Sobriété énergétique : la France sera-t-elle au rendez-vous du zéro émission ?
Alors bonne ou mauvaise élève la France, en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de transition énergétique ? Selon les semaines et les rapports publiés, le bilan est comme le livret scolaire d’un élève, qui connait parfois des accidents de parcours : en progrès mais peut mieux faire, ou très insuffisant, doit se reprendre rapidement…
Prenons le verre à moitié plein : la France vient de recevoir un satisfecit de la part du World Economic Forum. Selon les résultats de son Energy transition index (ETI) annuel, l’Hexagone est la première grande économie du G20 devant l’Allemagne, les États-Unis ou le Royaume-Uni en termes de performances énergétiques. Elle pointe en 7e place sur 120 pays et n’est devancée que par les pays scandinaves, la Suisse et l’Islande, favorisés par leurs ressources hydroélectriques ou géothermiques (1).
Pour une fois que la France ne traîne pas en queue de peloton, comme c’est trop souvent le cas sur le niveau en mathématiques ou d’orthographe de ses jeunes élèves, mieux vaut savourer l’instant.
Dans le détail, la France pointe en 5e position pour l’efficacité de ses systèmes énergétiques (un classement dominé par la Suède) et en 9e position pour la préparation à une énergie plus verte (le leader étant le Danemark).
Ce bon résultat global, la France le doit avant tout à son mix-énergétique (avec une production électrique décarbonée à plus de 90 %), mais également à un parc automobile assez peu émetteur de gaz à effet de serre, car dominé par les petits modèles, en voie d’électrification et encore "diéselisé". Selon le dernier bilan de la PFA, les émissions de CO2 du marché automobile en juin s’élevaient à 94,9 g/km en moyenne.
Toutefois, comme pour tous les autres pays, le World Economic Forum constate que les efforts de la France ne sont sans doute pas à la hauteur des enjeux. L’organisation internationale rejoint à cet égard le dernier rapport du Haut conseil pour le climat (HCC), rendu public mi-juin, selon lequel la France n’a pas encore réussi à changer d’échelle dans ses ambitions.
En 2022, certes, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 2,7 %, un rythme qualifié d’insuffisant par le HCC. Selon ses experts, "pour atteindre les objectifs de 2030, il doit presque doubler". Tout en reconnaissant la réalité d’un certain nombre de progrès, le Haut conseil appelle à passer à la vitesse supérieure : "Nous avons dépassé la politique des petits pas mais nous ne sommes pas encore au pas de course !"…
L’opinion publique adhèrera-t-elle à ces incantations et répondra-elle présente ? L’avenir le dira, mais une enquête réalisée par Ipsos pour RTE (le réseau de transport d’électricité) montre que, si près de 8 Français sur 10 ont réduit leur consommation énergétique cet hiver pour des raisons financières, 2 sur 10 seulement l’ont fait pour lutter contre le réchauffement climatique (2).
Autre constat d’Ipsos, les Français sont disposés à mettre en place des écogestes dans leur vie quotidienne, mais sont nettement moins nombreux à se passer de leur voiture ou à vivre dans un logement plus petit au nom de la sobriété énergétique. Ce qui fait dire aux spécialistes de l’environnement qu’un jour ou l’autre, il faudra bien passer de "mesures incitatives basées sur la responsabilité morale des citoyens" à des "solutions structurelles", inscrites dans la durée. Le changement oui, mais pas trop vite, ni trop fort !
L’Arval Mobility Observatory
(1). https://www.weforum.org/reports/fostering-effective-energy-transition-2023
(2). En 2022, la sobriété énergétique a été davantage subie que structurelle. Le Monde 7 juin 2023.
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