Recharge électrique : halte aux tarifications opaques
S’il est un sujet "épidermique au possible" pour l’opinion publique en France, c’est bien celui du prix des carburants. Que les tarifs flambent en raison d’un évènement international et c’est le branle-bas de combat dans les ministères et jusqu’au plus haut sommet de l’État pour trouver la solution susceptible de faire baisser la pression et le mécontentement des automobilistes.
Il y a quelques mois seulement, au gré d’un énième coup de fièvre sur les prix, sous la pression du gouvernement, TotalEnergies s’est ainsi engagé à maintenir ses prix inchangés à 1,99 euro le litre sur l’ensemble de son réseau jusqu’à la fin de l’année prochaine. L’exécutif n’a en revanche pas pu obtenir des géants des grandes surfaces qu’ils vendent à perte les carburants, véritables produits d’appel pour eux. La pression est retombée depuis, et les étiquettes se sont assagies. Mais l’alerte n’est jamais loin.
Si les prix des carburants, et par voie de conséquence, ceux du baril du pétrole, sont surveillés comme le lait sur le feu, il n’en est pas encore de même pour les tarifs de recharge des véhicules électriques. Mais pour combien de temps ?
À en croire la dernière étude de l’association UFC Que Choisir, il y aurait pourtant bien à redire sur le maquis des tarifs de recharge, la multiplicité des acteurs et l’absence de règles. L’association de défense des consommateurs n’y va pas par quatre chemins dans son rapport d’une vingtaine de pages : "opacité du système de tarification", "fixation des prix de recharge répondant à des critères opaques, voire abracadabrantesques", "prix de l’électricité excessivement variables, voire prohibitifs". N’en jetez plus.
On voudrait "casser" une filière qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Les automobilistes sont dans l’incapacité de comparer les tarifs des opérateurs et doivent composer avec des prix qui font le grand écart. "Dans notre relevé, des écarts de plus de 830 % sur une borne de faible puissance, de plus de 380 % sur une borne de moyenne puissance et de plus de 190 % sur une borne ultrarapide sont constatés entre le prix le plus avantageux et le plus élevé, soit entre deux opérateurs de mobilité", explique par exemple l’UFC Que Choisir.
Les malheureux adeptes de l’électrique s’arrachent aussi les cheveux avec les formules tarifaires alambiquées et variables des opérateurs qui empêchent toute comparaison : selon les acteurs de la recharge, le prix dépendra de frais fixes, de frais à la minute, de frais de stationnement ou de la quantité d’énergie rechargée, "tout cela dans des proportions très variables". "Comment un consommateur peut-il savoir si le prix d’une recharge est plus intéressant en s’abonnant à un opérateur qui tarifie à 73 % au kilowattheure (kWh) et 27 % à la minute ou à un autre qui tarifie à 51 % au kWh et 49 % à la minute ? Et comment reprocher aux consommateurs de ne même pas se poser la question quand un opérateur fixe le prix selon la formule : "5 % de frais fixes +65 % kWh +30 % à la minute + frais de stationnement à partir de 2h" ? ! ", s’insurge le rapport de l’association.
Au volant de leur Tesla ou de leur Dacia Spring, ces "early adopters" soucieux de l’avenir de la planète vont finir par regretter les stations-services et leurs bons vieux panneaux d’affichage des prix de l’essence. "Les opérateurs (électriques) semblent profiter de l’absence d’affichage des prix et de la nécessité de recourir à une carte de recharge d’un opérateur pour appliquer des marges injustifiées", conclut l’UFC Que Choisir.
À trop tirer sur la corde, elle rompt, dit un proverbe. L’urgence climatique ne peut autoriser tous les excès, sauf à tromper les consommateurs. En leur temps, les "gilets jaunes" s’étaient insurgés contre la hausse des carburants ; ils pourraient bien repartir en guerre contre la valse des prix de la recharge des batteries, d’autant plus que, d'ici à quelques années, ils n’auront théoriquement plus d’autre choix de motorisation.
L’Arval Mobility Observatory
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