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Les mobilités partagées dans la cour des grands

Publié le 30 mars 2023

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – A quelques jours de la votation citoyenne à Paris sur l’avenir des trottinettes électriques en libre-service, une étude menée par Fluctuo tombe on ne peut mieux. Elle donne en effet la mesure de ce que représente, dans une centaine de grandes villes européennes, le secteur des mobilités partagées.
© Adobe Stock / Chan2545

Les chiffres proviennent de la start-up Fluctuo, spécialisée dans les données sur les mobilités partagées (trottinettes, vélos, scooters, voitures etc), dans laquelle la SNCF, soucieuse de déployer une stratégie multimodale, a pris une participation en janvier 2022.

 

Selon ce dernier baromètre, Fluctuo indique que 850 000 véhicules partagés (tous modèles confondus) sillonnaient fin 2022 les rues des villes européennes, soit 45 % de plus que fin 2021. Avec un total de 550 millions de trajets, les mobilités partagées ont généré un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros ! Loin d’être négligeable donc.

 

Les perspectives de ces nouvelles solutions de déplacement, très liées à la réduction des embouteillages, de la pollution et de la toute-puissance de la voiture particulière, sont aujourd’hui prometteuses. Fluctuo rappelle à ce titre qu’au cours de l’année dernière, pas moins de 200 nouvelles solutions de mobilités partagées sont entrées en service en Europe, signe de l’hyper activité de ce secteur.

 

Ce qui porte à plus de 750 leur nombre total (vélos en libre-service avec ou sans station, trottinettes et scooters électriques, autopartage avec ou sans station) dans les 100 villes étudiées. Autre signe de la montée en puissance de ce secteur, le périmètre de l’étude a singulièrement pris de l’ampleur, passant en une petite année de 33 à 100 villes étudiées.

 

La vie de ces opérateurs n’est pas pour autant un long fleuve tranquille. Les développements sont coûteux et gros consommateurs de capitaux. Or, après avoir coulé à flots depuis 2018, l’argent se fait plus rare (et cher) sous le triple impact de la crise sanitaire, de l’invasion en Ukraine et de la crise économique qui a en découlé.

 

"Malgré l’appétit manifeste pour ces nouveaux services de mobilité, l’avenir du secteur reste incertain", reconnait d’ailleurs la start-up, indiquant que sur la même année 2022, près de 93 services ont été interrompus ou purement et simplement arrêtés.

 

Signe de cette fébrilité, début 2023, l'opérateur d'autopartage Shaary installé à Marseille, Nice ou Strasbourg, n’a pas pu boucler une levée de fonds et a dû interrompre son service. Avant lui, les scooters électriques de Red Electrique avaient connu la même destinée.

 

Il faut compter aussi avec la réaction de certaines collectivités, tout à la fois séduites par ces nouvelles solutions qui décongestionnent leurs rues, mais également préoccupées par la sécurité de leurs administrés.

 

Pour revenir au cas de Paris avec les trottinettes électriques en libre-service, quel sera l’impact d’un éventuel refus des Parisiens sur l’équilibre financier des opérateurs impliqués Lime, Dot et autres Tier ? Devront-ils craindre un effet "boule de neige" dans d’autres grandes métropoles ?

 

Une plus grande intervention de la puissance publique et une réglementation plus sévère, sont sans doute le prix à payer par les nouvelles mobilités partagées pour prendre véritablement leur place dans le paysage. Car c’est aussi à cette condition que des investissements dans des pistes cyclables, zones de parkings dédiés et autres infrastructures sont mobilisés par les grandes agglomérations ou favorisés par les institutions européennes.  Une stratégie "gagnant-gagnant" en quelque sorte.

 

L’Arval Mobility Observatory

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