L’Europe du vélo bientôt sur les rails ?
Après les voitures électriques, les vélos. L’Europe s’intéresse de très près au développement des modes de transports verts et vient encore d’en donner la preuve. Alors que le Parlement a définitivement acté la semaine dernière la fin des véhicules thermiques en 2035, il pousse désormais les pays membres à favoriser la pratique du deux-roues. Dans une résolution adoptée le 16 février dernier, les députés de l’Union réclament pour tous une stratégie européenne en matière d’usage du vélo, afin de doubler le nombre de kilomètres parcourus à deux roues d’ici 2030.
Le parallèle avec la voiture électrique saute aux yeux. Au nom d’une forme de souveraineté nationale, il faut lever les freins à la pratique de cette mobilité douce : accroître les productions de vélos et de composants en Europe, renforcer la formation professionnelle, intensifier les investissements dans la construction de pistes cyclables (à l’image de ce qui se fait dans le véhicule électrique pour le réseau des bornes de recharge), installer des parkings sécurisés… En un mot, créer les conditions d’un véritable écosystème du deux-roues.
Le vélo est sorti grand gagnant de la crise sanitaire du Covid, avec une hausse de 34 % de son usage dans l’Hexagone entre 2019 et 2021 et de 8 % en 2022, selon les statistiques d’Eco-Compteur, un fabricant et concepteur européen de solutions de comptage des piétons et des cyclistes. Pour autant, un rapport sur le vélo avait mis en lumière en 2022 le retard de notre pays en matière d’infrastructures cyclables et de fabrications, avec à peine un quart des 2,69 millions de deux-roues vendus dans l'Hexagone garantis « Made in France ». Dans ses recommandations, l’auteur de ce rapport, le député du Val-de-Marne Guillaume Gouffier-Cha, préconisait (entre autres mesures) de rendre le forfait mobilités durables obligatoire et la TVA déductible pour l’achat de vélos afin de pousser le développement de la petite reine. Dans le cas des députés européens, ils encouragent les 27 pays de l’Union à réduire la TVA pour la vente, la location et la réparation de vélos. Une mesure qui permettrait, selon eux, de « doubler d’ici 2030 le nombre d’emplois dans un secteur qui en génère déjà un million ».
Côté infrastructures, la France rattrape lentement son retard. Selon une étude réalisée par l’application de géolocalisation des voies cyclables Geovélo, et dévoilée cette semaine dans Les Echos (1), on a installé quelque 2 638 km de voies cyclables en 2022 en France métropolitaine. Mais notre pays compte toujours environ 40 fois moins de pistes cyclables par habitant que l'Allemagne et 70 fois moins qu’aux Pays-Bas, rappelle l’application. Les JO 2024 à Paris pourraient à ce titre s'avérer un accélérateur pour la création de pistes cyclables, la Mairie de Paris ayant par exemple, décidé de relier tous les sites olympiques entre eux grâce à un réseau de 60 km « d’olympistes », dont la plus grande partie se verra pérennisée avec les compétitions.
Lorsque les différents freins à l’essor du vélo seront levés, avec une adhésion du public encore plus forte, il restera quand même à solutionner une ultime question, et non des moindres : celle de la sécurité. Les chiffres communiqués fin janvier par l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisir) soulignent en effet une hausse de 30 % des décès de cyclistes en 2022, par rapport à 2019 (244 tués) et de 13 % des accidents graves. Il donc temps de lancer le sprint pour réduire au plus vite cette sinistralité.
L’Arval Mobility Observatory
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