Sébastien Fraysse, Mobilisights : “Nous permettons un gain opérationnel aux fleeters”
Le Journal des Flottes : Comment fonctionne Mobilisights ?
Sébastien Fraysse : Notre métier consiste à récupérer les données des véhicules des marques du groupe Stellantis, à les harmoniser et à les rendre exploitables. Nous les mettons à disposition de nos clients pour qu’ils puissent les intégrer en brut à leurs systèmes ou qu’ils les donnent à des solutions tierces qui les intègrent à leurs outils. Stellantis, ce sont quatorze marques, donc une multitude de hardwares, de softwares et de générations qui se croisent. Nous faisons le travail en amont pour mettre à disposition des données brutes, claires et exploitables.
JDF : Qui sont vos clients ?
S.F. : Nos data sont personnalisées. La personnalisation de ces data nous permet d’être très présents auprès des gestionnaires de flottes et des loueurs qui ont évidemment besoin de savoir où en est le kilométrage des véhicules, leur niveau d’essence, etc. De ces données peuvent dériver tout un tas de connaissances et d'analyses.
JDF : Que proposez-vous spécifiquement aux gestionnaires de flotte ?
S.F. : Notre activité de gestion de flotte a été construite pour combler un vide. C’est-à-dire qu'historiquement, les voitures n’étaient pas conçues de manière connectée. Les gestionnaires devaient acheter un boîtier qui venait de l’autre bout de la planète et il fallait immobiliser le véhicule pour l’installer. Le premier gap a été de s’affranchir de cette étape. Nous avons donc fait de la télématique pure et dure. Nous nous sommes fait la main là-dessus. Notre innovation maintenant, c’est de fournir un gain opérationnel et économique, puisque nous contournons le modèle historique. Le véhicule est nativement connecté, c’est un package qui vient avec le véhicule et Mobilisights en gère la data. La question du boîtier à installer pour le gestionnaire ne se pose plus, le véhicule a déjà cette capacité à communiquer. Notre rôle va donc être de les sensibiliser à cette option qui s’offre à eux. Nous leur permettons d’accéder aux informations qu’ils avaient déjà auparavant, mais plus simplement en apparence.
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JDF : Quels sont vos axes de développement pour 2024 ?
S.F. : Pour l'été 2024, nous préparons l’arrivée d’un deuxième univers de data que nous proposerons à nos clients. Des data anonymisées et agrégées où nous n’avons pas besoin de toutes les informations du style, qui conduit, la marque du véhicule, etc. Le but est de collecter des informations sur des masses. Un exemple simple, nous avons plusieurs centaines de véhicules à une vitesse anormalement faible sur tel tronçon de route, nous allons remonter aux clients qu’il y a sûrement un embouteillage en formation dans le secteur. Nous avons étudié plusieurs autres cas d’usage où cela serait utile. Des clients tapent déjà à notre porte pour ce genre de solutions. Ensuite, nous comptons simplement faire grossir notre écosystème de partenaires. Il est également envisagé pour la fin de l'année de se développer dans d’autres régions du monde. Le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Levant sont de gros marchés pour Stellantis, donc nous étudions les possibilités de développement là-bas.
JDF : En France, une question se pose sur la capacité du réseau électrique à résister lorsque le parc de voitures électriques sera plus large. En tant que principal vendeur de ces véhicules en France, les données de Stellantis permettent-elles aussi d'optimiser la recharge ?
S.F. : C’est un sujet incontournable qui mobilise en effet tout l'univers de la data. Quand nous prenons la chaîne de valeur et que nous remontons toutes les parties, d’EDF jusqu’au conducteur, il y a toute une succession d’acteurs avec des cas d’usage qui n’existaient pas avec les moteurs thermiques. Au sujet de la recharge, nous avons des discussions avec les fournisseurs d’énergie, avec des intermédiaires qui incitent par exemple à recharger à certaines heures plutôt que d'autres, grâce aux informations dont ils disposent. Ils mettent d'ailleurs en place des incitations monétaires pour cela. Les assureurs font aussi partie de nos clients pour pouvoir anticiper grâce à nos données les problèmes qui peuvent se produire sur les véhicules et mieux les assurer. Les garages utilisent aussi de la data pour se préparer au futur et faire face à la transition du parc automobile.
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JDF : Êtes-vous en mesure de diagnostiquer l’état de santé du véhicule ?
S.F. : Oui, et notamment celui de la batterie qui représente tout de même la majeure partie du prix d’un véhicule électrique. Nous avons beaucoup de données là-dessus. Toutes ces informations sont d’une grande utilité pour qui veut connaître la véritable santé du véhicule, en plus de l’historique des modifications, avant de l’acheter en seconde main. Elle sert aussi aux loueurs qui se basent sur la valeur future du véhicule pour en fixer le loyer. Aux prémices des véhicules électriques, l'hypothèse était qu’au bout de cinq ans, la batterie devenait un gros risque. La valeur du véhicule était donc basse. Cela a provoqué une inflation des loyers. Désormais, les retours sur la durée de vie des batteries sont bien meilleurs et nous avons une visibilité accrue sur l'état d'une voiture à l'instant t. Grâce à ces données-là, nous arrivons à mettre à jour des modèles, ce qui permet de rehausser la valeur résiduelle des véhicules. Toute la chaîne en bénéficie. Le vendeur lambda a la possibilité de mieux vendre son véhicule. Rassuré, l'acheteur lambda aura tendance à aller au bout du parcours d'achat. Quant aux loueurs, ils calculent les loyers en toute connaissance de cause.
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