LLD VO : une voie d'avenir
Économie circulaire, stratégie RSE, reconditionnement, seconde main… voici autant de termes et de concepts particulièrement en vogue, qui traduisent un changement progressif de logiciel de la société où la durabilité et la responsabilité environnementale prennent une place centrale. Certains produits sont plus en vue que d’autres dans ce mouvement, comme l’automobile.
Plus de 5 millions de transactions ont lieu tous les ans en France (6 millions en 2021, un record, et 5,2 millions en 2022), soit plus de deux fois le nombre de véhicules neufs mis à la route. Le marché du véhicule d'occasion a été particulièrement dynamique ces dernières années, pas seulement pour des raisons environnementales et par conviction.
Le rallongement des délais de fabrication et de livraison de véhicules neufs, un mal dont ont souffert et souffrent encore la quasi‑totalité des constructeurs, a constitué un puissant appel d’air. Le renchérissement des véhicules et la baisse des conditions de remise conjuguée à une forte inflation ont aussi poussé les acheteurs vers de la seconde main.
Les géants de la LLD prennent la main
Jusqu’à présent, cette démarche d’aller sur de l’occasion concernait principalement les particuliers. Mais depuis quelques mois, cette pratique suscite un intérêt croissant dans les entreprises, en témoigne l’émergence d’un nouveau produit : la location longue durée de véhicules d’occasion, plus communément appelée LLD VO.
Le fait que les grands noms du secteur se soient emparés du sujet témoigne de l’importance prise par ce dispositif. Arval, ALD, LeasePlan ou encore Leasys ont aujourd’hui une solution de LLD VO à leur catalogue. Des géants auxquels font face quelques pure players en mode start‑up, tels que Flease et Lizy (voir article ci-dessous).
Chez Arval, le sujet est à l’ordre du jour depuis l’année dernière avec l’offre Re‑Lease. Idem du côté d’ALD et de LeasePlan, respectivement avec les solutions simplement baptisées LLD VO Liberté et LLD VO. Les trois loueurs longue durée ont ainsi pris position sur ce nouveau créneau peu ou prou à la même époque, mais avec des produits aux contours légèrement différents.
Arval a fait le choix de déployer son offre à l’échelle européenne, dans 16 pays, dont la France. Caroline Lehericey, directrice du retail, introduit Arval Re‑Lease comme "une réponse pertinente à la pénurie de VN et à la nécessité environnementale de prolonger la durée de vie des véhicules, à un prix attractif".
Les modèles proposés via le site Arval AutoSelect, entre 600 et 700 unités, ont 10 000 km au compteur au minimum et sont à louer pour une durée de 24 mois avec un forfait de 20 000 à 60 000 km ou une durée de 36 mois avec un forfait de 30 000 à 75 000 km.
Au terme du contrat, les véhicules ne doivent pas excéder 120 000 km. "Il ne s’agit en aucun cas d’un produit low cost, assure Caroline Lehericey, dans la mesure où le Re‑Lease, tout comme un contrat de location longue durée classique, permet d’y associer différentes prestations comme : les pneumatiques, le véhicule relais en cas d’immobilisation du véhicule ou encore la perte financière." Une seule option est prévue avec l’assurance.
Plus de flexibilité chez ALD
L’offre LLD VO Liberté d’ALD Automotive se distingue sur plusieurs points. La filiale de la Société Générale a tout d’abord fait le choix d’établir une grille tarifaire unique selon la gamme des véhicules. "Nous avons adopté une logique de gamme, nos tarifs ne sont pas liés à la voiture. Ainsi, nous proposons un prix unique pour tous les véhicules d’une même catégorie, quel que soit leur kilométrage au compteur, car ce ne sont pas 5 000 km ou quelques mois d’ancienneté d’écart qui vont changer la donne", présente Pascal Vitantonio, directeur de la stratégie et du développement d’ALD Automotive.
Un autre élément distinctif est le forfait maintenance et assistance pour 1 euro supplémentaire par mois. Il n’existe pas d’autres options.
