Les contrats d’achat d’électricité au secours des fluctuations du marché
Il n’y aura bientôt plus de bouclier énergétique pour contrer les effets de l’emballement des prix de l’énergie sur le pouvoir d’achat. D’après la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les prix de l’électricité auraient bondi de 35 % en 2022 et de 100 % en 2023 s’il n’y avait pas eu le dispositif protecteur du bouclier tarifaire. Mais son coût devenait intenable pour les finances publiques (de l’ordre de 110 milliards d’euros entre 2021 et 2023, selon les estimations gouvernementales).
Qui dit fin du bouclier ne dit pas pour autant que le prix de l’électricité n’est plus un sujet en France. Au contraire : une proposition de loi soutenue par les socialistes et la majorité gouvernementale devrait être adoptée jeudi 29 février 2024 par l’Assemblée nationale pour permettre aux entreprises de moins de dix salariés de bénéficier d’un tarif réglementé et donc, de voir une baisse de leur facture d’énergie.
Il y a quelques jours, le ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie, Roland Lescure, a insisté auprès de la direction d’EDF pour que des contrats de long terme soient signés dans les meilleurs délais avec les gros industriels (ceux que l’on appelle les électro-intensifs). Objectif de ce dispositif : sécuriser les revenus d’EDF et prévenir les industriels contre de fortes et brutales hausses de tarifs. Il y a un an, les industriels auraient signé "des deux mains" ce genre d’accords de long terme, alors qu’ils étaient étranglés par les coûts hors sol de l’énergie. Aujourd’hui en revanche, la chute des prix de gros incite les mêmes entreprises à jouer la montre, car les cours de l’électricité ont tendance à passer sous le coût de production du nucléaire (soit la barre de 60 euros le MWh).
Ces contrats de long terme, qui portent sur des durées de dix à quinze ans, pourraient s’apparenter aux contrats de type PPA (Power purchase agreement), avec des avances versées par les clients pour réserver et sécuriser des portions de production d’énergie (nucléaire ou renouvelable selon les cas). À en croire les prévisions rendues publiques la semaine dernière par le site market.us, le marché mondial des PPA est promis à une très forte croissance dans les dix prochaines années, à la faveur de l’explosion des énergies renouvelables : près de 32 % par an d’ici 2033, pour atteindre quelque 444,3 milliards de dollars, contre 28,3 milliards l’année dernière (1).
Pour les opérateurs de l’hydrogène, tels que la jeune société spécialisée dans l’hydrogène vert Lhyfe, les PPA peuvent constituer un véritable accélérateur. Le français Lhyfe a ainsi démarré la construction d’une usine d'hydrogène vert dans le nord de l’Allemagne, dans la zone portuaire de Brake. Elle sera, à terme, en mesure de produire jusqu'à 1 150 tonnes d'hydrogène vert par an. L'électricité sera issue de parcs éoliens et photovoltaïques situés dans le pays, dans le cadre de ces contrats d'achat d'électricité (PPA) conclus en direct avec des producteurs. L’hydrogène aura vocation à alimenter diverses applications liées à l’industrie et à la mobilité dans toute la région.
Avec ou sans bouclier tarifaire, il est clair que les prix de l’électricité seront dans le futur le nerf de la guerre des industriels, des artisans, des commerçants, sans oublier les ménages. Aux énergéticiens de permettre que ses usages incontournables se fassent au meilleur coût.
L’Arval Mobility Observatory
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.