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Alors que les ZFE se durcissent, les associations ne décolèrent pas

Publié le 31 août 2022

Par Jean-Baptiste Kapela
5 min de lecture
A partir du 1er septembre 2022, Marseille (13) rejoint les métropoles ayant mis en place une zone à faibles émissions (ZFE). En parallèle, celles de Lyon (69), Rouen (76) et Toulouse (31) durciront leur réglementation. A mesure que le dispositif s’étend, les associations s’agacent.
Dès le 1er septembre 2022, la ZFE de Marseille sera mise en place et interdira la circulation les véhicules Crit'Air 5.

La conquête des métropoles françaises par les zones à faibles émissions (ZFE) continue, au grand dam de certains automobilistes. A partir du 1er septembre 2022, une nouvelle ZFE fera son apparition tandis que d’autres se renforceront. Une démarche qui va dans le sens de la loi Climat qui exige, pour les métropoles de plus de 150 000 habitants, la mise en place d'un calendrier de restriction de circulation avant le 31 décembre 2024.

 

Ainsi, pour les propriétaires marseillais de voiture classée Crit’Air 5, les vacances seront finies. Dès demain, la ZFE de la métropole Aix-Marseille-Provence verra le jour. Pour le moment, son périmètre ne dépassera pas le centre-ville. Les véhicules Crit’Air 5 auront donc l’interdiction de circuler et de stationner à l’intérieur de cette zone, au risque d’être sanctionnés par une amende forfaitaire, allant de 68 euros à 135 euros, en fonction de la catégorie du véhicule. A noter que cette réglementation est valable toute la semaine. Par ailleurs, des parking relais seront mis à disposition des automobilistes aux abords de la ZFE.

 

Des durcissements à Lyon, Rouen et Toulouse

 

A Lyon (69), Toulouse (31) et Rouen (76), les ZFE montent d’un cran leur réglementation. La capitale des Gaules était l’une des premières à avoir instauré une ZFE. Si les réglementations ne concernaient exclusivement que les poids lourds et les utilitaires, à partir du 1er septembre, les voitures seront concernées par les restrictions. Comme pour la cité phocéenne, les Crit’Air 5 sont désormais interdits à la circulation.

 

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Évolution similaire pour la ZFE de Rouen. Les PL et VU Crit’Air 4 et 5 vont être rejoints par les véhicules particuliers de même Crit’Air. Par ailleurs, elle devrait s’étendre sur douze communes supplémentaires. Côté Sud-Ouest, la ZFE toulousaine devient plus sévère. Les utilitaires et poids lourds Crit’Air 4 sont, à partir de demain, interdit à la circulation. Si vous êtes un automobiliste toulousain, ne souriez pas trop vite, puisque l’interdiction devrait s’étendre aux véhicules particuliers dès le 1er janvier 2023.

 

Des ZFE encore méconnues

 

Le nombre de ZFE est amené à croitre et pourtant, en juin 2021, 60 % des Français ont déclaré ignorer leur existence. "Depuis le début, personne n’a pris la peine d’officiellement expliquer le concept des ZFE aux automobilistes. Un an après le sondage, je pense qu’il n’y a pas eu d’amélioration, il y a un vrai déficit d’information et de pédagogie sur le sujet", s’agace Alexandra Lejeune, de la Ligue de Défense des Automobilistes. Elle ajoute : "Pour le moment le sujet des ZFE est encore un volcan qui gronde au loin, mais quand il explosera, il ne faudra pas s’étonner."

 

A lire aussi : ZFE : un véritable casse-tête social et politique

 

L’association n’est pas en faveur d’une suppression, mais plutôt d’une suspension des dispositifs. Selon elle, les restrictions risquent d’exclure les ménages les plus défavorisés qui n’auraient pas les moyens de s’acheter un véhicule bas carbone. "Ce que l’on demande depuis l’année dernière, c’est un moratoire afin de laisser le temps aux Français de s’adapter et d’avoir les moyens de répondre aux exigences des ZFE, sans mettre à mal leur budget, ni les exclure. En l’état, la rapidité des ZFE va empêcher une grande partie de la population française de circuler librement, et là, nous touchons à un droit constitutionnel", déplore Alexandra Lejeune.

 

Et ce ne sont pas les aides publiques qui apaisent l’association. "La métropole du Grand Paris est "la plus généreuse" pour obtenir des subventions. En additionnant toutes les subventions publiques possibles, le montant arrive aux alentours de 8 000 euros. Avec cette somme, c’est impossible d’acquérir un véhicule vertueux” poursuit la Ligue de Défense des Automobilistes.

 

Une "bombe sociale à retardement "

 

Même constat pour l’association 40 millions d’automobilistes. Cette dernière soulève un paradoxe. Elle précise que les véhicules interdits de circuler sont des véhicules qui ont passé avec succès le contrôle antipollution du contrôle technique. "Les Zones à faibles émissions répondent davantage de l'idéologie que du pragmatisme. Il n'y a rien d'écologique dans le fait de contraindre un automobiliste à changer son véhicule alors qu'il est parfaitement entretenu !", souligne Pierre Chasseray, délégué général de l'association.

 

Qualifiant les ZFE de "bombe social à retardement", 40 millions d’automobilistes redoute que les dispositifs entrainent des mouvements sociaux. "Comment l'Etat peut-il penser qu'en interdisant 58 % des véhicules de circuler, aucun mouvement social ne se déclenchera ? Les Zones à faibles émissions, ce sera les Gilets jaunes puissance 10 si Emmanuel Macron ne prend pas conscience rapidement de l'impact de cette mesure !", affirme Pierre Chasseray. L’association précise qu’elle travaille actuellement sur "une piste de solutions" et une "opération de mobilisation", pour les jours à venir.

 

A noter que pour le moment, les véhicules ne sont que peu sanctionnés par manque de matériel techniquement viable. 40 millions d’automobilistes rappelle que l’ancienne ministre de la Transition énergétique, Barbara Pompili, avait annoncé l’élaboration d’un système de verbalisation "radar". Alexandra Lejeune précise : "Il y a un vrai souci social qui se dessine, mais également une révolte, et tout va s’aggraver lorsque les Français commenceront à être verbalisés, sans qu’ils ne sachent pourquoi."

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