Les véhicules sont systématiquement proposés pour une durée de location de 3 ans, avec 10 000, 20 000 ou 30 000 km par an, sachant qu’il n’y a pas de premier loyer majoré et que les clients peuvent résilier leur contrat sans frais à l’issue du premier anniversaire.
Une flexibilité unique sur le marché. Tous les véhicules disponibles à la location, entre 400 et 500 généralement, sont exposés sur le site ALD Carmarket.
LeasePlan offre, pour sa part, des contrats allant de 12 à 36 mois et de 10 000 à 30 000 km par an. Cyril Châtelet, directeur commercial et marketing France, précise que "l’entretien, l’assistance, la perte financière sont systématiquement intégrés, que des options comme les pneumatiques, l’assurance et le véhicule de remplacement sont proposées et qu’un apport est possible". Le dirigeant ajoute que la durée et le kilométrage peuvent être adaptés en cours de contrat.
À la différence d’ALD et d’Arval, LeasePlan n’expose pas encore ses véhicules disponibles sur un site Internet. Lors du lancement du dispositif, le loueur disposait de 150 unités en stock environ. Ce volume a depuis été augmenté.
Disponibilité immédiate
Mais au‑delà de ces spécificités commerciales, les loueurs se rejoignent sur plusieurs points clés. Tout d’abord, sur la profondeur de gamme proposée. Leur objectif est de couvrir toutes les demandes et donc de disposer à la fois de voitures particulières, avec toutes leurs déclinaisons et leurs formats, et de véhicules utilitaires légers. "Tous les véhicules que nous proposons sont récents avec des vignettes Crit’Air 0, 1 ou 2, souligne Pascal Vitantonio pour ALD Automotive. Nous avons progressivement ouvert notre offre à tout type de véhicules, VP et VUL, en versions thermiques, hybrides ou électriques."
Le choix n’est évidemment pas aussi vaste que pour des véhicules neufs, mais l’objectif est que chaque client trouve un modèle adapté à ses besoins du moment. Il est d’ailleurs plus avisé ici de raisonner en termes de catégories. "Chez Arval, les véhicules des segments B, B‑SUV et C‑SUV sont les plus demandés", révèle Caroline Lehericey.
Un autre point commun, qui explique en grande partie la montée en puissance de la LLD VO, est la disponibilité quasi immédiate des produits. "Nous sommes dans la capacité de livrer les véhicules entre 2 et 3 semaines et ce, partout en France", indique Cyril Châtelet.
Il en va de même chez Arval et ALD Automotive, qui évoquent des délais inférieurs à un mois. Les entreprises dans l’urgence trouvent ici une solution de repli intéressante. D’autant plus que tous les véhicules proposés bénéficient d’un reconditionnement, tant esthétique que mécanique. "Nous avons 90 points de contrôle, informe la directrice du retail d’Arval France. Ce sont des véhicules qui appartiennent à Arval, que nous connaissons donc très bien, que nous avons suivi notamment au niveau de la maintenance lors du premier contrat."
Les TPE et PME en première ligne
Les entreprises clientes de cette formule LLD VO sont essentiellement des professions libérales, des TPE et des PME. La majorité des demandes sont unitaires, même s’il arrive que quelques commandes portant sur plusieurs véhicules soient passées.
Pour les grands comptes, c’est une autre histoire, même si tous les loueurs interrogés espèrent bien s’y attaquer. "Nous y travaillons, assure Pascal Vitantonio, mais cela ouvre tout de suite des sujets comme l’impact sur la car policy et la cohérence de gamme, sur la politique RH… Quelques adaptations du produit seront peut‑être nécessaires."
