Renault Mégane E-Tech Electric : révolution française
Renault s’est attaqué très tôt au sujet de l’électrique, sans doute trop selon certains de ses dirigeants. Mais la marque tire aujourd’hui de précieux enseignements de son aventure débutée en 2011 avec le Kangoo et densifiée en 2012 avec la Zoe.
Maintenant que les plâtres ont été essuyés, l’objectif est de passer à la seconde phase du plan : l’électrification de masse. D’ici 2030, le catalogue se composera uniquement de propositions 100 % électriques en Europe. La marge de progression est certaine avec 96 000 véhicules électriques écoulés en 2021, soit 8,2 % des volumes mondiaux de la marque.
La Mégane E-Tech Electric incarne cette bascule dans un monde où l’électrique sera la norme. Un modèle stratégique à plus d’un titre. La berline arrive sur le segment le plus disputé en Europe, le C, avec en conséquence des exigences de volumes élevées, que Renault se garde toutefois bien de révéler. Mais plus largement, elle livre la première séquence du nouvel ADN stylistique, technique et technologique de Renault. En d’autres termes, pas de droit à l’erreur.
Plateforme CMF-EV
Cette Mégane nouvelle génération – le modèle actuel restera au catalogue encore deux ans en versions thermiques et hybrides rechargeables – repose sur la plateforme CMF-EV développée avec l’allié Nissan, qui de son côté est parti de cette base pour développer le SUV Ariya. D’ici 2030, ce sont pas moins de 15 modèles de l’Alliance qui reposeront sur cette plateforme, pour un volume attendu de 1,5 million de voitures produites par an à cet horizon. Des modèles Alpine, Infiniti et Mitsubishi seront également concernés.
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Cette plateforme modulaire permet de multiplier les propositions avec des versions à un ou deux moteurs électriques, mais aussi de varier les tailles de batteries ainsi que le format et la longueur des véhicules. En attendant un prochain modèle qui affichera 600 km d’autonomie, Renault a donc décidé de débuter avec la Mégane E-Tech.
Compacte mais spacieuse
Le premier élément qui frappe à l’approche du véhicule est son format de poche, avec une longueur de 4,20 m éloignée des standards d’un segment C où la norme se situe plutôt entre 4,30 et 4,40 m. Mais la réponse de Renault est toute trouvée. La Mégane E-Tech Electric bénéficie d’un empattement très long, de 2,68 m, repoussant les roues aux quatre coins, d’où des porte-à-faux limités à 800 mm à l’avant et 715 mm à l’arrière.
Cet agencement se fait au bénéfice direct de l’habitabilité. Les places arrière se montrent plutôt accueillantes, même pour les passagers de plus d’1,80 m, une aisance renforcée par l’absence de tunnel central. Quant au volume de coffre, il atteint 440 litres, soit 40 en plus que la Mégane actuelle.
Mais au-delà des mensurations, ce sont toutes les innovations techniques et technologiques qui font le sel de ce véhicule. Renault se vante d’ailleurs d’avoir déposé près de 300 brevets à son sujet. Un exemple, celui de la batterie. Celle-ci est logée dans le soubassement avec la principale caractéristique de ne mesurer de 11 cm de haut, soit 2 à 3 cm de moins que la concurrence, ce qui permet d’abaisser la hauteur du véhicule (1,50 m). Les ingénieurs de Renault ont travaillé sur ce point avec LG qui produit ces fameuses batteries en Pologne.
Deux capacités de batteries
Toujours au sujet de la batterie, deux capacités sont au programme : 40 kWh et 60 kWh. Dans le premier cas, l’autonomie atteint 300 km. Les clients peuvent ici faire le plein, selon les versions, via des bornes allant de 7 à 22 kW en courant alternatif et jusqu’à 85 kW en courant continu (versions Standard Charge AC7 ou Boost Charge AC22 + DC85). La seconde proposition, que Renault destine surtout aux flottes, délivre 470 km d’autonomie et accepte la charge rapide jusqu’à 130 kW (versions Super Charge AC7 + DC130 ou Optimum Charge AC22 + DC 130).
