L'impact de l'autopartage reste mineur en France selon l'Ademe
A la veille de l'événement qui rassemblera l'ensemble de l'écosystème, à l'appel de la Mairie de Paris, l'étude publiée par l'Ademe, le 8 novembre 2022 (voir ici), ne manquera pas de faire réagir les acteurs de l'autopartage en France. Cette mise à jour de l'enquête réalisée depuis plusieurs années tire un bilan mitigé de la pratique sur notre territoire national.
"Les vertus environnementales démontrées par l’autopartage en boucle ne se traduisent pas à date par un impact significatif au niveau national en raison du faible volume que représentent ces services", expliquent notamment les analystes dans le document de synthèse. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont étudié trois formats, l'autopartage en trace directe (free-floating, dans le jargon), en boucle fermée et la solution connectée de Getaround.
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Pour les analystes, "la concrétisation d’un réel impact de l’autopartage au niveau national nécessiterait une multiplication par cent du volume de véhicules en autopartage". En effet, à ce jour, la mise en fonction de services d'autopartage n'a permis le remplacement que de 53 000 véhicules sur un total de 38,3 millions, n'a libéré que 10 000 places de parking sur un volume de 580 000 et a évité 53 millions de kilomètres parcourus quand les Français en roulent 639 milliards par an. La question porte donc maintenant sur la méthode à adopter pour donner plus d'ampleur.
Pour Simon Baldeyrou, le PDG de Getaround en Europe, la balle est dans le camp des pouvoirs publics. Il leur appartient, par des campagnes de communication, d'aider à faire connaître les services que bien souvent ils déploient sur leur territoire dans le cadre de la loi d'orientation mobilité. Un avis qu'il partage en qualité de plateforme présente à travers le pays, soit en propre, soit en coopération avec les mairies.
Un service (trop ?) masculin
Menée auprès de 2 000 utilisateurs abonnés, l'enquête conduite par le cabinet 6t pour le compte de l'Ademe a permis de dresser un portrait-robot des Français ayant sauté le pas. Dans le cas d'un système de partage en boucle, 55 % des utilisateurs sont des hommes, à 86 % ils vivent dans une ville de plus de 200 000 habitants et 58,4 % ont a minima un bac +5 (79,9 % sont en activité professionnelle). 73,8 % ne possèdent pas de véhicule. Un profil similaire à celui observé en 2019.
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Les entreprises de free-floating attirent des hommes à 68,2 %. Par nature, ils vivent davantage en région parisienne où les services de ce type sont plus nombreux (45,9 %). Actifs à 63,6 %, ils sont aussi moins diplômés que les utilisateurs d'autopartage en boucle (54,1 % de bac + 5 minimum). 58,7 % d'entre eux ont renoncé à la voiture. A noter que très peu d'opérateurs ont accepté de répondre à l'enquête en 2022.
Chez Getaround Connect, les hommes représentent une part de 68,5 % des utilisateurs de ce système de location en boucle. A 69,4 %, ils vivent en région parisienne. Ils sont à la fois un peu plus diplômés (62 % de bac + 5 minimum) et bien plus actifs (89,5 %). 75,7 % d'entre eux ne possèdent pas de véhicule. Le rapport d'étude souligne qu'ils sont plus jeunes que les usagers de l'autopartage en boucle.
Des pratiques bien diverses
En pratique, en 2022, l'autopartage en boucle a représenté une moyenne de 2,8 locations par mois dont 64 % duraient moins de 4 heures et 35 % plus de 24 heures. La majorité (54 %) de ces sessions concernaient des trajets inférieurs à 50 km. Les distances dépassant 200 km ne pesaient que 17 %.
En comparaison, les utilisateurs de free-floating font appel au service 3,1 fois par mois en moyenne. 65 % des locations durent moins d'une heure et 66 % concernent des trajets de moins de 20 km. Le coût médian s'élevant alors à 10 euros. Avec 1,9 location par mois de moyenne, Getaround Connect joue sur un autre registre. D'ailleurs 69 % des locations durent plus de 24h et 51 % servent à parcourir plus de 200 km. Le prix médian de 100 euros laisse donc apparaître un usage proche de celui de la location courte durée classique.
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Pour un tiers des usagers (33,3 %), l'adhésion à l'autopartage en boucle correspond à une volonté de compléter les solutions de transport en commun quotidiennement utilisées. Relevons que pour 24,2 % des gens, il s'agit d'éviter les problèmes liés à l'entretien ou aux coûts que génèrent les véhicules personnels. La prise de conscience environnementale n'est citée que dans 15,4 % des cas. Ce qui livre très probablement un indice sur les axes de communication à exploiter pour convertir les conducteurs.
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