Proposer des voitures d’occasion aux salariés est, dans tous les cas, un élément qui peut s’avérer clivant. "Mais les mentalités sont en train de changer, les entreprises sont de plus en plus dans une logique opportuniste, où la priorité est de répondre à des besoins. Le caractère statutaire de la voiture est un peu en train de s’estomper, le sujet du VO est en tout cas beaucoup plus acceptable que cela ne l’aurait été hier", poursuit le directeur de la stratégie et du développement d’ALD. Pour Cyril Châtelet, la LLD VO est aussi "un moyen de proposer un véhicule plus équipé et de catégorie supérieure à laquelle vous n’auriez pas accès en temps normal".
Ce qui nous amène à la question du prix. Tous s’accordent à dire que louer un véhicule d’occasion coûte entre 15 et 25 % moins cher que louer un véhicule neuf. Le loyer est moindre, mais il faut également prendre en compte la fiscalité plus légère, tant au niveau des amortissements non déductibles que des avantages en nature.
Tous les arguments mis bout à bout font que la LLD VO monte en puissance. Caroline Lehericey en apporte pour preuve le fait que "la LLD VO représente désormais 30 % des ventes sur le segment retail d’Arval France, la dynamique est très forte".
Un succès similaire chez ALD Automotive et LeasePlan qui est appelé à s’amplifier dans le temps. "Nous sommes sur une tendance de fond, où les entreprises recherchent de la flexibilité et du rapport qualité‑prix, quelles que soient les circonstances économiques, note Pascal Vitantonio. La LLD VO dispose d’une marge de progression très importante, il y a encore beaucoup de clients à conquérir." Un produit d’avenir en somme.
Lizy, l’outsider venu de Belgique
Sam Heymans et Vincent Castus, deux jeunes entrepreneurs belges, font figure de pionniers de la location longue durée de véhicules d’occasion. Leur entreprise, Lizy, a vu le jour en 2018, bien avant l’entrée en lice des mastodontes de la LLD. Et surtout avant la crise qui allait mettre en lumière leur service.
Depuis quelques mois, la société a des envies d’internationalisation. La première étape de cette offensive n’est autre que la France. Pour cela, Lizy a réalisé un tour de table de 40 millions d’euros. Des fonds levés auprès de plusieurs investisseurs, dont D’Ieteren Automotive, principal distributeur du groupe Volkswagen en Belgique.
"Nous avons déjà signé plusieurs dizaines de contrats de leasing dans l’Hexagone, tout se passe bien, se félicite Sam Heymans, qui endosse le rôle de PDG. Nous sommes néanmoins dans une phase d’apprentissage du marché, nous apprenons à connaître les clients et leurs attentes afin d’offrir un service de qualité." Quelques nuances ont été identifiées avec le marché belge, ce qui a nécessité un temps d’adaptation.
Mais l’ambition reste toujours la même : "devenir le leader européen dans le leasing numérique de véhicules d’occasion", martèle le dirigeant. Lizy vise le top en matière de satisfaction client avec une offre 100 % digitale. De la demande de devis au choix du modèle et de sa motorisation, en passant par la signature du contrat, tout se déroule en ligne. L’objectif est ensuite que le client reçoive sa voiture sous trois semaines, voire moins.
Lizy compte environ 700 véhicules disponibles sur sa plateforme. Une fois que le client a opéré son choix et signé son contrat, la start‑up belge achète le véhicule auprès du partenaire qui le détient. En France, les modèles exposés sur le site émanent de trois groupes de distribution et l’objectif est d’en recruter davantage.
Lizy en compte 15 en Belgique, mais de taille plus modeste. Les véhicules sont généralement âgés de 1 ou 2 ans, donc avec des kilométrages faibles. Ce qui permet à l’entreprise de proposer un premier contrat allant de 1 à 5 ans, puis idéalement un second.
L’offre de location s’accompagne des services classiques de la LLD, avec l’assurance, l’assistance routière, l’entretien, les pneumatiques et le bris de glace. L’avantage de cette formule reste inévitablement le prix. Sam Heymans assure que ses offres sont "jusqu’à 20 % moins chères" que des contrats de LLD de véhicules neufs. "Notre solution est avantageuse sinon les clients ne viendraient pas chez nous", souligne‑t‑il.
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