Qui demain pourra acheter un véhicule neuf ?
Au 1er janvier 2023, en apparence, il n’y a pas eu de "big-bang" sur le front de la fiscalité automobile. La baisse des bonus pour acheter et soutenir le marché était actée depuis longtemps par des lois de Finances antérieures (même si la dernière baisse avait été retardée de six mois et reportée de juillet 2022 à janvier 2023). Quant au durcissement du malus, il reste désormais ancré dans la vie des automobilistes depuis de nombreuses années.
A y regarder de plus près toutefois, les évolutions fiscales ne sont pas si neutres que cela, notamment pour les entreprises, qui contribuaient historiquement (si l’on excepte le millésime 2022) à la bonne santé du marché automobile tricolore. Grosses pourvoyeuses de commandes d’hybrides rechargeables pour leurs collaborateurs, elles ne bénéficient plus du bonus de 1 000 euros qui subsistait pour acheter cette motorisation. Même chose pour les VP électriques dont le prix de vente dépasse 47 000 euros ; on les prive désormais de tout bonus (alors qu’initialement ils devaient conserver un montant de 1 000 euros). Enfin, les véhicules utilitaires électriques voient leur bonus à l’achat et à la location rognés de 1 000 euros.
Alors que la transition écologique est la priorité des entreprises et que celle-ci passe largement par l’électrification de leurs flottes automobiles, la baisse des bonus électriques peut être considérée comme un mauvais signal. Le segment du 100 % électrique est loin d’être encore mature, avec une part de marché qui n’excède pas au global (VP + VUL) 7,5 % à fin 2022.
Acheter malgré la baisse des aides ?
D’autant que cette baisse des aides se double de la disparition de certains dispositifs concernant les bornes de recharge. Or, on sait combien le maillage du territoire en stations de recharge rapide est une des conditions du développement de l’écosystème électrique. Jusqu’alors les primes Advenir, gérées par l’organisme de promotion du véhicule électrique, l’Avere France, permettaient aux entreprises d’équiper leurs parkings privés et ceux de leurs collaborateurs à leur domicile. Ce dispositif a disparu au 1er janvier 2023, avec là encore, le risque de donner un coup d’arrêt aux investissements des entreprises dans le tout électrique.
Donner de la visibilité aux entreprises, du temps pour conduire le changement et surtout, garantir une certaine pérennité des dispositifs fiscaux est une demande de longue date formulée par les décideurs. A la lecture du paquet fiscal décidé pour 2023, on voit que la route est encore longue dans ce domaine.
Le marché automobile aurait pourtant tout intérêt à ce que les entreprises reviennent sur le devant de la scène. Avec la hausse continue des prix de vente des voitures, liée à l’envolée des coûts des matières premières ou encore au poids de la technologie dans les habitacles qui, demain, pourra continuer à acheter une voiture neuve ?
Pas sûr que ce soit les ménages, pour lesquels l’âge moyen d’acquisition d’un véhicule neuf dépasse largement la cinquantaine. Les entreprises, en revanche, font du véhicule de fonction un des éléments de leur package salarial. Elles s’engagent dans la durée avec les loueurs longue durée ou les captives des constructeurs, via des formules de location avec services, et deviennent de facto fidélisées par ces dispositifs. Le marché du véhicule d’entreprise vient de signer sa troisième année consécutive de baisse en France. Pour l’avenir et le rebond de la filière automobile, formulons le vœu que ce soit la dernière.
L’Arval Mobility Observatory
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