Métavers, une tendance passagère ou vraiment durable ?
Si l’on en croit les prévisions du cabinet Mc Kinsey, dévoilées en juin dernier lors de la dernière grand-messe de VivaTech, à l’horizon 2030, le métavers pourrait générer entre 4 000 et 5 000 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB du Japon. "Le potentiel socio-économique du métavers s’avère vaste, allant de l'engagement des collaborateurs à l'expérience client, en passant par les ventes et le marketing omnicanal, l'innovation produit ou encore la création de communautés", estiment les auteurs de l’étude, qui ont interrogé 3 100 consommateurs finaux et quelque 350 dirigeants d’entreprise dans le monde entier.
Toujours selon la même étude, près de six consommateurs sur dix disent préférer, pour au moins l’une de leurs activités, la mener plutôt dans le monde immersif que physique. De même, 57 % des entreprises déploient aujourd’hui des initiatives dans le métavers, tandis que pour un quart des dirigeants, "le métavers génèrera au moins 15 % du chiffre d’affaires de leur entreprise dans cinq ans".
Renault mise en tout cas sur ce nouveau concept de réalité virtuelle pour optimiser son outil industriel. Il vient de présenter dans son usine de Flins dans les Yvelines, un projet de métavers industriel qu’il n’hésite pas à qualifier de "première mondiale". Pour faire simple, les usines du constructeur automobile ont toutes un double numérique, avec plus d’un milliard de données remontées quotidiennement dans un cloud européen (Voir le JA du 27 octobre 2022). Un projet qui pourrait déboucher sur plus d’un milliard d’euros d’économies dans les coûts de fabrication ou encore la gestion des stocks. Selon le constructeur automobile, toutes les activités (dans l’amont comme dans l’aval) peuvent être concernées de près ou de loin par le métavers. Un monde virtuel sans frontières donc, ni limites.
Sauf peut-être celle de l’argent…. Dans un article "à charge", le journal Les Echos n’hésite pas à poser la question qui fâche : "Le métavers peut-il passer l’hiver ?" (1).
"En un an, tout le monde a entendu parler de métavers, mais peu savent bien le définir, surtout, très peu le fréquentent et, pire, encore moins le désirent", écrit le quotidien économique pour qui, le "buzzword mis sous les feux de la rampe par Mark Zuckerberg (NDLR, patron de Facebook/Meta) ne serait déjà plus bankable ? »
La guerre en Ukraine, l’explosion de l’inflation, la fin de l’argent "facile" et l’effondrement du marché des NFT (Non-Fungible Token qui servent de monnaie d’échange), partie pourtant intégrante de l’architecture du métavers, ont probablement mis un coup d’arrêt à ce phénomène avec lequel se sont déjà engouffrées des marques célèbres de la mode, de la grande distribution ou encore de l’entertainment. Entre juillet et septembre, le volume global des NFT a atteint 1,7 milliard de dollars, contre 10 milliards de dollars au premier trimestre. Depuis janvier 2022, ce marché s’est même effondré de 97 %, rappelle Le Figaro (2).
Le politique viendra-t-il au secours de cette nouvelle économie ? Paris a ouvert près du centre Pompidou un lieu entièrement consacré aux NFT, tandis que le gouvernement vient de recevoir, de la part de deux chercheurs et d’un avocat, le "premier rapport exploratoire sur le Métavers".
Objectifs de ce rapport ? "Donner des clés de compréhension pour clarifier le débat, saisir les opportunités émergentes, mieux appréhender les risques posés par les métavers et rassembler les acteurs français autour d’un horizon commun". Une dizaine de propositions d’actions sont présentées par les auteurs, avec en ligne de mire, l’exceptionnelle vitrine médiatique offerte par les JO de Paris 2024. Se hâter lentement en quelque sorte.
L’Arval Mobility Observatory
(1). Le métavers peut-il passer l'hiver ? | Les Echos, Thomas Pontiroli, 29 octobre 2022.
(2). Après la «folie NFT», le marché revient à la raison (lefigaro.fr), Ingrid Vergara, 18 octobre 2022.
(3). Rapport-interministeriel-metavers.pdf (economie.gouv.fr) par Adrien Basdevant, Camille François et Rémi Ronfar. Octobre 2022.
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