’effet d’un pétard mouillé pour certains professionnels du rétrofit. En 2023, une grande partie de la filière trouvait que le dispositif manquait d’ambition. Les représentants des acteurs du rétrofit, au sein de Mobilians, attendaient plus de clarté et de simplification, en particulier sur la question du revenu fiscal de référence pour l’éligibilité à la prime rétrofit.
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"Je suis plutôt déçu de la parution de ce décret et nous sommes une fois de plus dans des effets d’annonces. Derrière, il y a toute une filière qui investit dans les homologations et dans de la recherche, mais nous sommes tributaires de situations où nous attendons que la fumée blanche sorte. Mais quand elle sort, ça fait « pschitt » , se désole Stéphane Wimez, fondateur du 2cv Méhari Club de Cassis. Ils se sont retrouvés débordés par le leasing social et, en conséquence, ils ont raboté les autres dispositifs".
L’ouverture au rétrofit hybride rechargeable
Concernant l’ouverture des primes aux véhicules convertis à l’hybride rechargeable, là encore, pour l’ancien président de l’AIRe, l’association des acteurs du rétrofit, ce n’est pas convaincant. "La motorisation hybride avait été évacuée en 2020 par le gouvernement au moment de l’arrêté sur le rétrofit. L'État précise que les véhicules neufs hybrides rechargeables ne sont pas une solution, mais en parallèle, ils ouvrent la prime aux véhicules convertis à l’hybride, ce n’est pas cohérent", soulève-t-il.
Actuellement, seule une start-up clermontoise, Green Corp Konnection, propose un kit de conversion pour le rétrofit hybride rechargeable. Mais cette société est encore en cours d’homologation. "Au départ, il y avait plusieurs acteurs qui proposaient de la conversion en hybride rechargeable, mais la contrainte réglementaire les a poussés à arrêter leur projet ou à s’exporter en Allemagne, là où il y a un marché", précise Stéphane Wimez.
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Néanmoins, tous ne partagent pas le même avis que Stéphane Wimez. "Ce décret s’inscrit dans le cadre des arrêtés publiés en octobre et c’est un signe encourageant pour la filière. Il y a quatre ans, personne ne connaissait le rétrofit. Quand nous regardons le parcours législatif, il a été assez riche pour un jeune concept. De plus, le gouvernement nous a sollicités dans l’élaboration de la réglementation actuelle, ce qui est très positif. Nous ne pouvons pas parler de déception", affirme Wadie Maaninou, fondateur de Tolv, partenaire de Renault dans le rétrofit de véhicules utilitaires.
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