Les mobilités douces à l’heure du "retour à la vie normale"
A l’école ou au bureau, par exemple, élèves et salariés travaillent de nouveau largement en "présentiel", ce qui conduit à un redémarrage significatif des déplacements mais aussi, au grand "come-back" des... embouteillages ! Le JT de France 2 en a d’ailleurs fait l’un de ses grands titres la semaine dernière, images de périphériques bondés à l’appui ! Preuve que les Français avaient sans doute perdu l’habitude de ces longues heures passées derrière leur volant pour se rendre à leur travail.
Le "retour sur terre" pour les automobilistes est d’autant plus rude que nombre de salariés continuent de déserter les transports en commun pour se rendre à leur travail. Crainte de la Covid-19 toujours ? Pas seulement. Car, comme l’expliquait récemment Le Figaro, en raison de la baisse de fréquentation de leurs lignes, certains opérateurs de transport urbain n’hésitent plus à réduire la fréquence des liaisons (1). Résultat : de plus en plus de monde se retrouve sur les routes.
A l’heure où la voiture devient "persona non grata" dans les municipalités, que le couperet de Bruxelles est tombé cet été sur le devenir des motorisations thermiques et que l’avenir des déplacements passe de façon parfois incantatoire par les "mobilités douces et partagées", l’utilisation massive de la voiture, c’est un peu l’histoire de "l’arroseur arrosé".
Heureusement pour les "nouvelles mobilités", beaucoup de choses ont quand même changé dans les déplacements des Français depuis mars 2020. La Semaine Européenne de la Mobilité, qui démarre aujourd’hui (NDLR le 16 septembre) et jusqu’au 22 septembre, a donné lieu à la publication de nombreuses études sur les déplacements des Français, qui le prouvent.
En matière de déplacements domicile-école des élèves (soit 26 millions de trajets par jour), la voiture reste certes dominante avec 31 % de l’ensemble, selon Eco CO2, porteur du programme national d’écomobilité scolaire Moby, réalisé par l’Institut IFOP. Mais la marche à pied se hisse désormais sur la seconde marche du podium (à 28 %) et surtout progresse de 3 points en un an. Interrogés sur quels transports scolaires doivent être poussés par les pouvoirs publics, les parents mettent assez largement en avant les "mobilités actives" telles que le vélo, la marche ou la trottinette (55 %) face aux modes de déplacements traditionnels que sont le bus ou la voiture. (2)
Les "nouvelles mobilités" passent également par l’adoption des fameux engins de mobilité électrique qui couvrent, non seulement les VAE (vélos à assistance électrique), mais également les trottinettes. Là encore les mentalités et les usages changent. Selon Corepile, l’éco-organisme en charge de la collecte et du recyclage des piles et batteries portables usagées, le marché de la mobilité électrique a littéralement explosé l’année dernière, avec près de 1,3 million d’unités vendues. Un chiffre qui pourrait atteindre 2,5 millions d’unités en 2025. Toujours selon la même étude, près de 50 % des déplacements avec ces engins sont liés aux trajets qui relient le domicile au lieu de travail, signe qu’il ne s’agit de simples gadgets de loisirs. (3)
Ces évolutions sociologiques vers l’électromobilité sont bien réelles. Elles ne seront toutefois positives qu’à condition d’être pérennes dans le temps. Pour cela, il faudra encore et toujours faire sauter un certain nombre de verrous qui, aujourd’hui, ralentissent le mouvement. Pérennité des aides à l’achat, montée en puissance d’une véritable filière de recyclage des batteries usagées. Sans oublier, dans le cas de la voiture électrique, l’accès à un réseau de recharge suffisamment dense et efficace. La récente étude de l’ACEA sur les bons et les mauvais élèves européens en termes de bornes de recharge donne la mesure du chemin qui reste à parcourir, notamment pour la France.
L’Arval Mobility Observatory
- (1) Transport urbain: les collectivités commencent à restreindre l’offre, Le Figaro 7 septembre 2021. https://www.lefigaro.fr/societes/transport-urbain-les-collectivites-commencent-a-restreindre-l-offre-20210908
- (2) Sondage Eco CO2/IFOP sur les déplacements domicile-établissement scolaire. Etude menée du 15 au 22 juillet 2021 auprès d'un échantillon de 1003 parents ayant au moins un enfant scolarisé à l'école, au collège ou au lycée.
- (3) Étude menée par QualiQuanti pour Corepile – 1er semestre 2021. Échantillon de 620 propriétaires de vélos à assistance, trottinettes et autres engins électriques.
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