S'abonner

Mobilité et immobilier : ça bouge

Publié le 6 mai 2021

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Avec la crise sanitaire, les citadins ont eu des envies d’ailleurs, de plus d’espace. Un phénomène qui pourrait se poursuivre bien au-delà avec le déploiement des zones à faibles émissions dans les grandes métropoles.
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Avec la crise sanitaire, les citadins ont eu des envies d’ailleurs, de plus d’espace. Un phénomène qui pourrait se poursuivre bien au-delà avec le déploiement des zones à faibles émissions dans les grandes métropoles.

 

Cette semaine, les spécialistes de l’immobilier ont retrouvé le sourire. Pourquoi ? Parce que les prix des logements ont ébauché une (très) timide reprise à Paris sur le mois d’avril ! Une inversion de tendance et une première depuis huit mois, selon le réseau "Meilleurs Agents", pour qui les prix de vente dans la capitale ont progressé de + 0,3 % (1). C’est un peu le monde à l’envers : des professionnels qui se frottent les mains quand les prix augmentent dans la capitale, alors qu’ils étaient les premiers à tirer la sonnette d’alarme avant la crise sanitaire, lorsque les compteurs passaient le cap des 10 000 euros le m2, boutant du coup hors de ce marché des ménages insuffisamment argentés.

 

Oui mais voilà, la Covid-19 et sa kyrielle de conséquences ont fortement "chahuté" l’aura de Paris. Des semaines de confinement dans des appartements exigus ont donné à nombre de familles, aidées en cela par la généralisation du télétravail, des envies d’ailleurs, faites de jardins, de nature, de plus grands volumes. Résultat : les prix de l’immobilier dans les villes moyennes comme Limoges, La Rochelle ou encore Le Havre ont flambé, tandis que Paris et les grandes métropoles ont, à l’inverse, fait les frais d’une sorte d’effet "repoussoir". En Ile-de-France, huit ventes sur dix en moyenne sont localisées hors de la capitale, et trois sur dix concernent des maisons, expliquaient les notaires du Grand Paris, en février 2021, lors de leur conférence annuelle. 

 

Alors bien sûr, les défenseurs du "bien vivre à Paris" ont beau jeu de mettre en avant les kilomètres de pistes réservées aux vélos dans la plus belle ville du monde, sanctuarisés même par le projet de "RER vélo" de la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. Ou encore le maillage de transports en commun qu’offrira le Grand Paris, une fois achevé.

 

Mais dans le même temps, le déploiement du calendrier de la "zone à faibles émissions" (ZFE) dans la capitale et autour, à l’intérieur de l’A86, avec son avalanche d’interdictions des véhicules Crit’Air les plus anciens, n’augure rien de bon pour les automobilistes. Idem, à terme en 2025, dans les 35 villes de plus de 150 000 habitants, qui auront droit au même régime en vertu de la loi Climat et Résilience qui vient d’être votée en première lecture par l’Assemblée nationale. Cet arsenal que d’aucuns qualifient de "punitif" ou susceptible de "créer un délit de pauvreté" (2), pourrait bien accélérer les délocalisations familiales.

 

Certains maires n’entendent d’ailleurs pas se faire imposer un calendrier trop restrictif et pénalisant pour leurs concitoyens. L’Eurométropole de Strasbourg, pourtant fortement teintée d’écologie, a dû assouplir le fonctionnement de la ZFE. Parmi les propositions retenues, celle de repousser au 1er janvier 2028 l’interdiction de tous les véhicules qui n'affichent pas une pastille Crit’Air 0 ou 1. Quant à la municipalité d'Illkirch, elle organise le 27 juin un référendum pour demander aux habitants s'ils souhaitent que les véhicules pourvus d'une pastille Crit’Air 2 soient bannis de l'Eurométropole.

 

En attendant de savoir si Paris et sa périphérie vont renouer durablement avec des prix de l’immobilier à la hausse, signe que la pandémie n’aura pas laissé trop de traces indélébiles et que le télétravail n’aura pas profondément modifié la carte de la demande, le problème de la circulation dans la capitale reste entier. C’est en cela que l’annonce de quatre poids-lourds de la mobilité (BlaBlaCar, Mobilize (groupe Renault), la RATP et Uber) contre l’autosolisme en Île-de-France, est tout à fait inédite. Inviter un millier de Franciliens à renoncer à rouler seuls dans leur véhicule pendant 10 mois, devrait marquer les esprits et faire des émules. Surtout si, à terme, cela débouche sur des amicales d’ex-Parisiens partis télétravailler en province… A défaut d’être seuls dans leur voiture, le resteront-ils dans cette expérience ?

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). « Immobilier : les prix parisiens repartent à la hausse » par Marie-Christine Sonkin. Les Echos, 3 mai 2021.

(2). Les ZFE risquent de créer un "délit de pauvreté", s’inquiète la Ligue de défense des conducteurs. Autoactu.com, 5 mai 2021.

 

Partager :

Laisser un commentaire

cross-circle