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Pourquoi la transition écologique reste une urgence absolue ?

Publié le 5 mai 2022

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - En dépit de l'urgence climatique, certains pays continuent à privilégier les énergies fossiles, à commencer par le charbon. Un nouveau rapport prévient des catastrophes qui se profilent si rien ne change.

Depuis plusieurs semaines, la crise géopolitique internationale met l’accent sur l’urgence pour tous les pays européens à trouver des substituts à leur dépendance énergétique vis à vis de la Russie. Dans le même temps le réchauffement climatique, avec ses manifestations chaque jour plus concrètes et violentes sous forme de tornades, inondations et autres incendies, oblige les gouvernements à engager dans les meilleurs délais des actions d’envergure pour espérer contenir la hausse des températures.

 

Sur le terrain, l’atteinte de ces deux objectifs ne va pourtant pas de soi, et peut même s’avérer contradictoire. Décider de se passer du gaz ou du pétrole russe ne peut se réaliser en un claquement de doigts. La transition énergétique (avec ou sans la crise russe) n’était d’ailleurs envisageable que sur le moyen terme, compte tenu des délais d’investissements et de montée en puissance des projets.

 

Il reste que la crise énergétique actuelle se traduit par une renaissance de l’une des énergies les plus polluantes de la planète, le charbon. Le dernier rapport du Global Energy Monitor publié fin avril, est éloquent : malgré son bilan très négatif, 34 pays différents comptent encore des projets de construction ou d'extension de centrales électriques au charbon sur leur territoire, avec une prédominance en Chine.

 

Alors bien sûr, on peut se consoler en lisant dans ce rapport qu’au sein de l’OCDE, 86 % des pays n’ont actuellement plus aucun nouveau projet de charbon en cours ; ou encore que sur les 2 400 centrales à charbon en activité, seulement 170 "ne sont pas concernées par une date d'arrêt progressif ou un objectif de neutralité carbone". Le fait est que, réchauffement climatique ou pas, la consommation de charbon a progressé de 6 % en 2021 et devrait encore croître cette année.

 

En outre, la Chine s’affranchit des règles environnementales internationales. Selon le Global Energy Monitor, la Chine "a continué d'être l'exception criante au déclin actuel des centrales en développement". Elle compte, à elle seule, quasiment autant de projets d'ouvertures que le reste de la planète compte de projets de fermetures…

 

La bonne santé du charbon illustre les limites de la transition énergétique, qui s’écrit rarement sur le court terme et qui devrait plutôt se concevoir comme la cohabitation de différentes sources d’énergie (les anciennes et les nouvelles).

 

Le rapport des chercheurs du Center for Global Health Science and Security de l'université américaine Georgetown, qui doit être publié ce jeudi dans la prestigieuse revue "Nature" peut-il faire les bouger les lignes ? A voir. Ce que les meilleurs scénarios de science-fiction n’ont jamais osé imaginer, ce rapport pourtant, le fait…et le dit : "au cours des cinquante prochaines années, le réchauffement va amener des milliers de virus à passer d'une espèce de mammifère à l'autre. Avec à la clé, un futur "réseau" de virus qui prendra de l'ampleur à mesure que la Terre se réchauffe. Au moins 15 000 transmissions virales entre espèces pourraient avoir lieu d'ici à 2070", ont expliqué les chercheurs dans le Figaro (1).

 

Le message est clair : nous devrons nous habituer à vivre avec des épisodes de pandémies à répétition. "Il faut préparer nos systèmes de santé à l'émergence de maladies", conclut le rapport en forme d’avertissement.

 

Il y a moins d’un an, en août 2021, l’ancien Commissaire au Plan, Jean Pisani-Ferry, prévenait dans une note qui avait fait grand bruit à l’époque, que "la transition écologique serait brutale, bien plus que l’on imaginait" (2). Il ne croyait sans doute pas si bien dire.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

  1. "Le réchauffement climatique va multiplier les pandémies" par Muryel Jacque, Les Echos, 2 mai 2022
  2. "La transition écologique va être brutale, bien plus que l'on imaginait", par Pierre-Henri Girard-Claudon, Les Echos, 24 août 2021
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