L’employeur, acteur clé à l’heure du développement des mobilités durables

Le télétravail demeure ancré dans les pratiques des entreprises, même si certaines sont tentées de sonner le rappel pour que leurs salariés reviennent plus régulièrement sur site, au nom du lien social et de la productivité. En Ile-de-France, une enquête réalisée par le Forum Vies Mobiles affirme qu’un peu moins d’un Francilien sur deux (46 %) travaille à distance, ce qui représente 2,8 millions d’actifs. (1).

Le télétravail s’est installé dans le quotidien des Franciliens de façon pérenne, touchant tous les profils sociaux ; il n’est plus réservé aux seuls cadres et aux indépendants. Si ces derniers sont davantage représentés dans les populations de télétravailleurs (plus de 60 %), on y trouve aussi des employés, voire même des ouvriers, à hauteur de 21 %. Il est vrai que, à la faveur du télétravail, les entreprises ont souvent réduit leurs surfaces de bureaux pendant la crise sanitaire, et qu’elles n’entendent pas revenir en arrière. Il faut donc gérer le roulement des équipes sur moins de m2, avec pour conséquence que les salariés passent en moyenne moins de trois jours par semaine sur leur lieu de travail.

Difficile toutefois d’extrapoler ces résultats à l’échelle nationale, compte tenu des spécificités du travail en Ile-de-France (taille des entreprises, temps de déplacements…). A cet égard, une enquête Harris Interactive réalisée dans le cadre de l’Observatoire du pouvoir d’achat Edenred avec le think tank Terra Nova nous apprend que plus de la moitié des salariés interrogés (55 %) se rendent sur leur lieu de travail au moins 5 fois par semaine…

Si les habitudes de travail ont quand même bel et bien évolué, qu’en est-il des déplacements professionnels quotidiens de ces mêmes actifs ? Le vélo a-t-il durablement survécu à la fin des confinements et au retour à la vie "normale" ? Selon l’étude du Forum Vie Mobiles, 13 % des Franciliens utilisent un deux roues quand ils se rendent sur leur lieu de travail, tandis que 33 % y ont recours pour leurs déplacements lorsqu’ils travaillent depuis chez eux. Dans l’enquête Harris Interactive, le vélo représente 10 % des usages contre 65 % pour la voiture personnelle ou 27 % pour les transports en commun. Malgré tout, la part des modes de transport durables progresse et concerne désormais un salarié sur dix.

Le poids encore très (trop) élevé de la voiture personnelle dans les trajets domicile-travail explique en grande partie la montée des préoccupations financières des salariés. Ils évaluent à 150 euros par mois les dépenses consacrées à leurs déplacements. Dans les milieux ruraux, où le recours à la voiture est plus important faute de transports en commun, les habitants sont plus nombreux à déclarer un montant supérieur.

C’est là qu’intervient l’entreprise : celle-ci est souvent citée comme devant aider financièrement ses salariés pour leurs déplacements. Huit salariés sur dix interrogés par Harris Interactive estiment qu’il est du rôle de l’employeur de les aider financièrement dans leurs dépenses de trajets. Le baromètre Viavoice (2) réalisé il y a quelques mois pour l’Arval Mobility Observatory pointait déjà ce rôle moteur de l’entreprise (mis en avant par 60 % des salariés interrogés).

C’est donc sans doute aussi de l’entreprise (et non du seul politique) que viendront les initiatives en matière de mobilités plurielles et durables, via notamment des applications dédiées : 76 % des salariés interrogés par Edenred et utilisant exclusivement leur voiture personnelle, pourraient ainsi être incités à utiliser des mobilités durables en cas d’aide financière de leur employeur.

L’Arval Mobility Observatory 

(1). Enquête du Forum Vies Mobiles réalisée par l’ObSoCo en décembre 2022 auprès d’un échantillon total de 9 057 personnes représentatif de la population active de France métropolitaine âgée de 18 à 64 ans dont 1 000 "télétravailleurs franciliens".

(2). https://mobility-observatory.arval.fr/etude-viavoice-2023-les-nouvelles-mobilites-en-entreprise