Renault se félicite au passage de l’arrivée du Mobilize Charge Pass offrant l’accès à 260 000 points de charge publics en Europe, dont 96 % du parc installé en France. Le réseau Ionity sera intégré à compter de l’été 2022.
Restons dans la technique avec les différentes combinaisons batteries/motorisations. La gamme débute avec un moteur de 130 ch associé à la batterie de 40 kW. Vient ensuite le combo batterie 60 kWh et moteur de 130 ch offrant la meilleure autonomie, et donc le meilleur profil pour les clients professionnels. Renault propose enfin de coupler la batterie de 60 kWh à un moteur de 220 ch avec une autonomie affichée de 450 km.
Récupération d'énergie
Seule cette dernière formule était à disposition lors de notre essai. Les 220 ch apportent évidemment leur lot de vitamines avec un 0 à 100 km/h en 7,4 secondes et des reprises ultra franches. La consommation s’avère toutefois modérée, même au regard de notre parcours sur routes sinueuses et escarpées, avec un niveau assez proche de l’homologation à 16,1 kWh/100 km.
L’idéal est de jouer en permanence avec les 4 modes de récupération d’énergies via les palettes situées derrière le volant. Un emplacement astucieux qui rappelle évidemment les palettes de changement de vitesses de certains voitures thermiques. En l’occurrence, le bon dosage permet de limiter la consommation et réduit considérablement le recours à la pédale de frein.
Cette quête de sobriété n’interdit pas d’exploiter le potentiel de la Mégane E-Tech Electric. Il serait d’ailleurs dommage de ne pas en profiter tant la berline s’avère efficace, au-delà des chiffres bruts d’homologation, avec une direction très directe et ultra précise et une tenue de cap de haut niveau qui tient en partie à son centre de gravité assez bas. L’insonorisation n’est pas en reste avec ce que Renault appelle le "Cocoon Effet Technology", un nouveau procédé d’isolation, réduisant le bruit à bord de 30 % par rapport à la Zoe.
Univers Google
Sur le plan technologique, la Mégane E-Tech Electric est à la page avec 26 aides à la conduite peu invasives (peu de bips sonores) et surtout deux écrans, l’un horizontal de 12,3 pouces faisant office de combiné d’instruments et de réplication du GPS, l’autre vertical de 12 pouces permettant de gérer la plupart des fonctions du véhicules et intégrant surtout les outils Google (Maps, Assistant, Google Play). Les détenteurs de smartphones fonctionnant sous Android ne seront pas dépaysés.
Le planificateur de trajet compte parmi les fonctionnalités les plus appréciables dans la mesure où il indique toutes les bornes et leurs caractéristiques (puissance, temps de charge nécessaire…) tout au long du parcours. On relève aussi que la qualité des écrans et la rapidité d’exécution sont au rendez-vous, un domaine où les modèles Renault ne brillaient guère jusqu’à présent.
Renault égrène tous ces équipements au fur et à mesure de la montée en gamme. Les tarifs débutent, hors bonus, à 35 200 euros en version EV40 Standard Charge de 130 ch en finition Equilibre pour atteindre 51 400 euros en version EV60 Optimum Charge de 220 ch en finition Iconic. Vient se glisser entre ces deux extrêmes une finition Business EV60 de 130 ch.
En concessions au printemps
Disponible à la commande depuis fin 2021 dans 5 pays, la Mégane E-Tech Electric arrivera dans les concessions à compter d’avril/mai 2022. Renault ne souhaite pas communiquer à ce stade sur le niveau de la demande. Les ambitions sont malgré tout fortes, notamment sur le marché des flottes qui représente la majorité des ventes sur le segment C. Seront principalement ciblés les "users/choosers", autrement dit les collaborateurs ayant la possibilité de choisir leur véhicule, une population peu touchée par la marque.
L’un des premiers arguments de vente, tant pour les pros que les particuliers, sera la fabrication française du véhicule. La Mégane E-Tech Electric est assemblée dans l’usine de Douai (59), au cœur du pôle ElectriCity. La marque au losange va également proposer divers services afin de rassurer les clients, par exemple avec un devis chiffré d’installation d’une borne à domicile le jour de la conclusion de la vente. Le service Switch Car permettant de souscrire à quelques jours de location d’un véhicule thermique sera également mis en avant.
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