S'abonner

Bornes de recharge rapide : l'heure du paiement par carte bancaire a sonné

Publié le 9 avril 2024

Par Thomas Blanc
5 min de lecture
Dès le 13 avril 2024, les opérateurs de bornes de recharge pour voitures électriques devront obligatoirement proposer un terminal de paiement pour toute nouvelle infrastructure installée d'une puissance supérieure à 50 kW en France.
règlement européen afir borne de recharge véhicule électrique paiement carte bancaire
Cette réglementation (AFIR), adoptée par l’Union Européenne en 2023, vise à faciliter la recharge et à promouvoir une transparence d’utilisation et de prix. ©AdobeStock /Summit Art Creations

Il y a un domaine où les progrès de la voiture électrique semblent peu évidents, la facilité de la recharge en dehors du domicile.

 

Il y a en France environ une borne de recharge publique pour dix véhicules sur tout le territoire et cela continue de croître. Mais visiblement, des problématiques persistent. Pour les utilisateurs, le paiement de la recharge reste une source de confusion. Il leur faut s’assurer que la borne accepte leur moyen de paiement.

 

De nombreuses stations de recharge ne permettent que les paiements par carte de recharge ou par le biais d’une puce RFID intégrée à un badge. La carte bancaire n’est pas une option ou alors à quelques rares exceptions.

 

C'est ici qu'intervient l'Union européenne et son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030. Dans ce cadre, elle a donc pris en main le sujet de la recharge automobile dans son règlement Afir (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) adopté en juillet 2023.

 

La carte bancaire devient obligatoire

 

Les mesures contenues dans ce règlement européen commencent d'ores et déjà à se mettre en place. Parmi elles, il y a l'obligation pour les opérateurs de borne de recharge, à partir de 2024, d'offrir la possibilité de règlement par carte bancaire sur les nouvelles infrastructures de recharge de plus de 50 kW. Exit donc les badges opérateurs et les puces RFID empêchant la recharge à l'acte.

 

La France a décidé d'anticiper le calendrier. Lors de la transposition du droit européen dans le droit français, le pays s'est fixé samedi 13 avril 2024 pour échéance. Selon le dernier baromètre de l'Avere-France, ces bornes de recharge rapide sont au nombre de 18 091 et représentent 14 % du total des équipements publics dans l'Hexagone.

 

A lire aussi : Le groupe Chopard s'attaque au business des bornes de recharge

 

Les opérateurs ont pu prendre de l'avance et s'y sont préparés, à l'image de Powerdot, opérateur exploitant le plus de stations sur le territoire français. "Face à cette mutation d’usages et de publics, nous avons lancé des projets pilotes dans certains marchés européens. En Espagne par exemple, où nous avons commencé à installer des terminaux de paiement, nous voyons ce nouvel usage se dessiner petit à petit. Pour la Pologne, nous avons installé nos premiers terminaux de paiement en juillet 2023. En France, une trentaine de terminaux de paiement sont déjà installés, prêts à être mis en service le 13 avril ", explique Matthieu Dischamps, directeur général France de l'opérateur portugais.

 

Powerdot place cette action dans un cadre plus large, qui anticipe d'ailleurs sur la proposition de loi du député LIOT Jean-Louis Bricout qui transpose en partie la réglementation européenne, mais souhaite aussi la durcir.
"Ceci participe à un important travail que nous menons sur la transparence des prix et l’accessibilité en France et en Europe : suppression de la tarification supplémentaire à la minute, affichages du prix en kWh sur des totems ou sur les écrans des bornes, mise à jour de notre application web pour une meilleure estimation du coût total d’un plein et du temps de charge", raconte Matthieu Dischamps.

Un bénéfice pour les opérateurs de bornes

 

Pour Franck Abihssira, expert au sein du cabinet de conseil Emerton de la mobilité électrique, cette nouvelle obligation profitera aussi bien aux utilisateurs qu'aux opérateurs. "Les moyens de paiement propres aux opérateurs comme les applications ou les codes-barres offraient un parcours client très compliqué, d'autant plus pour les touristes en itinérance sur le territoire. Le but des opérateurs est d'avoir le plus de clients possibles, dans une destination aussi touristique que la France cela passe par la possibilité de payer par carte bancaire."

 

Il ajoute que "cela va dans le sens de l'histoire dans une société où plus de la moitié des actes de paiement se font à l'aide d'une carte bancaire. De plus, les bornes de plus de 50 kW sont celles que les opérateurs installent le plus ces derniers temps. Ces bornes sont des investissements importants pour les opérateurs, y ajouter un TPE ne représente pas un surcoût."

 

A lire aussi : Recharge de véhicules électriques : vers une nouvelle loi de transparence et de simplification

 

Sur le réseau autoroutier, lieu où les bornes de plus de 50 kW sont les plus nombreuses, ces dernières "disposent déjà souvent d'un terminal de paiement par carte bancaire, car les sociétés d'autoroutes l'imposent et les aides publiques étaient conditionnées à la présence d'un terminal de paiement, cela ne constituera donc pas un changement drastique sur ce secteur, le plus intéressant sera la prochaine étape", évoque Clément Molizon délégué général de l'Avere.

 

La prochaine étape prévue par le règlement Afir est d'obliger, d'ici 2027, les opérateurs a "rétrofité" leurs bornes de plus de 50 kW installées avant de 13 avril 2024 et les équiper à leur tour d'un TPE.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Laisser un commentaire

cross-circle