Le plan d'Ada pour poursuivre l'autopartage sans Renault
Ada ne tournera pas le dos à l'autopartage. Après l'annonce du retrait de Renault de Moov'in Paris, le 25 février 2020, le loueur, qui était son partenaire de programme, a pris la décision de continuer par ses propres moyens. De fait, le 12 mars, le service d'autopartage en libre-accès et sans station deviendra officiellement Ada Paris. Ce qui signera définitivement la fin de l'offre commercialisée par Renault et Ada depuis octobre 2018 dans les rues de la capitale.
"Nous tirons un bilan satisfaisant de la période, soutient le directeur général délégué d'Ada, Panayotis Staïcos, cela a été une expérience formidable en termes d'apprentissage d'un nouveau métier. Nous avons accru notre connaissance de la mobilité partagée et si l'on fait fi des lourds investissements de départ, le système peut être rentable", retient-il de l'année écoulée. Les litiges ont été peu nombreux et l'accidentologie en-dessous des prévisions des assureurs. Une base saine pour construire ce nouveau futur dessiné par la filiale du groupe Rousselet.
Place à la location en boucle
Cependant, Ada ne va pas continuer sur le même format. Exit l'autopartage en free-floating, le loueur se rapproche de son cœur de métier en adoptant un modèle économique de location en boucle fermée. Ce qui convient davantage à la direction de l'entreprise depuis que l'accès aux anciennes stations Autolib leur a été interdit par les nouvelles dispositions de la Mairie de Paris qui a lancé Mobilib. Un bouleversement qui a eu pour effet notoire d'augmenter la durée des sessions. Les clients sont montés en moyenne à 50 minutes par location, car ils ne trouvaient plus aussi facilement de place de stationnement, rapporte en substance le directeur général délégué.
"Moov'in Paris rendait service aux parisiens dans leur besoin de mobilité et leur désir de réduire la congestion, note Panayotis Staïcos, mais en vérité, ils sont à la recherche de solutions pour quitter la ville". Quand Renault investit plus largement sur le créneau de la location inférieure à 4 heures avec Zity, Ada prend le contre-pied et proposera des formules d'une durée d'une heure minimum. En fréquence d'utilisation, le loueur se rapproche ainsi de ce qu'il maitrise, car les clients de la location en boucle partent en moyenne 1,5 à 2 jours par session, contre 3 à 3,5 jours en location classique. Bien loin des 50 minutes du free-floating précédemment mentionnés.
Kia en négociation
Ada Paris va recourir aux stations Mobilib obtenues lors de l'appel d'offres de 2019. Mais pas seulement, puisque le loueur va inclure aussi ses agences de la zone et les emplacements sous contrat d'exploitation dans les parkings souterrains, dont ceux de quatre grandes gares parisiennes. Au total, Ada disposera de 200 places pour son service d'autopartage en boucle. De quoi accueillir une flotte de 300 véhicules, en considérant les effets de rotation. "Nous pourrions monter à 500 véhicules à fin 2020 et à terme nous tablons sur un périmètre de 600 à 700 véhicules", confie Panayotis Staïcos.
Les négociations ont donc commencé avec Renault pour savoir ce que vont devenir les 500 Zoe de Moov'in Paris. Cette flotte devrait être revendue en très grande partie, voire en intégralité, pense le directeur général délégué, confirmant les propos tenus chez le constructeur il y a quelques jours. Ada veut se constituer une gamme de véhicules dotés de petits moteurs thermiques sobres, de véhicules hybrides et de VE à grande autonomie, or les Zoe de l'ancien système ne sont plus à la pointe de la performance. En loueur avisé, il va donc procéder à un renouvellement quasi complet et certaines marques pourraient profiter de l'opportunité. "Nous avons évalué des Kia e-Soul, e-Niro et Niro Hybride, en début d'année, rapporte Panayotis Staïcos. Nous avons obtenu de bons résultats et avançons dans les négociations".
Partout en France
Contrairement à ce que son nom laisse croire, Ada Paris ne sera pas limité à Paris. L'application associée permettra, en effet, de louer des véhicules dans toute la France sur le même principe. On se souvient que Christophe Plonevez, le directeur général d'Ada, révélait l'an passé à la même période son ambition de conquérir le territoire national avec une offre d'autopartage. Un produit qui a pris forme, confirme Panayotis Staïcos, et qui s'adapte à toutes les tailles de communes. "Nous avons installé un service de quatre voitures en station, dans une ville de 6 800 habitants", raconte-t-il. Deux hybrides et deux électriques se sont intégrées dans leur quotidien.
Les contacts ont été pris avec des municipalités. Une fois les élections passées, les projets reprendront. Ada souhaite implanter des stations dans 150 communes françaises, avant la fin d'année 2020. L'enseigne aux 1 100 agences hexagonales fait donc le pari ambitieux de devenir le référent national dans le domaine, entrant alors en concurrence avec Ucar2Share qui partage cette aspiration. Ce qui pourrait expliquer la scission avec Renault, dont le modèle économique porte sur une internationalisation d'un service de très courte durée à proposer aux très grandes villes mondiales.
Les distributeurs automobiles prennent-ils position ? Pour mémoire, Antoine Contardo, le président du groupe Vista Automobiles, à Reims, a signé un accord avec Ada pour devenir l'opérateur de la station de la gare de l'Est, considérant que ses clients locaux ont besoin d'un service à la descente du TGV. "Des concessionnaires se manifestent pour nous rejoindre car ils comprennent que leur métier se transforme. Ils sont les bienvenus, mais nous laissons la priorité à nos partenaires et franchisés", tempère Panayotis Staïcos, qui salue la collaboration avec le concessionnaire rémois.